En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Les bonnes nouvelles envoyées à Antioche
Gérard Terborch le jeune, 1617-1681, Dame lisant une lettre devant un messager, Vers 1658-1660 , musée des beaux arts de Lyon
Gérard Terborch est un peintre de genre néerlandais du 17e siècle.
Un messager vient d’apporter une lettre à une femme.
C’est un homme ordinaire de la société néerlandaise du 17ème siècle, villageois ou paysan. Il est vêtu d’habits simples mais auxquels l’artiste ajoute un foulard blanc noué autour du cou qui apporte une note d’élégance. Il porte sa besace en bandoulière, il arrive d’un long voyage. Il a enlevé son chapeau à larges bords et tient fermement son bâton. Il a donné sa missive et attend, solidement campé, silencieux, la réaction de la récipiendaire.
La femme porte une longue jupe grise ornée de dentelle noire et un manteau d’intérieur de velours bleu bordé de fourrure blanche. Sa coiffe nouée sous le manteau laisse échapper des boucles blondes.
Elle lit avec attention la lettre, elle esquisse un léger sourire. Les nouvelles annoncées la satisfont, et elle y trouve un certain réconfort.
Le texte biblique
Alors les Apôtres et les Anciens décidèrent avec toute l’Église de choisir parmi eux des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé. C’étaient des hommes qui avaient de l’autorité parmi les frères : Jude, appelé aussi Barsabbas, et Silas.
Voici ce qu’ils écrivirent de leur main : « Les Apôtres et les Anciens, vos frères, aux frères issus des nations, qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut !
Attendu que certains des nôtres, comme nous l’avons appris, sont allés, sans aucun mandat de notre part, tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi,
nous avons pris la décision, à l’unanimité, de choisir des hommes que nous envoyons chez vous, avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul,
eux qui ont fait don de leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ.
Nous vous envoyons donc Jude et Silas, qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit :
L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent :
vous abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles, du sang, des viandes non saignées et des unions illégitimes. Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela. Bon courage ! »
On laissa donc partir les délégués, et ceux-ci descendirent alors à Antioche. Ayant réuni la multitude des disciples, ils remirent la lettre.
À sa lecture, tous se réjouirent du réconfort qu’elle apportait.
Ac 15, 22-31
Commentaires
Le christianisme se répand au-delà de Jérusalem et les difficultés apparaissent. Antioche est devenue une métropole importante et son Eglise peut concurrencer l’autorité de l’Eglise mère de Jérusalem restée essentiellement judéo-chrétienne. L’entrée des païens dans l’Eglise divise.
La décision est prise d’envoyer à Antioche Paul et Barnabé, accompagnés d’autres messagers, Jude/ Barsdabbas et Silas, pour calmer les discussions concernant ce qui est exigé des païens quand ils se convertissent.
Jacques de Jérusalem, avec l’assemblée des apôtres, a renoncé à exiger la circoncision des païens qui accueillent le Christ.
Pourtant il maintient un certain nombre de restrictions supplémentaires comme la séparation des tables par le refus des viandes étouffées et du sang, pour permettre une communauté de table entre judeo- et pagano-chrétiens.
En fait il semble bien que Paul, comme Pierre, ait ignoré ces décisions. L’incident d’Antioche, tel que Paul le raconte dans la lettre aux Galates, montre à quel point les relations étaient restées tendues :
« Mais quand Pierre est venu à Antioche, je me suis opposé à lui ouvertement, parce qu’il était dans son tort.En effet, avant l’arrivée de quelques personnes de l’entourage de Jacques, Pierre prenait ses repas avec les fidèles d’origine païenne. Mais après leur arrivée, il prit l’habitude de se retirer et de se tenir à l’écart, par crainte de ceux qui étaient d’origine juive. Tous les autres fidèles d’origine juive jouèrent la même comédie que lui, si bien que Barnabé lui-même se laissa entraîner dans ce jeu.
Mais quand je vis que ceux-ci ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Pierre devant tout le monde : « Si toi qui es juif, tu vis à la manière des païens et non des Juifs, pourquoi obliges-tu les païens à suivre les coutumes juives ? » (Gal 2,11-14).
On ne sait pas comment la situation s’est dénouée, Paul ne le raconte pas. Mais elle manifeste de façon exemplaire la tension constitutive du christianisme : la radicalité de l’Evangile qui rend la Loi inutile (Paul), les nécessaires compromis qu’exige l’unité entre les croyants (Pierre).