En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Pendant que l’Époux est avec eux
Gérard David, 1452/60-1523, Les noces de Cana, 1500, musée du Louvre
Ce tableau commandé par le marchand castillan à l’occasion de son entrées dans la confrérie du saint sang.
La scène se passe dans une galerie dallée, percée d’une colonnade s’ouvrant sur la vue de la ville, sans doute Bruges.
Une table est richement dressée, vaisselle précieuse et mets raffinés. Les invités s’affairent autour de la table, entourant la mariée aux cheveux défaits.
Jésus et Marie sont présents, eux-mêmes vêtus simplement, sans ornements et vêtements sombres, à part le voile blanc de Marie, leur seule parure étant les auréoles composées de traits d’or entourant leurs têtes. Jésus bénit la table. Ils participent à la fête.
Au premier plan deux hommes, l’un debout, l’autre agenouillé sont affairés autour des cruches et de coupes. La fête doit continuer malgré le manque de vin, participer au bonheur de l’annonce du Royaume.
Le texte biblique
En ce temps-là,
les pharisiens et les scribes dirent à Jésus :
« Les disciples de Jean le Baptiste jeûnent souvent
et font des prières ;
de même ceux des pharisiens.
Au contraire, les tiens mangent et boivent ! »
Jésus leur dit :
« Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce,
pendant que l’Époux est avec eux ?
Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ;
alors, en ces jours-là, ils jeûneront. »
Il leur dit aussi en parabole :
« Personne ne déchire un morceau à un vêtement neuf
pour le coudre sur un vieux vêtement.
Autrement, on aura déchiré le neuf,
et le morceau qui vient du neuf
ne s’accordera pas avec le vieux.
Et personne ne met du vin nouveau
dans de vieilles outres ;
autrement, le vin nouveau fera éclater les outres,
il se répandra
et les outres seront perdues.
Mais on doit mettre le vin nouveau dans des outres neuves.
Jamais celui qui a bu du vin vieux ne désire du nouveau.
Car il dit : “C’est le vieux qui est bon.” »
(Lc 5, 33-39
Commentaires
Jésus est à nouveau face aux remarques critiques des scribes et des pharisiens, personnages très observants de la Loi. Jésus, lui, se montre libre considérant le cœur de l’homme plutôt que les pratiques extérieures.
Il s’agit ici de l’attitude des disciples de Jean Baptiste qui suivent Jésus sans pratiquer le jeûne préconisé par Jean Baptiste. Jésus rappelle qu’il n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir, lui donner son vrai sens.
« Jésus a apporté toute nouveauté », comme le dit Irénée de Lyon (Contre les hérésies livre 4, tome 2) . Avec la prédication de Jésus préparée par celle de Jean, la grande nouveauté est celle du Royaume qui vient, Royaume qui est la personne de Jésus lui-même, mort et ressuscité, rendue présente par l’Esprit Saint.
L’Esprit nous fait entrer dans la Nouvelle Alliance avec la capacité qui nous est donnée de vivre selon ses exigences propres, à l’image de Jésus.
Cependant nous restons des hommes fragiles et nous portons cette nouveauté dans des vases d’argiles.
Pour expliquer cette radicale nouveauté des noces entre Dieu et son peuple, Jésus développe deux images : celle du vieux vêtement que l’on ne peut rapiécer avec un tissu neuf sous peine de le voir se déchirer encore plus. Ensuite celle du vin nouveau que l’on ne peut mettre dans de vieilles outres sous peine de les voir éclater.
Jésus n’est pas venue faire du rapiéçage, mais tout changer, faire du nouveau. Nous devenons unis au Fils, enfants du Père.
L’amour que Jésus nous montre et nous enseigne à vivre ne peut pas se contenter de respecter une série de normes et de rites, mais il consiste à aimer toujours plus et sans relâche.