En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
L’annonce de la Bonne Nouvelle
Nicolas Poussin, (1594–1665), le sacrement de l’ordination, 1636-1640, Kimbell art museum, Texas
« Les sept sacrements » est une série de peintures réalisées par Poussin à Paris et à Rome pour son mécène Cassiano dal Pozzo, secrétaire du cardinal Francesco Barberini.
Nous regardons ici le tableau consacré au sacrement de l’ordination.
Jésus, habillé de pourpre, l’index gauche levé vers le ciel, remet les clés du Royaume des cieux à saint Pierre agenouillé devant lui, en présence de la communauté des apôtres «et moi je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre, je bâtirai mon Église »..
Les clés sont de deux couleurs, or et argent, Poussin ayant voulu évoquer le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. Le pouvoir de Pierre sur la communauté des apôtres est ainsi souligné, et Poussin réaffirme l’autorité hiérarchique du Pape, les deux clés ornent les armes du Pape.
Les apôtres entourent Pierre. Saint Augustin rappelle que « ces clefs ont été reçues non pas par un seul homme mais par l’unité de l’Église, et de là l’excellence de saint Pierre est reconnue parce qu’il représentait le total de l’unité de l’Eglise ».
Les apôtres sont représentés en frise, certains à genoux, d’autres debout respectueux de la parole de Jésus. Cette disposition permet d’illustrer l’autorité hiérarchique donnée à Pierre mais aussi l’unité ecclésiale incarnée dans le corps apostolique dont Judas , le dernier personnage de la frise, sera bientôt exclus.
Poussin place l’épisode sur un fond de paysage boisé, ou chaque arbre correspond à un apôtre. Le dernier arbre, celui de Judas n’est qu’un tronc mort…
Le texte biblique
Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité.
Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;
Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ;
Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra.
Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains.
Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël.
Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche.
Mt 10,1-7
Commentaires
« La moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux, priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » dit Jésus dans le verset précédent notre passage, prière que nous formulons tout spécialement ces temps-ci période où nous fêtons l’ordination des prêtres.
Jésus appelle ses disciples et les envoie.
Il éprouve de la tendresse pour les foules qui le suivent, il les voit avec les yeux de l’amour de Dieu, ce sont des gens comme des brebis sans berger !, dit Jésus constatant que les pasteurs « naturels » (scribes et pharisiens) se ferment à la nouveauté du Royaume : la moisson est ample et les moyens sont pauvres.
Cette moisson est double, terrestre, Jésus œuvre au sein de l’histoire humaine et pour cela il s’associe des collaborateurs. La moisson est aussi céleste car Dieu reste « le maître de la moisson ». les ouvriers ne sont pas les propriétaires, ils sont disponibles et prient pour que les ouvriers soient toujours plus nombreux.
Ainsi Jésus gratifie ses douze disciples de son pouvoir d’exorciste et de guérisseur. Matthieu rappelle leurs noms. Simon est en tête, Judas en dernier avec la mention de sa trahison. Il les qualifie d’apôtres, c’est à dire d’envoyés.
La suite du récit est étonnante : Jésus serait-il venu annoncer la Bonne Nouvelle seulement à ses compatriotes juifs ? Cela reflète le débat qui a agité les premiers groupes de chrétiens issus du judaïsme. Jésus, au cours de sa vie, allait toujours plus loin à la périphérie, vers les exclus et finalement vers la païens. On sait que Pierre a tranché en baptisant le païen Corneille, et Matthieu termine son Évangile sur une perspective universaliste « de toutes les nations faites des disciples ».