En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
L’esclavage des Hébreux
La Haggadah de Barcelone « Nous étions esclaves de Pharaon en Égypte ».
1325-1350 , The British Library, London
La Hagadah est un livre de service hébreu utilisé dans les foyers juifs lors des fêtes, ainsi la veille de la Pâque, notamment, pour commémorer la libération miraculeuse des Israélites de l’esclavage égyptien.
Son texte est une mosaïque de passages bibliques, de bénédictions, de légendes et de rituels disposés en une séquence ordonnée en 14 étapes. La Hagadah a pour but d’enseigner aux jeunes la continuité du peuple juif et sa foi inébranlable en Dieu : « Et tu le diras à ton fils en ce jour-là, disant : C’est à cause de ce que l’Éternel a fait pour moi quand je suis sorti d’Égypte» (Exode 13. 8).
La Hagadah de Barcelone contient de nombreuses illustrations, accompagnées de décorations de figures humaines, d’oiseaux, d’hybrides, d’animaux grotesques tout à fait étonnants.
Le folio que nous regardons illustre la condition d’esclavage des Hébreux en Egypte.
Les méthodes de construction et les vêtements des hébreux sont décrites comme ce qui était pratiqué au 14e siècle, époque de la réalisation du manuscrit.
En haut de l’image on voit un lièvre assis sur un trône (allusion ironique à la dynastie des Ptolémée, les Lagides, du nom du « lagôs » , le lièvre), il se voit offrir à boire par un chien servile.
Le texte biblique
Un nouveau roi vint au pouvoir en Égypte. Il n’avait pas connu Joseph.
Il dit à son peuple : « Voici que le peuple des fils d’Israël est maintenant plus nombreux et plus puissant que nous.
Prenons donc les dispositions voulues pour l’empêcher de se multiplier. Car, s’il y avait une guerre, il se joindrait à nos ennemis, combattrait contre nous, et ensuite il sortirait du pays. »
On imposa donc aux fils d’Israël des chefs de corvée pour les accabler de travaux pénibles. Ils durent bâtir pour Pharaon les villes d’entrepôts de Pithome et de Ramsès.
Mais, plus on les accablait, plus ils se multipliaient et proliféraient, ce qui les fit détester.
Les Égyptiens soumirent les fils d’Israël à un dur esclavage
et leur rendirent la vie intenable à force de corvées : préparation de l’argile et des briques et toutes sortes de travaux à la campagne ; tous ces travaux étaient pour eux un dur esclavage.
Alors le roi d’Égypte parla aux sages-femmes des Hébreux dont l’une s’appelait Shifra et l’autre Poua ;
il leur dit : « Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux, regardez bien le sexe de l’enfant : si c’est un garçon, faites-le mourir ; si c’est une fille, laissez-la vivre. »
Mais les sages-femmes craignirent Dieu et n’obéirent pas à l’ordre du roi : elles laissèrent vivre les garçons.
Alors le roi d’Égypte les appela et leur dit : « Pourquoi avez-vous agi de la sorte, pourquoi avez-vous laissé vivre les garçons ? »
Les sages-femmes répondirent à Pharaon : « Les femmes des Hébreux ne sont pas comme les Égyptiennes, elles sont pleines de vitalité ; avant l’arrivée de la sage-femme, elles ont déjà accouché. »
Dieu accorda ses bienfaits aux sages-femmes ; le peuple devint très nombreux et très fort.
Comme les sages-femmes avaient craint Dieu, il leur avait accordé une descendance.
Pharaon donna cet ordre à tout son peuple : « Tous les fils qui naîtront aux Hébreux, jetez-les dans le Nil. Ne laissez vivre que les filles. »
Ex 1 8-22
Commentaires
Ce début du livre de l’Exode décrit une situation paradoxale : alors que Dieu a béni Joseph et sa descendance leur promettait une vie heureuse au pays d’ Egypte, un changement de politique vient mettre en échec cette promesse.
Il suffit d’un nouveau roi qui n’a pas connu Joseph pour que la prospérité se transforme en esclavage et en extermination. Dieu se tait, Dieu ignore… la promesse de Dieu est menacée.
En effet les Egyptiens s’inquiètent devant le nombre croissant des Hébreux.
Le Phararon est saisi de peur devant la prospérité du peuple hébreu dans son pays et il décide un génocide. La pratique était connue de ne laisser vivre que les filles qui n’auraient pas la force de mener une révolte et seront données à des Egyptiens.
Pourtant le pharaon, déjà, s’était heurté à la ruse des sages femmes des Hébreux. Et ce sont des femmes qui vont s’allier pour sauver le petit Moïse.
Un jour cet enfant, élevé à la cour comme un prince égyptien, se révoltera contre l’oppression. Dieu alors s’en rend compte : « Dieu entendit leur plainte ; Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu regarda les fils d’Israël, et Dieu les reconnut » (Ex 2, 24-35).
Dieu attend que des hommes se lèvent, mais il n’abandonne jamais sa promesse, parce qu’il est amour et fidélité.