En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La Lettre et l’Esprit
Juseppe de Ribera, 1591-1652, Moïse, 1638, église de la Certosa, dit San Martino, Naples
Ribera est un peintre graveur espagnol de l’époque baroque ; avec Le Caravage, il est un des représentants du ténébrisme et de l’époque napolitaine.
Ce tableau fut commandé à Ribéra, en même temps qu’un autre représentant Elie, et douze toiles représentant les prophètes placées dans les écoinçons au dessus des arcades de la nef centrale, pour décorer le mur d’entrée de l’église de la Certosa à Naples.
Moïse est figuré avec une longue chevelure et une barbe épaisse. Il indique avec l’index de la main droite les tables de la loi. La composition est très simple, Ribera s’éloigne des compositions compliquées et typiques du baroque italien et préfère donner une intensité émotive.
La vigueur naturaliste du visage est impressionnante et rare à l’époque, Ribera donnant une vision ascétique du prophète.
L’intensité de l’expression est extraordinaire ; deux aspects sont soulignés : la Loi écrite sur les tables et l’inspiration divine traduite par les rayons de lumière qui émanent de la tête de Moïse, d’autant plus impressionnants que son visage est réaliste.
Le texte biblique
Et si nous avons une telle confiance en Dieu par le Christ,
ce n’est pas à cause d’une capacité personnelle que nous pourrions nous attribuer : notre capacité vient de Dieu.
Lui nous a rendus capables d’être les ministres d’une Alliance nouvelle, fondée non pas sur la lettre mais dans l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie.
Le ministère de la mort, celui de la Loi gravée en lettres sur des pierres, avait déjà une telle gloire que les fils d’Israël ne pouvaient pas fixer le visage de Moïse à cause de la gloire, pourtant passagère, qui rayonnait de son visage.
Combien plus grande alors sera la gloire du ministère de l’Esprit !
Le ministère qui entraînait la condamnation, celui de la Loi, était déjà rayonnant de gloire ; combien plus grande sera la gloire du ministère qui fait de nous des justes !
Non, vraiment, ce qui, dans une certaine mesure, a été glorieux ne l’est plus, parce qu’il y a maintenant une gloire incomparable.
Si, en effet, ce qui était passager a connu un moment de gloire, combien plus ce qui demeure restera-t-il dans la gloire !
(2 Co 3, 4-11)
Commentaires
Paul manifeste une fois de plus son assurance dans sa foi en Dieu et en la mission que Dieu lui a confiée. Mais il reconnaît qu’il n’en est pas capable de lui-même, c’est Esprit qu’il l’a rendu apte à annoncer l’Evangile. Sa capacité vient de Dieu.
Il rappelle que les Corinthiens sont certes appelés mais qu’ils n’existent qu’en Christ. Et cela souligne une nouveauté inouïe : l’Alliance désormais est ouverte à tous ceux en qui s’opère l’action du Saint Esprit. L’alliance est celle de l’Esprit du Dieu vivant, l’Esprit qui donne la vie. Paul marque ainsi l’opposition entre le Christ et la Loi, entre l’Évangile et la tradition de Moïse. Le texte écrit existe toujours, mais désormais il est animé par l’Esprit, « l’Esprit donne la vie »
Ceci amène Paul a mettre en parallèle les deux formes d’intervention de la gloire et la différence de situation entre le visage de Moïse et le nôtre. La gloire est la puissance de Dieu souveraine, lumineuse, conductrice et sanctificatrice.
Le visage de Moïse descendant du Sinaï rayonnait d’une telle gloire que l’on ne pouvait fixer son regard sur lui. Ainsi Moïse se cache le visage d’un voile et le retire lors de ses rencontres avec Dieu. La présence de Dieu manifestée part la gloire est donc réservée au seul Moïse et valable seulement pour un temps. Mais la gloire de l’Esprit Saint est bien plus grande, elle est permanente et valable pour tous.
La nouvelle Alliance nous replace dans une juste relation avec Dieu. l’ancienne Alliance paraît ainsi se résorber dans la nouveauté qui l’illumine et la submerge.