En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
M’aimes -tu ?
Anonyme, saint Pierre, église d’Orgeval, Yvelines
Ce tableau représentant saint Pierre, situé dans l’église d’Orgeval, (Yvelines), vient d’être restauré.
Cette grande figure de Pierre semble inassurée, il vacille presque, et ouvre largement les bas, louant le Seigneur et accueillant les spectateurs que nous sommes.
Ses vêtements sont ceux d’un Galiléen, manteau rouge posé sur une tunique blanche. Le rouge est éclatant, rappelant sans doute la manteau royal qui avait été mis à Jésus lors de la passion.
Derrière lui, dans le cadre d’une fenêtre apportant de la lumière, le coq a fini de chanter, mais il est toujours là. Pierre est représenté comme un homme pécheur, qui pleura des larmes amères, mais qui a été appelé pour être le chef de l’Eglise. Les clés qui lui ont été confiées reposent à ses pieds ;
Habituellement Pierre tient les clés dans ses mains. Qu’a voulu signifier l’artiste ? On ne peut qu’élaborer des hypothèses : Pierre ne serait pas propriétaire de ces clés, humilité de Pierre qui doit se baisser jusqu’à terre pour les utiliser ?
Pierre semble dépité, en larmes, redisant à Jésus : mais oui, Seigneur, tu sais bien que je t’aime.
Le texte biblique
C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »
Jn 21, 15-19
Commentaires
Jésus s’adresse à Pierre et l’interroge sur son amour pour lui. La triple trahison de Pierre est à l’arrière plan de ce dialogue.
Le texte suit le récit de la pêche miraculeuse. Ici Pierre reçoit la confirmation de sa mission apostolique ainsi que les conditions nécessaires pour la remplir.
Comme disciple, Pierre doit suivre Jésus et exercer son ministère à la lumière de son amour pour lui. Paître (conduire, nourrir, protéger) le troupeau est une mission difficile, c’est Jésus le vrai berger qui donne sa vie pour ses brebis. Pierre est invité à recueillir cette redoutable mission, alors que lui-même a renié. Jésus lui demande de paître son troupeau, c’est pourquoi Pierre doit « aimer Jésus », être uni à lui.
La triple question question de Jésus surprend Pierre. En fait, Jésus demande par deux fois d’aimer d’un amour qui s’origine en Dieu seul (l’agapé). Mais Pierre répond en parlant d’un amour humain (la philia). Jésus considère avec bienveillance cet amour humain balbutiant et s’assure que Pierre s’y tiendra.
Jésus ressuscité vient rejoindre nos pauvres désirs et notre amour maladroit, et confie aux hommes sa Parole pour la répandre.