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Centre d'enseignement de théologie à distance

Le livre de tobie

Rembrandt , 1607-1669, Tobit et Anne 1659, musee de Rotterdam, Boijmans van Beuningen  

Rembrandt est souvent revenu sur l’histoire de Tobie dans son œuvre. On ne compte pas moins de 50 représentations de cette histoire entre 1625 et 1660, cinq tableaux, des gravures et dessins.

Cette peinture des années 50 (qui lui a été ré-attribuée dans les années 2010) est dans la lignée de son changement de style à cette époque.

Il est reconnu bien au-delà des frontières de son pays, mais ne se contente pas de ce succès et poursuit sa quête d’un art où la beauté se trouve liée à une vision humaniste et religieuse de la vie. Il revient sur des thèmes qu’il a traités auparavant, comme l’histoire de Tobie. Il se concentre sur la manière de traiter la lumière. Ici il fait entrer la lumière par la fenêtre, éclairant la coiffe d’Anne la femme de Tobie, qui nous tourne le dos, mais reléguant le vieillard prostré dans l’ombre au coin de sa cheminée.

Tobie est un homme bienveillant qui s’occupe tous les jours des gens affligés par leur captivité. Il est devenu aveugle ayant reçu de la fiente d’oiseau dans les yeux. Rude épreuve, cependant il garde confiance et prie sans cesse le Seigneur.

Il représente Tobie et sa femme dans leur logement, intérieur pauvre et bien réel, nous faisant entrer dans l’intimité de ce ménage. C’est une époque où Rembrandt connaît de grandes difficultés tant financières que sentimentales. De cette situation Rembrandt tire une source de grandeur que nous ressentons à travers ce tableau misérable où la dignité, la confiance dans la prière de Tobie est manifeste. La vision esthétique de Rembrandt interroge sur le destin et les croyances de l’homme, bien au-delà des apparences.

Le texte biblique

La mort dans l’âme, je gémissais et je pleurais ; puis, au milieu de mes gémissements, je commençai à prier :

« Tu es juste, Seigneur, toutes tes œuvres sont justes, tous tes chemins, miséricorde et vérité ; c’est toi qui juges le monde.

Et maintenant, Seigneur, souviens-toi de moi et regarde : ne me punis pas pour mes péchés, mes égarements, ni pour ceux de mes pères, qui ont péché devant toi

et refusé d’entendre tes commandements. Tu nous as livrés au pillage, à la déportation et à la mort, pour être la fable, la risée, le sarcasme de toutes les nations où tu nous as disséminés.

 Et maintenant encore, ils sont vrais les nombreux jugements que tu portes contre moi, pour mes péchés et ceux de mes pères, car nous n’avons pas pratiqué tes commandements ni marché dans la vérité devant toi.

Et maintenant, agis avec moi comme il te plaira, ordonne que mon souffle me soit repris, pour que je disparaisse de la face de la terre et devienne, moi-même, terre. Pour moi, mieux vaut mourir que vivre, car j’ai entendu des insultes mensongères, et je suis accablé de tristesse. Seigneur, ordonne que je sois délivré de cette adversité, laisse-moi partir au séjour éternel, et ne détourne pas de moi ta face, Seigneur. Car, pour moi, mieux vaut mourir que connaître tant d’adversité à longueur de vie. Ainsi, je n’aurai plus à entendre de telles insultes. »

 Or ce jour-là, Sarra, la fille de Ragouël d’Ecbatane en Médie, se fit, elle aussi, insulter par une jeune servante de son père :

 elle avait été mariée sept fois, et Asmodée, le pire des démons, tuait les maris avant qu’ils ne se soient approchés d’elle. Donc, la servante dit à Sarra : « C’est toi qui as tué tes maris ! En voilà déjà sept à qui tu as été donnée en mariage, et d’aucun d’entre eux tu n’as porté le nom.

 Pourquoi nous fouetter, sous prétexte que tes maris sont morts ? Va les rejoindre : puissions-nous ne jamais voir de toi un fils ni une fille ! »

 Ce jour-là, Sarra, la mort dans l’âme, se mit à pleurer. Et elle monta dans la chambre haute de la maison de son père avec l’intention de se pendre. Mais, à la réflexion, elle se dit : « Eh bien, non ! On irait insulter mon père et lui dire : “Tu n’avais qu’une fille, une fille très aimée, et elle s’est pendue à cause de ses malheurs !” Je ferais ainsi descendre mon vieux père plein de tristesse au séjour des morts. Mieux vaut pour moi ne pas me pendre, mais supplier le Seigneur de me faire mourir, pour que je n’aie plus à entendre de telles insultes à longueur de vie. »

 À l’instant même, elle étendit les mains vers la fenêtre et fit cette prière : « Béni sois-tu, Dieu de miséricorde ; béni soit ton nom pour les siècles ; que toutes tes œuvres te bénissent à jamais !

 À cet instant précis, la prière de l’un et de l’autre fut portée en présence de la gloire de Dieu où elle fut entendue.

 Et Raphaël fut envoyé pour les guérir tous deux : à Tobith pour enlever le voile blanchâtre qui couvrait ses yeux afin que, de ses yeux, il voie la lumière de Dieu, et à Sarra, fille de Ragouël, pour la donner en mariage à Tobie, fils de Tobith, et expulser d’elle Asmodée, le pire des démons ; en effet c’est à Tobie que revenait le droit de l’épouser plutôt qu’à tous ses prétendants.

Tb 3, 1-11.16-17a

Commentaires

Le livre de Tobie est un roman populaire tout imprégné de l’idéal de piété du judaïsme tardif.Il décrit les mésaventures et Tobit et de son fils Tobie dans le monde des juifs exilés au sein du vaste empire perse.

Tobit est devenu aveugle après s’être endormi sous un nid d’oiseau.
Sara est une jeune fille qui n’arrive pas à garder ses maris, ils trouvent la mort avant leur union.
Les deux prient le Seigneur et demandent l’un et l’autre la mort pour ne plus supporter les insultes.

C’est une de ces prières qui ouvre le chapitre que nous lisons aujourd’hui..

Tobie désire mourir plutôt que de passer sa vie avec son mal et entendre les outrages et moqueries à son encontre. Il invoque Dieu, le Juste. Ses demandes sont multiples, que Dieu se souvienne de lui, que Dieu ne le punisse pas pour ses fautes et ceux de ses pères ; Tobit reconnaît ainsi les erreurs commises par le peuple qui ont entraînée la captivité du peuple d’Israël. Ses demandes ressemblent à celles de Job, et comme Job Tobie souhaite redevenir poussière.

Sara, à son tour se fait insulter par sa servante qui l’accuse de tuer ses fiancés ; en fait c’est Asmodée, le pire des démons qui est responsable de cette hécatombe,. Sara est désespérée et décide de se pendre, mais cela pourrait faire désespérer son père ! Amour filial…

Tout comme Tobit, elle ne reste pas centrée sur elle-même et elle fait appel à Dieu. Sa prière commence par une louange, bénissant Dieu de miséricorde, rappelant les paroles du ps 122 : nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu, attendent sa pitié.

Le prière simultanée de Tobit et de Sara est entendue par Dieu et Raphaël, l’ange du Seigneur, est envoyé pour guérir Tobie de sa cécité et Sara est délivrée d’Asmodée. Il devra aussi donner Sara comme femme à Tobie fils de Tobit, et assurer ainsi le triomphe de la vie, là où la mort avait sembler régner..

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