En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Dieu brouille les langues

Lucas van Valckenborch (1535-1597), la tour de Babel, 1594, musée du Louvre
Lucas van Valckenborch est un peintre flamand du 16e siècle, connu comme peintre paysager dans la lignée de Pieter Brueghel l’Ancien.
Il est revenu fréquemment sur le sujet de la tour de Babel, soit comme une critique de l’orgueil humain, soit comme une célébration du progrès technique qui annoncerait un monde meilleur et plus organisé !
Le peintre présente ici une immense tour dont le sommet encore inachevé traverse quelques nuages effilochés.
A gauche, sortant du rocher, un arbre qui a pris racine semble être le dernier rappel de ce que fut l’endroit avant que l’homme ne domine complètement les forces de la nature.
Au premier plan, au bord d’une crevasse et devant deux soldats armés que piques, le roi Nemrod, petit fils de Noé et fils de Sem, coiffé d’une couronne, porte un sceptre à la main et un grand manteau d’hermine au-dessus de son pourpoint. Il discute de son chantier avec le maître d’œuvre humblement agenouillé et le bourgmestre. Il souhaitait ériger une tour suffisamment haute pour se protéger des ennemis et telle que les flots d’un nouveau déluge ne puissent la submerger.
Deux domaines sont bien séparés, le haut, domaine du divin, et le bas réservé aux hommes, que la verticalité de la tour tente en vain de réunir.
Lucas van Valckenborch exprime non seulement l’insignifiance et l’orgueil démesuré de l’homme, mais aussi il dépeint les connaissances et l’ingéniosité de ses contemporains.
La forme de la tour, respectant les arcades, les vomitoires et les soutènements du Colisée de Rome que redécouvrent les artistes de la Renaissance, suggère aussi celle des monuments de l’Amérique précolombienne que les navigateurs et conquérants ont pu faire connaître.
Comme un dessin en coupe, la représentation de la tour dans ses différentes étapes de construction montre avec minutie les procédés techniques de l’architecture employés à cette époque.
La tour est édifiée près de l’embouchure d’un fleuve, près d’un port. Le peintre veut ainsi exalter l’essor commercial des grandes villes maritimes des Provinces -Unies.
Le texte biblique
Toute la terre avait alors la même langue et les mêmes mots.
Au cours de leurs déplacements du côté de l’orient, les hommes découvrirent une plaine en Mésopotamie, et s’y établirent.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! fabriquons des briques et mettons-les à cuire ! » Les briques leur servaient de pierres, et le bitume, de mortier.
Ils dirent : « Allons ! bâtissons-nous une ville, avec une tour dont le sommet soit dans les cieux. Faisons-nous un nom, pour ne pas être disséminés sur toute la surface de la terre. »
Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties.
Et le Seigneur dit : « Ils sont un seul peuple, ils ont tous la même langue : s’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera désormais de faire tout ce qu’ils décideront.
Allons ! descendons, et là, embrouillons leur langue : qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres. »
De là, le Seigneur les dispersa sur toute la surface de la terre. Ils cessèrent donc de bâtir la ville.
C’est pourquoi on l’appela Babel, car c’est là que le Seigneur embrouilla la langue des habitants de toute la terre ; et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la surface de la terre.
Gn 11, 1-9
Commentaires
Ce texte de Genèse évoque Dieu qui détruit l’uniformisation recherchée entre les humains figurée par une langue unique.
Les hommes ont cherché un lieu propice pour s’y établir et ont projeté de bâtir une ville avec une tour dont le sommet touche le ciel. Dieu voit que l’orgueil humain veut « conquérir le ciel ». Dépassant ainsi leurs limites, les hommes vont vers leur mort. Dieu alors les disperse, brouille leurs langues.
Dans son orgueil le projet de l’homme serait de vouloir prendre la place de Dieu.
On peut comprendre un autre message :
Le début de notre texte dit que la terre entière se servait de la même langue. Or dans le chapitre précédent, les fils de Sem ont plusieurs langues et plusieurs nations. En fait l’auteur est reparti de l’unité initiale des humains pour raconter leur dispersion et la diversité des langues.
Le narrateur de notre chapitre 11 dit que tous les hommes tiennent le même discours, répètent les mêmes paroles : il signale non leur unité mais leur uniformité.
Le récit met en cause la politique impérialiste des assyriens et des babyloniens. Dans la construction de la tour il y a un projet politique, un projet de société. L’expression « Faisons-nous un nom » vise la renommée et la gloire d’un roi et de sa dynastie. De même l’expression « avoir une même langue » relève du vocabulaire des empires totalitaires de l’époque.
Comment comprendre l’action de Dieu. En créant, Dieu a mis en place des êtres différenciés. Les hommes de Babel veulent supprimer cette distinction qui est essentielle à la vie, alors Dieu intervient. Il s’oppose au projet des bâtisseurs, projet totalitaire. En brouillant leur langage Dieu fait barrage au projet, accentue et consacre les différences, Chaque homme est particulier.
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