En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
LE CARÊME, TEMPS DE PRIÈRE PLUS INTENSE ! (4)
Rembrandt, 1606-1669, La vieille femme et la Bible, 1631, Rijksmuseum , Amsterdam
Rembrandt a consacré de très nombreux tableaux, eaux fortes et dessins à des sujets bibliques.
Il actualise la Bible au gré d’une lecture quotidienne des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, la lecture de la Bible ayant été remise en avant par la Réforme.
Rembrandt présente ici une vieille femme qui peut être sa mère ou bien la prophétesse Anne, qui a posé une Bible sur ses genoux. Le fond est sombre, très sobre, pour mieux mettre en valeur la lumière. Aucun détail ne vient distraire l’attention.
La vielle femme lit attentivement, « amoureusement » un livre que l’on devine être la Bible.
Elle a les traits de sa mère.
Elle est vêtue d’un manteau de lourd velours, orné au col et aux poignets d’une fourrure cendrée qui met en valeur le rouge. Sa coiffe brodée d’or, luit doucement. Elle porte sous sa coiffe un voile transparent qui assombrit le front. Son visage est légèrement dans l’ombre. Il est ridé, ses yeux sont ouverts, attentifs.
La bouche est aussi ouverte. Lit-elle à haute voix ?
Elle est heureuse, paisible, sereine, recueillie, rien n’existe pour elle à ce moment que l’écoute de la Parole qu’elle caresse de sa main.
La main posée sur le livre est en pleine lumière. Main ridée, douce qui exprime elle aussi le dialogue avec Dieu. Cette main nous invite au silence, à l’écoute de la Parole qui s’adresse à chacun de nous.
Le Livre lui-même, est fortement éclairé et occupe le centre du tableau : il est Lumière et centre de gravité.
« Le Livre est vivant, il respire. Ses feuilles se redressent, soulevées par le halètement d’un souffle mystérieux, le battement d’un pouls secret. L’Esprit Saint s’engouffre dans la lettre. La page s’enfle comme un poumon. »
Le texte biblique
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes :
je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis :
Avant que le ciel et la terre disparaissent,
pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi
jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera
un seul de ces plus petits commandements,
et qui enseignera aux hommes à faire ainsi,
sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux.
Mais celui qui les observera et les enseignera,
celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »
Mt 5, 17-19
Commentaires
Jésus, au début de son discours sur la montagne, explique le rapport que nous devons avoir avec l’Ecriture, qui est le fondement de notre prière. Il s’adresse aux Juifs qui sont attachés à l’observance littérale de la Loi. Ils les rassure, « Pas un seul trait de la Loi ne disparaîtra jusqu’à ce que tout se réalise ».
Matthieu rapporte aussi cette phrase de Jésus « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » . La Loi ne change pas, les rabbins l’ont abondamment commentée pour en déployer les effets dans le temps. Jésus vient « l’accomplir »,assure la continuité de la révélation de Dieu, qui atteint sa plénitude dans son incarnation, et qui est étendu à tous les êtres humains.
Il ne suffit pas de connaître la Loi, encore faut-il la mettre en pratique. C’est ce que fait Jésus en paroles et en actes. Il « accomplit » la Loi, il la radicalise et va jusqu’à l’unification de la Loi dans le commandement de l’amour. Jésus guérit et sauve parce que la Loi est en vue du salut des hommes. Elle est au service de leur justification et non de leur condamnation. Elle est un guide.
Quand Jésus dit « jusqu’à ce que tout se réalise », ce n’est pas une menace. Au contraire, il s’agit d’un appel. Il connaît notre difficulté à marcher dans les voies du Seigneur. Il met la Loi au-devant de nous en vue de nous aider à avancer dans la bonne direction.
Prière de sainte Thérèse d’Avila
« Ô Seigneur, comme il est vrai que Tu possèdes les Paroles de Vie (Jn 6, 68), celles où tous les mortels trouveraient ce à quoi ils aspirent pourvu qu’ils consentent à le chercher.
Mais quoi d’étonnant, ô mon Dieu, nous oublions tes Paroles ! Tu es Tout-Puissant, tes Œuvres sont incompréhensibles.
Fais donc, Seigneur, que tes Paroles, jamais ne quittent ma pensée. Tu as dit : « Venez à moi, vous tous qui souffrez et pliez sous le fardeau, et je vous consolerai » (Mat. 11, 28). Que voulons-nous de plus, Seigneur ? Que demandons-nous ? Que cherchons-nous ? Pourquoi ceux du monde se perdent-ils, sinon parce qu’ils sont en quête de bonheur ?
Ô mon Dieu ! Qu’est-ce que cela signifie, Seigneur ? Quelle pitié ! Quel profond aveuglement ! Chercher le bonheur là où il est impossible de le trouver !
Prends pitié, Seigneur, de Tes créatures, considères que nous ne nous comprenons pas nous-mêmes, que nous ne savons pas ce que nous désirons et n’arrivons pas à trouver ce que nous demandons.
Nous, Seigneur, la lumière, elle nous est plus nécessaire qu’à l’aveugle qui l’était de naissance : lui désirait voir la lumière, mais ne le pouvait pas. Actuellement, Seigneur, on ne peut pas voir clair. Quel mal incurable que celui-ci !
C’est le moment, Seigneur, de faire éclater ta Puissance, le moment de manifester ta Miséricorde.
C’est une chose énorme que je Te demande. Ô vrai Dieu, mon Dieu : d’aimer qui ne T’aime pas, d’ouvrir à qui ne T’appelle pas. Tu as dit, Ô mon Seigneur, que Tu es venu chercher les pécheurs (Mat.9, 13) : les voilà, Seigneur, les vrais pécheurs.
Ne considère pas notre aveuglement, ô mon Dieu, mais plutôt tout le Sang que ton Fils a répandu pour nous. Que ta Miséricorde resplendisse sur notre croissante malice ; rappelle-Toi, Seigneur, que nous sommes Ton ouvrage. Que ta Bonté et ta Miséricorde viennent à notre aide. »
Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582) – « le Psautier de Thérèse », Exclamation N°8