En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
paul :discours a Ephèse
Saint Paul, Fresque de l’abbaye benedictine de Marienberg, 12e siècle, Borgusio, Italie
L’abbaye de Marienberg est située dans le Tyrol du Sud, en Italie dans le val de Venosta. Elle est à 1335 m d’altitude, ce qui en fait le plus haut édifice bénédictin d’Europe.
Elle possède une crypte romane qui est la partie la plus ancienne du bâtiment et abrite des fresques romanes aux influences byzantines. Elles ont été redécouvertes au 20e siècle à l’occasion de travaux.
Etonnante présence que l’artiste a donnée à Paul grâce à l’intensité et à la fraîcheur des couleurs.
On a l’impression d’entendre Paul nous enseigner les voies pour suivre Jésus.
Son regard est perçant, son visage volontaire et sérieux.
Il tient le livre de la Parole de Dieu, et sa main est cachée sous le pli de son vêtement, par respect liturgique, comme c’est la coutume à Byzance. L’autre main esquisse à la fois un geste de bénédiction, et un geste pour justifier le bien fondé des actions qu’il a menées auprès des membres des Eglises qu’il a fondées.
Le texte biblique
Depuis Milet, il envoya un message à Éphèse pour convoquer les Anciens de cette Église.
Quand ils furent arrivés auprès de lui, il leur adressa la parole : « Vous savez comment je me suis toujours comporté avec vous, depuis le premier jour où j’ai mis le pied en Asie :
j’ai servi le Seigneur en toute humilité, dans les larmes et les épreuves que m’ont values les complots des Juifs ;
je n’ai rien négligé de ce qui était utile, pour vous annoncer l’Évangile et vous donner un enseignement en public ou de maison en maison.
Je rendais témoignage devant Juifs et Grecs pour qu’ils se convertissent à Dieu et croient en notre Seigneur Jésus.
Et maintenant, voici que je suis contraint par l’Esprit de me rendre à Jérusalem, sans savoir ce qui va m’arriver là-bas.
Je sais seulement que l’Esprit Saint témoigne, de ville en ville, que les chaînes et les épreuves m’attendent.
Mais en aucun cas, je n’accorde du prix à ma vie, pourvu que j’achève ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu.
Et maintenant, je sais que vous ne reverrez plus mon visage, vous tous chez qui je suis passé en proclamant le Royaume.
C’est pourquoi j’atteste aujourd’hui devant vous que je suis pur du sang de tous,
car je n’ai rien négligé pour vous annoncer tout le dessein de Dieu.
Ac 20,17-27
Commentaires
Paul, au cours de son voyage, continue à écrire pour instruire l’Église et la consolider. Mais ici Paul prononce un discours d’adieu, testamentaire, devant les Anciens d’Ephèse qu’il a convoqués Dans l’Ancien Testament, ce style se retrouve lorsqu’un personnage vénéré, avant de mourir, veut exhorter son auditoire en rappelant l’exemple de sa vie et en formulant des bénédictions pour son entourage.
Paul retrace son ministère passé, puis il évoque l’avenir sombre qu’il entrevoit pour lui-même.
Il commence par parler de son comportement passé durant son séjour à Ephèse et plus largement dans les « pays d’Asie ». Il a servi le Seigneur ; il met en avant son humilité, l’abaissement qu’il a subi, les épreuves rencontrées qu’il a acceptées. Ses larmes sont liées aux occasions de tristesse dans ses relations avec les communautés.
Puis Paul évoque son ministère : la parole, la prédication et l’enseignement, publics ou privés, s’étant adressé tant aux juifs qu’aux païens. Il visait essentiellement la conversion à Dieu et la foi au Seigneur Jésus. Il souligne qu’il n’a rien négligé, un satisfecit qu’il reprendra plus loin.
Après ce regard rétrospectif Paul parle de son propre avenir, annonce sa « passion » liée à « sa montée » à Jérusalem, faisant mémoire des événements que Jésus a vécus.
Paul sait qu’il est conduit par l’Esprit et que des épreuves l’attendent.
Puis son écrit prend la forme d’adieu. Il ne sait pas ce qui va lui arriver, mais il sait qu’il ne reverra pas ses frères d’Éphèse.
Et il recommence à se justifier, affirmant qu’il est « pur du sang de vous tous » : il a conscience d’avoir montré le chemin du salut en leur annonçant le plan de Dieu tout entier : il faut maintenant que ses interlocuteurs en vivent.