En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La Visitation
Roger Van der Weyden, 1399/1400-1464 La Visitation, vers 1445, Leipzig, Museum del Bildenden Künste
Roger Van der Weyden
Roger Van der Weyden est un peintre primitif flamand du 15e siècle.
La Visitation, le long voyage de Marie
Dans ce tableau Weyden s’attache à retranscrire avec précision le texte biblique de Luc.
Il évoque le long voyage de Marie par le paysage traité dans le détail.
Le chemin a été long, elle a parcouru des sentiers où voyagent encore des petits personnages à pied ou a cheval.
Elisabeth habite une région vallonnée, suggérée par la colline dominée par une forteresse devant laquelle son mari Zacharie joue avec un chien.
Marie et Elizabeth
Élisabeth est sortie précipitamment de chez elle, laissant la porte ouverte, pour venir à la rencontre de sa cousine.
Toutes deux évoquent le miracle des enfants à naître, et posent la main sur le ventre l’une de l’autre.
Le bras tendu et la main pâle d’Elisabeth se détachent élégamment sur le fond bleu de la robe de Marie, suggérant la plus grande importance du bébé de Marie. Les gestes, à la fois tendres et éloquents, sont typiques du style expressif de Roger van der Weyden.
Marie arbore un doux visage et se tient droite debout tandis qu’Elizabeth, vêtue de rouge, et dont les traits du visage sont plus marqués, a le genou légèrement plié en signe de respect
Lecture de l’évangile selon Luc (Lc 1,39-56)
En ces jours-là,
Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie
et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l’enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles,
l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Sa miséricorde s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »
Marie resta avec Élisabeth environ trois mois,
puis elle s’en retourna chez elle.
Lc 1, 39-56
La Visitation, poème de Marie Noel
La vieille Elisabeth sur sa porte fleurie
File, écoutant des yeux les pas lointains du soir…
Voici par le sentier sa cousine Marie,
Celle de Nazareth, qui monte pour la voir.
Voici venir Marie avec sa grand-nouvelle :
Ce qui l’autre semaine est en elle arrivé…
Elisabeth la voit et court au-devant d’elle
Laissant rouler au vent son fil inachevé.
Dieu sait ce qu’elles ont toutes les deux ensemble
De pressant à se dire ! Et pourtant l’entretien
Leur manque tout à coup, la joie en elles tremble,
Leurs mots se sont perdus, elle ne disent rien.
Chacune va cherchant en elle une assurance
Avant de confier à l’autre sans délai,
Tout haut, cette espérance au-dessus d’espérance.
Est-ce bien vrai ?… mon Dieu ! si ce n’était pas vrai !
Mais soudain le miracle a bougé dans leur âme,
Dans leurs corps ! Le silence autour a chancelé.
Elle, la jeune fille, elle, la vieille femme,
Tressaillent : leurs petits en eux se sont parlé.
C’est impossible, ô Dieu ! C’est une rêverie…
Impossible ! Et pourtant plus vrai que tout, plus vrai
Que le soleil qu’on voit. Et le cœur de Marie
En a chanté comme un buisson au mois de mai.
Et ne sachant plus rien, réalité, chimère,
Mensonge, vérité, raison ou déraison,
Sauf que son Dieu peut tout et qu’elle sera mère.
Marie Noël, Le Rosaire des joies, 1983