En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
GUÉRISON D’UN SOURD MUET
Bartholomeus Breenbergh, 1599-1657, Jésus guérissant un sourd-muet, 1635, Musée du Louvre.
est un peintre de paysage néerlandais du siècle d’or.
Il passa quelques années de sa jeunesse en Italie qui furent déterminantes pour la formation de son oeuvre, notamment pour son goût des paysages romantiques italiens, bien différents de ceux de son pays d’origine.
Il revint en Hollande vers 1633, il se spécialisa alors dans des tableaux ayant pour contexte des ruines romaines qu’il avait dessinées en Italie et il y introduisit des scènes bibliques.
Ici dans le tableau de la guérison du sourd muet, la ruine est inspirée de la villa de Mécène à Tivoli qu’il avait dessinée en 1627. Mais le détail de la voûte à caissons s’inspirerait de la basilique de Constantin du forum romain.
Une foule importante est attirée par les faits et gestes de Jésus guérissant un sourd muet, comme le raconte l’évangile de Marc. Jésus, au centre, lève les yeux au ciel et touche les yeux du malade agenouillé devant lui.
La scène principale est à une échelle moindre que celle de la famille et du mendiant du premier plan, (allusion à d’autres guérisons ?). Le regard du spectateur est guidé par les jeux de lumière, comme un coup de projecteur sur Jésus et le sourd-muet.
La trouée lumineuse du ciel orageux, qui explique les différents éclairages, est rendue avec une grande sensibilité atmosphérique.
Les personnages sont nombreux et différenciés, mêlant les touches d”exotisme, voir le petit page à la coiffe emplumée qui promène un chien, en bas à droite du tableau, à l’expressivité des individus représentés, comme par exemple l’attitude contorsionnée, très maniériste, du mendiant à la béquille au premier plan.
Le texte biblique
Jésus quitta le territoire de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole.
Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler et supplient Jésus de poser la main sur lui.
Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue.
Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! »
Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement.
Alors Jésus leur ordonna de n’en rien dire à personne ; mais plus il leur donnait cet ordre, plus ceux-ci le proclamaient.
Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. »
Mc 7 ,31-37
Commentaires
Jésus continue sa pérégrination et passe de l’Ouest du lac de Tibériade (le Liban actuel) vers l’est la Jordanie. Il sillonne la terre païenne où se poursuit sa mission.
Il va guérir un païen, Marc est le seul évangéliste relatant la guérison d’un sourd-bègue.
Jésus n’impose pas les mains comme on le lui demandait. Il prend le sourd à part et touche ses oreilles et sa langue avec sa salive. Jésus fait ainsi des gestes qui correspondent à la pratique des guérisseurs à son époque : le contact physique localisé et la salive, source présumée de vie, proche de la parole.
Jésus prie, soupire, il gémit, angoissé devant une œuvre difficile à accomplir et prononce en araméen « ouvre-toi ».
L’effet attendu des gestes de Jésus ne se fait pas attendre, le sourd entend, le bègue s’exprime clairement. Au-delà de l’ouverture des oreilles et de la bouche, c’est bien entendu le cœur de l’homme handicapé que Jésus vient toucher, l’ouverture de nos oreilles pour entendre sa parole de vie, l’ouverture de notre bouche pour proclamer la louange de Dieu.
Mais alors, Marc fait jouer à nouveau le secret messianique et Jésus impose le silence à l’entourage de l’homme guéri, comme il l’avait demandé au lépreux et à la famille de la petite fille morte.
Oui, il a manifesté la puissance de Dieu qui l’habite. Mais il ne veut pas de publicité prématurée, pour que la compréhension soit ajustée à la discrétion et à l’intériorité du Règne qui vient.