En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le service des tables
Guillaume de saint Pathus,1250-1315, vie et miracles de saint Louis , fol 137r, édité vers 1330-1340, saint Louis servant un repas, BNF
Guillaume de Pathus est connu pour une biographie de saint Louis. Cet ouvrage fut commandé par une de ses filles, Blanche de France, morte en 1320.
Le texte est la traduction française d’un original latin qui servit au procès de canonisation de Louis IX.
L’exemplaire conservé à la Bibliothèque Nationale de France date de 1330-1340 .
Le document commence par un prologue à la louange du roi, et sont nommés les témoins qui ont fourni la connaissance des faits et gestes du roi répartis en 20 chapitres, son enfance, sa vie de roi de France et de bon chrétien, en mentionnant les miracles qu’il a réalisés. Le premier raconte comment il ressuscita une fille qui s’était noyée dans la ville de saint Denis en France.
Notre page illustrée représente le roi saint Louis servant un repas à des personnes « en difficulté ».
Il se tient à l’extrémité d’une longue table, vêtu d’une simple robe brune, mais portant sa couronne insérée dans une auréole. Il se penche vers la convive la plus proche de lui et lui donne directement à manger un morceau de pain, un poisson étant visible dans le plat qu’il tient de l’autre main.
Derrière lui, un serviteur vêtu d’une robe d’un rouge éclatant apporte de nouveaux mets.
Une foule de personnes s’attroupe autour de la table garnie de plats divers esquissés par quelques traits rapides. Chacune est différenciée et semble affamée, les traits blafards.
Le texte biblique
En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagés dans le service quotidien.
Les Douze convoquèrent alors l’ensemble des disciples et leur dirent : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables.
Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, des hommes qui soient estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous les établirons dans cette charge.
En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole. »
Ces propos plurent à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un converti au judaïsme, originaire d’Antioche.
On les présenta aux Apôtres, et après avoir prié, ils leur imposèrent les mains.
La parole de Dieu était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs parvenaient à l’obéissance de la foi.
Commentaires
Un malaise règne au sein de l’organisation de l’Eglise qui grandit.
Une tension se crée parmi ces premiers chrétiens entre les Hébreux, juifs parlant araméen, et hellénistes, juifs parlant grec.
Ces derniers s’irritent à propos de la communion fraternelle. Leurs veuves sont désavantagées dans la pratique quotidienne des secours.
Ce conflit provient du multiculturalisme de la communauté, les apôtres proposent de décentraliser le pouvoir. Le service de la parole leur est réservé, et le service des tables est affecté à 7 hommes remplis d’Esprit et de sagesse.
L’unicité de l’apostolat des Douze est préservée par l’institution d’un nouveau ministère caritatif.
Le service des tables se réfère à la distribution d’aliments de secours aux démunis, l’assistance aux nécessiteux, que la communauté pratique à l’instar des synagogues.
Les apôtres imposent les mains à ces serviteurs, c’est une ordination ministérielle : la communauté les choisit et les place devant les apôtres qui prient et leur imposent les mains.
Ces deux gestes de prière et d’imposition des mains étaient déjà pratiquées dans le rabbinisme, et visent à transmettre la bénédiction divine en vue d’une charge à remplir.