En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Saint Joseph
Michel-Ange, 1475-1564, La sainte famille à la tribune, 1506-1507, galerie des Offices, Florence
Ce tableau est plus connu sous le titre de « Tondo Doni », en raison de sa forme circulaire et de son commanditaire Angelo Doni, un riche tisserand florentin . Michel Ange le réalisa peu après la découverte du groupe du Laocon à Rome et s’en inspira pour la pose du nu derrière saint Joseph.
Le centre de ce tondo est occupé par le groupe de Joseph tendant l’enfant Jésus à Marie. La composition est savante , les personnages forment une pyramide qui s’inscrit dans un cercle, symboles de stabilité et de perfection.
Les bras de Marie apparaissent en effet musclés, ceux d’une femme habituée habituée aux travaux domestiques, en pleine santé, elle se retourne vers l’enfant, ses mouvements sont bien indiqués par les plis de ses vêtements, elle est pleine d’énergie (image révolutionnaire pour l’ époque de Michel Ange)
Joseph apparait derrière elle, monumental, enveloppant Marie dans ses genoux solides, forts, sur qui on peut s’appuyer. Cela aussi est très particulier pour l’époque où on est plus habitué de voir Joseph soit endormi, contemplant l’enfant.
Cette représentation montre une profonde unité entre Marie et Joseph, forte et vivante pour accueillir l’Enfant, le Verbe incarné. Leurs regards sont totalement tournés vers l’Enfant et attirent notre propre regard vers lui.
Derrière le muret on peut apercevoir Jean Baptiste enfant.
Une série de personnages occupe tout l’arrière-plan : de jeunes ignudi. Les poses des nus relève de l’imitation des sculptures classiques, et cela évoque l’humanité païenne, le monde qui ne connaît pas encore Jésus.
Ce mélange du païen et du religieux est cher à Michel-Ange, on le retrouve dans la chapelle Sixtine. Les personnages nus correspondent à l’époque précédant la loi de Moïse, la Vierge, Jésus et Joseph inaugurent l’ère de l’annonce de la Bonne Nouvelle, Jean Baptiste, l ‘étape intermédiaire.
Jésus porté par Marie, protégé et soulevé par Joseph comme un enfant conquérant et en roi, proclame le message de la Vie nouvelle.
Le texte biblique
Il se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ?
N’est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ?
Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d’où lui vient tout cela ? »
Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur dit : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison. »
Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi.
Mt 13 54-58
Commentaires
Matthieu raconte ici la visite de Jésus dans son lieu d’origine, la ville de Nazareth, et rappelle ce que la foule connaissait de Jésus, le fils du charpentier.
Les compatriotes de Jésus ne sont pas loin de penser que ses exploits tiennent de subterfuges auxquels d’autres se laissent prendre.. mais pas eux. Mathieu parle même de « scandale », ils sont choqués. Son origine modeste est pour eux un obstacle à la foi.
Cette visite se solde par le scepticisme : que pourrait être Jésus, sinon le fils du charpentier ? Jésus déplace le débat : si la foule voit au moins en lui un prophète, il rappele que nul n’est prophète en son pays.
En fait Matthieu souligne que Jésus accomplit peu de miracles à Nazareth, et cela à cause de leur manque de foi : car un miracle n’est pas un prodige surnaturel, c’est une façon de regarder avec foi la façon dont Jésus, au nom de Dieu, agit au milieu de nous.