En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
carême, la violence 7
La croix de Jésus se situe au centre de la violence. L’arme de la victoire de la Résurrection est la croix : la mort a été engloutie dans la victoire , « Mort où est ta victoire ? »
La violence est convertie en violence d’amour, c’est l’œuvre de la violence de l’Esprit.
Gauguin (1848-1903), le Christ jaune 1889, Galerie d’art Albright-Knox, Buffalo (États-Unis)
Gauguin a représenté ce Christ en croix dans un paysage aux couleurs de l’automne, celui de la colline sainte Marguerite qui surplombe le village de Saint Aven et que Gauguin pouvait voir de l’atelier qu’il avait alors loué à Lavezen.
Gauguin s’est inspiré d’un Christ en bois polychrome du 17e de facture populaire qui se trouve dans la chapelle proche de Tremalo.
Des bretonnes, habits et coiffes traditionnels, sont agenouillées au pied de la croix.
Ainsi il s’inspire de ce qui l’entoure et il compose une œuvre imaginaire implantant ce grand crucifix qui structure le tableau en pleine campagne. Cette croix se dresse sur un Golgotha symbolisé par une masse grise au premier plan.
Les trois bretonnes peuvent être assimilées aux trois Marie au Calvaire.
La couleur jaune de ce Christ rend une image de souffrance sublimée. Le jaune s’oppose aux couleurs automnales des arbres qui eux reprennent la couleur du bois de la croix.
Les traits du Christ sont les propres traits du peintre. Mais les grands bras étendus évoquent un geste protecteur.
L’ensemble du tableau est lumineux, évoquant ainsi une croix de gloire.
De plus, ces couleurs automnales sont à rapprocher des récoltes qui arrivent en fin du cycle de la vie de la graine : naissance, vie, mort et renaissance, cycle de la vie chrétienne.
Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens lance un magnifique cri d’espérance en la résurrection et en la victoire définitive et universelle du Christ sur la mort. Ce cri de triomphe inspiré de l’Écriture (Isaïe et Osée) se termine par une action de grâce.
Il finit en ramenant ses frères bien-aimés, les Corinthiens, sur le terrain de leur vie quotidienne et il les invite à prendre part à l’œuvre du Seigneur avec une fidélité forte, dynamique et pleine d’espérance.
Le texte biblique
Et quand cet être périssable aura revêtu ce qui est impérissable, quand cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire.
Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ?
L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; ce qui donne force au péché, c’est la Loi.
Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ.
Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue.
1 Cor, 15-54-58
Commentaires
Notre Seigneur a été piétiné par la mort, mais, en retour, il a frayé un chemin qui écrase la mort.
Il s’est soumis à la mort et il l’a subie volontairement pour la détruire malgré elle.
Car notre Seigneur est sorti en portant sa croix, sur l’ordre de la mort. Mais il a crié sur la croix et il a tiré les morts des enfers, quoique la mort s’y refusât.
Dans le corps qu’il avait, la mort l’a fait mourir ; et c’est par les mêmes armes qu’il a remporté la victoire sur la mort. Sa divinité, se dissimulant sous l’humanité, s’est ainsi approchée de la mort qui a tué et en est morte ; la mort a tué la vie naturelle, mais la vie surnaturelle à son tour a tué la mort.Parce que la mort n’aurait pas pu le dévorer s’il n’avait pas eu de corps, parce que l’enfer n’aurait pas pu l’engloutir s’il n’avait pas eu de chair, il est venu jusqu’à la Vierge afin d’y trouver la chair qui le porterait aux enfers. […] Mais, après avoir pris un corps, il est entré aux enfers, il leur a arraché leurs trésors qu’il a dispersés.
[..]
Il est le glorieux fils du charpentier qui, sur le char de sa croix, vint au-dessus de la gueule vorace des enfers et transféra le genre humain dans la demeure de la vie.
Et parce que, à cause de l’arbre du paradis, le genre humain était tombé dans les enfers, c’est par l’arbre de la croix qu’il est passé dans la demeure de la vie.
Sur ce bois avait donc été greffée l’amertume ; mais sur celui-ci fut greffée la douceur, pour que nous reconnaissions en lui le chef auquel ne résiste nulle créature.
Gloire à toi ! tu as jeté ta croix comme un pont au-dessus de la mort, pour que les hommes y passent du pays de la mort à celui de la vie.
[…]
Gloire à toi ! tu as revêtu le corps de l’Adam mortel et en as fait la source de la vie pour tous les mortels. »
St Ephrem (306-373), Homélie sur notre Seigneur, Victoire de la vie sur la mort