En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
annoncer l’évangile gratuitement
Raphael ( 1483-1520), Paul baptise les Corinthiens, gravure, BNF Paris
Raphael a consacré une série de gravures à Paul, conservées à la bibliothèque Nationale de France.
Il représente ici l’activité missionnaire de Paul à Corinthe dont il fonda l’Eglise.
Cette gravure est traitée à la façon d’un relief antique .
Les Corinthiens, hommes, femmes, enfants, sont agenouillés devant Paul et reçoivent le baptême.
Paul les bénit, les bras grand ouverts levés vers le ciel et penché affectueusement vers eux.
D’autres disciples s’avancent vers eux, les accueillant ou levant les bras vers le ciel pour rendre grâce.
Le texte biblique
Frères,
pourriez-vous supporter de ma part un peu de folie ?
Oui, de ma part, vous allez le supporter,
à cause de mon amour jaloux
qui est l’amour même de Dieu pour vous.
Car je vous ai unis au seul Époux :
vous êtes la vierge pure que j’ai présentée au Christ.
Mais j’ai bien peur qu’à l’exemple d’Ève
séduite par la ruse du serpent,
votre intelligence des choses ne se corrompe
en perdant la simplicité et la pureté qu’il faut avoir à l’égard du Christ.
En effet, si le premier venu vous annonce un autre Jésus,
un Jésus que nous n’avons pas annoncé,
si vous recevez un esprit différent
de celui que vous avez reçu,
ou un Évangile différent
de celui que vous avez accueilli,
vous le supportez fort bien !
J’estime, moi, que je ne suis inférieur en rien
à tous ces super-apôtres.
Je ne vaux peut-être pas grand-chose pour les discours,
mais pour la connaissance de Dieu, c’est différent :
nous vous l’avons montré en toute occasion
et de toutes les façons.
Aurais-je commis une faute
lorsque, m’abaissant pour vous élever,
je vous ai annoncé l’Évangile de Dieu gratuitement ?
J’ai appauvri d’autres Églises en recevan d’elles
l’argent nécessaire pour me mettre à votre service.
Quand j’étais chez vous,
et que je me suis trouvé dans le besoin,
je n’ai été à charge de personne ;
en effet, pour m’apporter ce dont j’avais besoin,
des frères sont venus de Macédoine.
En toute occasion, je me suis gardé d’être un poids pour vous,
et je m’en garderai toujours.
Aussi sûrement que la vérité du Christ est en moi,
ce motif de fierté ne me sera enlevé
dans aucune des régions de la Grèce.
Pourquoi donc me comporter ainsi ?
Serait- ce parce que je ne vous aime pas ?
Mais si ! Et Dieu le sait.
2 Co 11, 1-11
Commentaires
Paul défend avec vigueur son apostolat.
Face aux attaques qu’il a subies, Paul revendique le droit de se comporter en fou, en raison de la juste colère qui l’envahit.
Les raisons qu’il a de s’emporter sont profondes. Il rappelle qu’il a fondé l’église de Corinthe. Dans sa première lettre aux Corinthiens il utilisait pour lui-même la figure du père, il a engendré les Corinthiens en Jésus Christ, maintenant il utilise l’image du mariage, les Corinthiens tenant la place d’une jeune vierge qu’il unit lui-même au Christ.
Son émotion est grande car il lui apparaît que les Corinthiens lui préfèrent d’autres orateurs qui donnent leur enseignement moyennant finances.
Paul se dit animé de l’amour de Dieu envers les Corinthiens. Il veut donner la preuve de l’authenticité de son apostolat : il annonce l’Evangile gratuitement. Il ne leur délivre pas seulement un enseignement ou un message au nom du Christ, c’est sa propre vie qu’il leur livre, entièrement donnée au Christ. Il s’efface jusqu’à se rendre transparent devant son Seigneur.
A Corinthe tout s’achète et Paul refuse que l’Evangile devienne un bien de consommation !
La question n’est pas de savoir si le prédicateur doit être rémunéré, elle porte sur la nature même de l’Evangile et de celui qu’elle annonce. Le don de Dieu ne s’achète pas, là est la fierté de Paul, il s’efface devant celui qui est toute gratuité, don de soi sans retour.