En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le monde de Jésus
Fra Angelico, v1395-1455, le sermon sur la montagne, cellule 32, 1437-1441, couvent saint Marc à Florence
La décoration du couvent saint Marc a été commandée à Fra Angelico par Cosme de Medicis. Chaque cellule est décorée d’une fresque avec un épisode tiré du Nouveau Testament ou une crucifixion.
L’harmonie des couleurs, la simplicité de la composition sont propices à la méditation.
La cellule 32 offre une interprétation du sermon sur la montagne.
La mise en scène est solennelle, pleine de lumière, de sérénité.
Jésus assis bien au-dessus des disciples apparaît comme le grand maître qui enseigne avec autorité. Il annonce un monde nouveau où règne le bonheur pour tous. Ses disciples, assis en rond au bas de la montagne, ont été appelés pour transmettre ce message dans le monde où ils vivent ici-bas. Il sont avides de s’instruire, de comprendre, cet enseignement unique, exigent de Jésus qu’ils admirent.
Le paysage de montagne et de rochers est un paysage plein de douceur, de lumière. Un monde de paix, de calme, loin des agitations de notre monde où les hommes ne s’acceptent pas toujours, et où la haine peut régner. Jésus enseigne à passer au-delà, à accepter d’être pour un temps rejetés, comme lui il a été rejeté durant sa vie terrestre.
Le texte biblique
Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi.
Si vous apparteniez au monde, le monde aimerait ce qui est à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous.
Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : un serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. Si l’on a gardé ma parole, on gardera aussi la vôtre.
Les gens vous traiteront ainsi à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé.
Jn 15, 18-21
Commentaires
Jésus enseigne ses disciples sur leur relation au « monde » qui hait les chrétiens pour la même raison qu’il a haï Jésus. Comme lui, ils ne sont pas du « monde ».
Pour désigner le monde Jean utilise le mot grec « kosmos » qui désigne l’univers ordonné, par opposition au chaos. Dans ce monde ordonné, l’homme occupe une place importante.
L’expression « monde » peut aussi désigner l’ensemble de la société humaine (l’humanité). Le monde a été créé pour l’homme et l’homme le maintient en ordre, mais le monde est affecté par le péché de l’homme et par le mal. Il s’agit alors du monde des ténèbres.
Jean utilise ce mot avec toutes ces nuances. Dans la première partie de son Evangile le monde est décrit comme l’espace où Dieu manifeste son amour et sa volonté de salut pour les hommes.
Mais ici, le monde est compris de façon plus négative, comme le lieu où se manifeste le mal, un monde incompatible avec l’Esprit de Jésus, un monde où les disciples peuvent être affrontés à la haine et à l’hostilité, comme Jésus lui-même en a eu l’expérience.
De ce monde de ténèbres Jésus sortira victorieux et les disciples qui sont envoyés dans ce monde doivent garder la même espérance de victoire contre le mal qui est condamné à disparaître.
Jean rappelle les paroles de Jésus lors du lavement des pieds, le disciple est appelé à imiter le Seigneur dans les tâches les plus humbles, quitte à être méprisé et persécuté comme lui.
Et cela ne doit pas les effrayer, car comme Jésus lui-même, ils sont gardés par « Celui qui l’a envoyé ».