En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
LE CARÊME, TEMPS DE PRIÈRE PLUS INTENSE ! (3)
Paul Veronese, 1528-1588, Le Christ rencontrant la femme et les fils de Zébédée, vers 1565, musée de Grenoble
Véronèse, est un peintre vénitien de la Renaissance tardive.
Pendant 15 ans il réalise des fresques pour l’église Saint Sébastien de Venise où il est enterré. Il y montre son goût pour la couleur, son chromatisme triomphant.
Le tableau du Christ rencontrant la femme et les fils de Zébédée a été réalisé pour l’église Sainte-Marie-Majeure de Venise. La composition narrative en frise est caractéristique de Véronèse. La mise en scène est théâtrale.
La veuve de Zebédée penchée vers Jésus, l’implore en faveur de ses deux jeunes fils qui se tiennent à ses côtés. Le plus jeune tend aussi la main vers Jésus, en le regardant avec intensité.
Jésus, de face, tourne son regard vers la femme, mais sa main montre son cœur. Il est entouré de ses autres disciples, vigoureux et indignés, mains sur la hanche ! Ou faisant signe de s’éloigner.
Dans l’angle inférieur droit, la tête de la chèvre pourrait être une allusion à la sentence du Jugement Dernier désignant les élus et les damnés
Le texte biblique
En ce temps-là,
Jésus, montant à Jérusalem,
prit à part les Douze disciples
et, en chemin, il leur dit :
« Voici que nous montons à Jérusalem.
Le Fils de l’homme sera livré
aux grands prêtres et aux scribes,
ils le condamneront à mort
et le livreront aux nations païennes
pour qu’elles se moquent de lui,
le flagellent et le crucifient ;
le troisième jour, il ressuscitera. »
Alors la mère des fils de Zébédée
s’approcha de Jésus avec ses fils Jacques et Jean,
et elle se prosterna pour lui faire une demande.
Jésus lui dit :
« Que veux-tu ? »
Elle répondit :
« Ordonne que mes deux fils que voici
siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche,
dans ton Royaume. »
Jésus répondit :
« Vous ne savez pas ce que vous demandez.
Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? »
Ils lui disent :
« Nous le pouvons. »
Il leur dit :
« Ma coupe, vous la boirez ;
quant à siéger à ma droite et à ma gauche,
ce n’est pas à moi de l’accorder ;
il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père. »
Les dix autres, qui avaient entendu,
s’indignèrent contre les deux frères.
Jésus les appela et dit :
« Vous le savez :
les chefs des nations les commandent en maîtres,
et les grands font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi :
celui qui veut devenir grand parmi vous
sera votre serviteur ;
et celui qui veut être parmi vous le premier
sera votre esclave.
Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,
mais pour servir,
et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Mt 20, 17-28
Commentaires
Les fils de Zébédée, Jacques et Jean, comme Pierre, appartiennent au cercle des proches qui ont suivi Jésus depuis le début (1,14-20) et bénéficié d’une place privilégiée lors du relèvement de la fille de Jaïre (5,21-43) et de la Transfiguration (9,2-13).
La mère des deux disciples demande à Jésus que ses fils siègent à droite et à gauche de Jésus dans le Royaume après sa victoire sur la mort, Ces deux places honorifiques sont celles du pouvoir : elles expriment la participation à la gloire royale et divine de Jésus. Cette requête prouve que son état d’esprit est bien éloigné de celui de Jésus qui poursuit sa route vers Jérusalem et annonce sa passion.
Jésus ne répond pas directement à la mère, mais s’adresse aux deux disciples. Ils ne savent pas ce qu’ils demandent, le chemin vers le Royaume n’est pas facile. Il leur faut boire la coupe, « ma coupe », une expression imagée des souffrances et de la mort à affronter, qui annonce Gethsemani. Il souhaite que les disciples se contentent de l’honneur d’une mort semblable à la sienne et qu’ils laissent au Père le soin de leur récompense.
Le Royaume de Dieu n’est pas une affaire de réussite humaine, Jésus n’exaucera pas la demande de la mère ambitieuse. Il engage les disciples sur une voie mystérieuse, la voie du service et de la souffrance acceptée. “En effet, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie pour le salut d’une multitude”.
Dieu Tout-Puissant, éternel, juste et bon, par nous-mêmes nous ne sommes que néant et pauvreté ; mais toi, à cause de toi-même, donne-nous d’agir selon ta volonté, telle que nous la connaissons, et de vouloir toujours ce qui te plaît; ainsi nous deviendrons capables, intérieurement purifiés, illuminés et embrasés par le feu du Saint-Esprit, de suivre les traces de ton Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ,et par ta seule grâce, de parvenir jusqu’à Toi, Très-Haut, qui, en Trinité parfaite et très simple Unité, vis et règne et reçois toute gloire, Dieu Tout-Puissant dans tous les siècles des siècles. Amen.
François d’Assise (1181/2- 1226 )