7. Ecouter l'appel à la liberté

Eugène Delacroix, 1798-1863, La liberté guidant le peuple, 1830, Musée du Louvre

Eugène Delacroix

Ce tableau a été peint par Delacroix à l’occasion du soulèvement populaire parisien contre Charles X en juillet 1830, « Les Trois Glorieuses » .

A cette époque Delacroix était reconnu comme le chef de file de l’école romantique française. Il rejette l’idéal classique. Il était libéral mais tout autant conservateur, bonapartiste et antirépublicain déclaré. Son tableau ne vise donc pas à symboliser la république triomphante mais l’avènement du nouveau régime monarchique qui, dès 1832, voudra effacer le paradoxe de ses origines révolutionnaires. Il déclare lui-même :« J’ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n’ai pas vaincu pour la patrie, au moins peindrai je pour elle ». L’artiste témoigne ici de la ferveur romantique qui lui fait traduire les événements révolutionnaires dont il est contemporain.

La liberté guidant le peuple

Le tableau représente une scène de barricade, franchie par les émeutiers du peuple de Paris. A l’arrière plan sortant de la fumée qui entoure Notre Dame on peut apercevoir les baïonnettes d’un bataillon d’infanterie. Sur l’une des deux tours de la cathédrale flotte le drapeau tricolore.

Delacroix construit son tableau en opposant deux tonalités, sombre pour les combattants et plus clair pour le drapeau et la liberté qui est mise en valeur par sa robe jaune à double ceinture dans la lumière. Elle attire tous les regards. Sa représentation emprunte autant à la statutaire antique , drapé, pieds nus, poitrine offerte, qu’aux représentations de la femme du peuple à la forte musculature et à la peau hâlée.

Elle se mêle aux hommes et participe directement aux combats.

Au premier plan, associés aux pavés et poutres, des corps de soldats morts, tordus et désarticulés gisent au sol.

Le texte biblique

Évangile selon Jean (Jn 8, 31-42)

En ce temps-là,
   Jésus disait à ceux des Juifs qui croyaient en lui :
« Si vous demeurez fidèles à ma parole,
vous êtes vraiment mes disciples ;
   alors vous connaîtrez la vérité,
et la vérité vous rendra libres. »
   Ils lui répliquèrent :
« Nous sommes la descendance d’Abraham,
et nous n’avons jamais été les esclaves de personne.
Comment peux-tu dire :
“Vous deviendrez libres” ? »
   Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
qui commet le péché
est esclave du péché.
   L’esclave ne demeure pas pour toujours dans la maison ;
le fils, lui, y demeure pour toujours.
   Si donc le Fils vous rend libres,
réellement vous serez libres.
   Je sais bien que vous êtes la descendance d’Abraham,
et pourtant vous cherchez à me tuer,
parce que ma parole ne trouve pas sa place en vous.
   Je dis ce que moi, j’ai vu
auprès de mon Père,
et vous aussi, vous faites ce que vous avez entendu
chez votre père. »
   Ils lui répliquèrent :
« Notre père, c’est Abraham. »
Jésus leur dit :
« Si vous étiez les enfants d’Abraham,
vous feriez les œuvres d’Abraham.
   Mais maintenant, vous cherchez à me tuer,
moi, un homme qui vous ai dit la vérité
que j’ai entendue de Dieu.
Cela, Abraham ne l’a pas fait.
           Vous, vous faites les œuvres de votre père. »
Ils lui dirent :
« Nous ne sommes pas nés de la prostitution !
Nous n’avons qu’un seul Père : c’est Dieu. »
   Jésus leur dit :
« Si Dieu était votre Père,
vous m’aimeriez,
car moi, c’est de Dieu que je suis sorti
et que je viens.
Je ne suis pas venu de moi-même ;
c’est lui qui m’a envoyé. »

Jn 8, 31-42

Commentaire

Saint Bernard de Clairvaux

C’est une prérogative particulière et tout honorable que toute créature raisonnable tient de son créateur, [..], de ne dépendre, en quelque sorte, que de soi, et de n’être mauvaise et par conséquent justement condamnée, ou bonne, et par suite sauvée avec justice, que par un acte de sa propre volonté, non point par l’effet d’une nécessité quelconque.

[..]

Je ne veux pas dire qu’il suffit à la créature raisonnable de le vouloir pour être sauvée, mais je dis qu’elle ne le sera jamais, si elle ne veut pas l’être.

Il n’est personne en effet qui soit sauvé malgré soi.

Ce qu’on lit dans l’Evangile : « Nul ne peut venir à moi, si mon Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6 44 » [..] n’empêche pas qu’il en soit ainsi; car, quelque soit le nombre de ceux que le Père semble attirer dans sa bonté, ou contraindre à entrer, puisqu’il veut que tout le monde se sauve, cependant il ne juge personne digne du salut, qu’il n’ait voulu se sauver.

Il ne se propose point autre chose, quand il nous frappe ou nous effraie, que de détourner notre volonté du mal pour la tourner vers le bien : il libère notre liberté, il ne la supprime pas.

Saint Bernard de Clairvaux, De la grâce et du libre arbitre XI, 36

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