En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Saint Matthieu
Le Caravage, 1571-1610), Matthieu et l’ange, 1602, saint Louis des Français à Rome
Ce tableau fait partie d’un ensemble réalisé par Le Caravage de 1599 à 1602 sur la commande du cardinal Matthieu Contrelli, et consacré à la vie de saint Matthieu. Trois tableaux illustrent ce cycle, « la vocation de saint Matthieu », « saint Matthieu et l’ange » et « le martyr de saint Matthieu ».
Le « Saint Matthieu et l’Ange » est au centre et constitue le retable, au-dessus de l’autel, il est d’une taille considérable, 2,92 x1,86).
Il montre l’évangéliste en train de rédiger son évangile sous la dictée d’un ange. Le Caravage avait produit une première version (détruite lors d’un bombardement pendant la 1ère guerre mondiale) montrant l’ange tout proche de Matthieu, guidant sa main, mais la critique a trouvé notamment que l’ange avait une attitude trop sensuelle et le peintre dut fournir une nouvelle version.
Saint Matthieu est vêtu d’une flamboyante tunique orange et rouge, rappelant les tenues des philosophes antiques, ses pieds sont nus. Sa tête est entourée d’une auréole dorée. Sa posture n’est pas figée, il pose un genou sur un tabouret de bois et s’appuie sur sa table d’écriture, dans un équilibre précaire. Perd-il l’équilibre en se retournant, surpris par l’arrivée de l’ange ?
Il s’apprête a écrire dans un grand cahier tout en écoutant l’ange au-dessus de lui.
Cet ange flotte dans l’air, hors du monde terrestre de Matthieu, un tourbillon de draperie blanche l’enveloppe. Il compte sur ses doigts, de la façon scolastique traditionnelle, les arguments dont l’évangéliste doit tenir compte et développer.
Les deux personnages se détachent sur le fond sombre. La couleur vive des vêtements de Matthieu et des tourbillons sinueux du drap blanc qui enveloppent l’ange tombé du ciel, donnent du mouvement à la scène.
Le texte biblique
En ce temps-là,
Jésus sortit de Capharnaüm
et vit, en passant, un homme, du nom de Matthieu,
assis à son bureau de collecteur d’impôts.
Il lui dit :
« Suis-moi. »
L’homme se leva et le suivit.
Comme Jésus était à table à la maison,
voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts)
et beaucoup de pécheurs
vinrent prendre place avec lui et ses disciples.
Voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples :
« Pourquoi votre maître mange-t-il
avec les publicains et les pécheurs ? »
Jésus, qui avait entendu, déclara :
« Ce ne sont pas les gens bien portants
qui ont besoin du médecin,
mais les malades.
Allez apprendre ce que signifie :
Je veux la miséricorde, non le sacrifice.
En effet, je ne suis pas venu appeler des justes,
mais des pécheurs. »
Mt 9, 9-13
Commentaires
« Ce qui fait éclater encore davantage la puissance de celui qui l’appelle, c’est qu’il n’attend pas que Matthieu abandonne cette profession pleine de dangers, il l’arrache aux maux qui l’environnaient, comme Paul encore dans la fougue de ses égarements (Ac 9.) Et il lui dit « Suis-moi. » Vous avez vu la puissance de Dieu qui l’appelle, admirez aussi l’obéissance de celui qui est appelé. Il n’oppose aucune résistance ; il ne demande pas d’aller chez lui pour faire part de son dessein à sa famille. »
Saint Jean Chrysostome, 344-407, homélie 30, commentaire de l’évangile selon st Matthieu