En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Vous pousserez des cris à cause du roi que vous aurez choisi.
Loynet Liédet, actif entre 1454 et 1483, la bataille de Roosebeke, in Grandes chroniques de France de Jean Froissart, 1337-1410, BNF
La bataille de Roosebeke
La bataille de Roosebeke, également appelée bataille du Mont d’Or, se déroule en Flandre Occidentale en 1382 opposant les miliciens flamands et le roi de France Charles VI.
Le comte de Flandre est en butte à la révolte des tisserands gantois. L’industrie textile de cette région constitue un des premiers débouchés de la laine produite par les éleveurs de moutons anglais et la laine est à cette époque le premier produit d’exportation de l’économie anglaise. Pour faire face aux anglais, Charles VI vint soutenir le comte de Flandre contre les révoltés.
Le combat se solda par une victoire de la France, et le bilan fut très lourd : près de 26 000 morts.
Cette bataille a servi d’exemple à Charles VI pour lui permettre de mater des rébellions dans diverses villes comme Paris
Est décrit dans cette enluminure le combat acharné entre les deux armées qui se pressent sous leurs oriflammes respectifs.
En opposition, Au loin, la ville et son château semblent paisibles dans la douce campagne.
Le texte biblique
Lecture du premier livre de Samuel
En ces jours-là,
tous les anciens d’Israël se réunirent
et vinrent trouver Samuel à Rama.
Ils lui dirent :
« Tu es devenu vieux,
et tes fils ne marchent pas sur tes traces.
Maintenant donc, établis, pour nous gouverner,
un roi comme en ont toutes les nations. »
Samuel fut mécontent parce qu’ils avaient dit :
« Donne-nous un roi pour nous gouverner »,
et il se mit à prier le Seigneur.
Or, le Seigneur lui répondit :
« Écoute la voix du peuple
en tout ce qu’ils te diront.
Ce n’est pas toi qu’ils rejettent,
c’est moi qu’ils rejettent :
ils ne veulent pas que je règne sur eux. »
Samuel rapporta toutes les paroles du Seigneur
au peuple qui lui demandait un roi.
Et il dit :
« Tels seront les droits
du roi qui va régner sur vous.
Vos fils, il les prendra,
il les affectera à ses chars et à ses chevaux,
et ils courront devant son char.
Il les utilisera comme officiers de millier
et comme officiers de cinquante hommes ;
il les fera labourer et moissonner à son profit,
fabriquer ses armes de guerre et les pièces de ses chars.
Vos filles, il les prendra
pour la préparation de ses parfums,
pour sa cuisine et pour sa boulangerie.
Les meilleurs de vos champs,
de vos vignes et de vos oliveraies,
il les prendra pour les donner à ses serviteurs.
Sur vos cultures et vos vignes il prélèvera la dîme,
pour la donner à ses dignitaires et à ses serviteurs.
Les meilleurs de vos serviteurs, de vos servantes et de vos jeunes gens,
ainsi que vos ânes,
il les prendra et les fera travailler pour lui.
Sur vos troupeaux, il prélèvera la dîme,
et vous-mêmes deviendrez ses esclaves.
Ce jour-là, vous pousserez des cris
à cause du roi que vous aurez choisi,
mais, ce jour-là, le Seigneur ne vous répondra pas ! »
Le peuple refusa d’écouter Samuel et dit :
« Non ! il nous faut un roi !
Nous serons, nous aussi, comme toutes les nations ;
notre roi nous gouvernera,
il marchera à notre tête et combattra avec nous. »
Samuel écouta toutes les paroles du peuple
et les répéta aux oreilles du Seigneur.
Et le Seigneur lui dit :
« Écoute-les, et qu’un roi règne sur eux ! »
(1 S 8, 4-7.10-22a)
Commentaires
Ce texte du livre de Samuel montre que la Bible n’a cessé d’aborder les questions politique de front, et que le débat sur la royauté a perduré longtemps après la disparition du Royaume de Juda.
Ce chapitre 8 du premier livre de Samuel est un texte certainement tardif, qui suppose une expérience souvent désastreuse de la royauté ; il reflète surtout les conflits qui n’ont cessé d’opposer, tout au long des 8ème et 7ème siècles, les rois et les prophètes qui leur rappellent les exigences du « droit et de la justice ». L’expérience montre bien que le pouvoir corrompt.
Tandis que Samuel a exposé à Dieu le désir populaire d’avoir un souverain, et son propre refus, Dieu consent à donner un roi au peuple. Il s’efface pour laisser les hommes s’investir et prendre leurs responsabilités. Dieu de se désengage pas en disant que cela ne le concerne pas, mais il répond à Samuel qu’il faut écouter la voix du peuple, et le laisser libre de rejeter son Dieu pour «être comme les autres nations », et s’attacher à d’autres dieux.
La réponse de Dieu est assortie d’un avertissement exprimé par Samuel, identifiant fermement les menaces qui pèseront désormais sur le peuple.
Le texte ne dit pas quel est le mode de gouvernement idéal, mais s’interroge sur ce que doit être la finalité de l’exercice politique.
Il est affirmé clairement que le choix du peuple va à l’encontre d’une visée divine : la liberté. La liste de toutes les privations que causera la royauté s’achève par cette prédiction « vous mêmes vous deviendrez esclaves ». Si Dieu a œuvré pour libérer le peuple de la main de Pharaon, ce n’est pas pour que le peuple retombe sous la coupe d’un autre pharaon.
Le peuple veut un roi comme les autres peuples en ont, comme s’il voulait se couler dans un moule, cesser d’être soi-même, renoncer à son originalité et à sa vocation. L’Ecriture au contraire invite à découvrir la vocation personnelle de chacun et à en vivre.
Dans la perspective de Samuel le champ politique est là pour garantir la liberté des personnes. Sa responsabilité est de veiller à ce que les aspirations personnelles de chacun ne soient pas étouffées par une sorte de pensée unique qui gommerait toutes les différences.
Mais le peuple n’est pas convaincu par Samuel, il est prêt à sacrifier sa liberté pourvu qu’il soit comme les autres.
Demander un roi n’est-ce pas trahir l’alliance que Dieu a proposée et qui fait d’Israël son peuple ? N’est-ce pas entraîner tout le peuple dans des aventures folles , dans l’abandon de la foi et de la confiance au Dieu unique ?
L’originalité absolue d’Israël reste cette certitude que Dieu seul est roi, souverain de tous les pouvoirs terrestres qui lui sont subordonnés