En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La Pentecôte
La Pentecôte, détail d’une sculpture sur ivoire représentant la croix glorieuse, début 9e, Trésor de cathédrale saint Just et saint pasteur de Narbonne
Nous regardons ici un détail d’une plaque d’ivoire figurant la crucifixion entourée par une série de petites scènes en relation avec la Passion et la Résurrection. Cette plaque était la couverture d’un livre liturgique. Elle fut réalisée à la fin du règne de Charlemagne, vers 810-814, à Aix la Chapelle.
L’artiste a représenté cette scène de la Pentecôte devant un bâtiment imposant comportant une série de fenêtres en plein cintre. Sans doute il s’agit de la « maison » (Ac 2,2) dans laquelle ils étaient tous réunis. Le modèle de ce bâtiment est sans doute l’aula palatina d’Aix la Chapelle.
Au centre du groupe des apôtres on reconnaît Pierre qui tient la clé de la main gauche, et qui lève l’autre main comme pour prendre la parole, lui qui après la venue de l’Esprit s’adressera à la foule.
Au-dessus du groupe, apparaît la main du Père sortant d’un nuage. De ses doigts écartés jaillissent des rayons, quatre par doigt, qui descendent en triangle sur les apôtres. Le nombre des rayons est supérieur au nombre des apôtres, ce qui voudrait signifier la profusion de l’Esprit étendue à tous les hommes.
L’artiste fait preuve d’une grande habileté dans la réalisation de ces rayons qui se détachent de la plaque, ainsi que dans la précision anatomique de la main. Il a su traduire avec sobriété l’essentiel de la teneur du texte de Actes en utilisant des symboles iconographiques les plus appropriés et originaux.
Souvent la main de Dieu sortant de la nuée représente traditionnellement l’intervention divine dans l’univers des hommes.
A la place des langues de feu, du vent, l’artiste a utilisé ces rayons issus de la main de Dieu, ce qui sous entend que l’Esprit est envoyé par le Père selon la promesse de Jésus (Ac 1,4)
Le texte biblique
Frères,
personne n’est capable de dire :
« Jésus est Seigneur »
sinon dans l’Esprit Saint.
Les dons de la grâce sont variés,
mais c’est le même Esprit.
Les services sont variés,
mais c’est le même Seigneur.
Les activités sont variées,
mais c’est le même Dieu
qui agit en tout et en tous.
À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit
en vue du bien.
Prenons une comparaison :
le corps ne fait qu’un,
il a pourtant plusieurs membres ;
et tous les membres, malgré leur nombre,
ne forment qu’un seul corps.
Il en est ainsi pour le Christ.
C’est dans un unique Esprit, en effet,
que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres,
nous avons été baptisés pour former un seul corps.
Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit.
Cor 12 3b-7 12-13
Commentaires
Voilà pourquoi l’Esprit est descendu dans le Fils de Dieu, devenu le fils de l’homme, pour s’habituer avec lui à habiter le genre humain, à reposer parmi les hommes, à habiter l’œuvre de Dieu, pour opérer en ces hommes la volonté du Père, et les renouveler de leur désuétude dans la nouveauté du Christ.
[..]
Voilà pourquoi aussi le Seigneur a promis de nous envoyer le Paraclet, qui nous adapte à Dieu. En effet la farine sèche ne peut sans eau devenir une seule pâte, pas davantage nous tous, ne pouvions devenir un en Jésus Christ sans l’eau qui vient du ciel. La terre aride, si elle ne reçoit pas d’eau, ne fructifie pas ; ainsi nous-mêmes, qui d’abord étions du bois sec, nous n’aurions jamais porté le fruit de la vie, sans l’eau librement donnée d’en haut. Ainsi nos corps ont reçu par l’eau du baptême l’unité qui les rend incorruptibles ; nos âmes l’ont reçue de l’Esprit.
[..]
L’Esprit de Dieu descendit sur le Seigneur, Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété, Esprit de crainte de Dieu. À son tour le Seigneur l’a donné à l’Église, en envoyant des cieux le Paraclet sur toute la terre, là où le diable fut abattu comme la foudre, dit le Seigneur.
Ainsi cette rosée de Dieu nous est bien nécessaire pour n’être point consumés ni rendus stériles, et pour que là où nous avons l’accusateur, là nous ayons le Défenseur : car le Seigneur a confié à l’Esprit Saint l’homme qui est sien, cet homme qui était tombé aux mains des brigands. Il en a eu pitié et a pansé ses blessures, lui donnant deux pièces à l’effigie du Roi, pour qu’ayant reçu par l’Esprit l’image et le sceau du Père et du Fils, nous fassions fructifier la pièce qu’il nous a confiée, et la rendions multipliée au Seigneur.
Saint Irénée (vers 140-vers 200), traité « Contre les hérésies ( 3, 17, 1-3)