En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Careme ( 7) tout est accompli
Salvador Dali, 1904-1989, Christ de saint Jean de la Croix, 1951, musée de Glasgow
Salvador Dali est peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain! catalan ; c’est l’un des principaux représentants du surréalisme. Après diverses pérégrinations dues notamment à la guerre, en revenant en Catalogne en 1949, il opéra un virage vers le catholicisme et se rapprocha de la peinture de de la Renaissance.
Au printemps 1950, Dali rencontre le Père Bruno de Jésus Marie (1892-1962, carme) qui lui montre une reproduction du dessin de Jean de la Croix, exécuté pour une moniale et conservé dans un ostensoir au monastère des carmélites de l’Incarnation à Avila.
Dali a été très impressionné, et produit des dessins préparatoires inscrivant le corps du Christ dans un triangle et la tête décentrée vers le bas. L’originalité de la perspective et l’habileté technique rendirent la toile très célèbre.
Ainsi Dali reprend à Jean de la Croix sa vision du Christ crucifié qui surplombe l’humanité, symbolisée au bas du tableau par la barque et les deux pécheurs qui ramassent leurs filets dans la baie de Port Lligat, près de Cadaques en Espagne, où il habitait.
Entre le crucifié et la baie s’intercalent des nuages aux tons mystérieux, illuminés par la clarté qui émane du corps de Jésus. Ce puissant clair obscur qui sert à rehausser le corps de Jésus, provoque un effet dramatique impressionnant.
Le Christ est représenté de façon humaine et simple. Il a les cheveux courts, son corps ne paraît pas blessé, semble ne pas être cloué sur la croix. Aucun attributs classiques de la crucifixion ne sont représentés. Dali commente son œuvre : « Pour moi, ce tableau devait être exécuté comme une conséquence d’un état d’extase » ; « Ma principale préoccupation était de peindre un Christ beau comme le Dieu même qu’il incarne »
Le texte biblique
Tout est accompli
Jn 19,30
Commentaires
Cette parole du Christ n’est pas un cri de fin, mais un cri de triomphe, tout est accompli, c’est achevé, parfait.
Jésus avait lavé les pieds de ses disciples en signe d’amour, il atteint ici la perfection de l’amour.
La perfection de l’amour c’est quand nous acceptons le don que nous fait l’autre. Jésus a accepté le vin/vinaigre que buvaient les soldats, tel qu’il est. Si nous acceptons ce don avec reconnaissance, alors notre amour est sur le chemin de la perfection. Si nous commençons à aimer, l’amour parfait de Dieu peut venir résider dans notre amour fragile et insuffisant.
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Salvador Dalí explique humblement :
« Le Ciel, voilà ce que mon âme éprise d’absolu a cherché tout au long d’une vie qui a pu paraître à certains confuse et, pour tout dire parfumée au soufre du démon. Le Ciel ! Malheur à celui qui ne comprendra pas cela. […] Le Ciel ne se trouve ni en haut, ni en bas, ni à droite, ni à gauche, le Ciel est exactement au centre de la poitrine de l’homme qui a la Foi.
P.S. Á cette heure je n’ai pas encore la Foi et je crains de mourir sans Ciel. »
Au jour le jour, comment célébrer le Mystère de l’Amour de Dieu pour tous les hommes? En vivant moi-même cet amour envers ceux et celles qui m’ entourent. En réservant des temps de disponibilité, d’écoute, de service, ma prière portera des fruits.
Mon désir est de me laisser davantage aimer et servir par Jésus, afin de mieux le reconnaître en chaque personne qu’il me donne à aimer et à servir en son nom. Il ne m’est demandé que d’esquisser. Rien n’est vain, fût-ce la plus petite part!
Dieu se charge du reste. « Tout est déjà accompli! »…
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Dans les derniers moments de sa vie, avant de remettre l’esprit à son Père, Jésus dit : « Tout est accompli ! » (Jn 19,30). Que signifie cette parole que dit Jésus : « Tout est accompli ! » ? Cela signifie que l’œuvre du salut est accomplie, que toutes les Écritures trouvent leur plein accomplissement dans l’amour du Christ, l’Agneau immolé. Par son sacrifice, Jésus a transformé la plus grande iniquité dans le plus grand amour.
Au cours des siècles, des hommes et des femmes, par le témoignage de leur existence, reflètent un rayon de cet amour parfait, plein, non contaminé. J’aime rappeler un témoin héroïque de notre époque, le père Andrea Santoro, prêtre du diocèse de Rome et missionnaire en Turquie. Quelques jours avant d’être assassiné à Trébizonde, il écrivait : « Je suis ici pour habiter au milieu de ce peuple et permettre à Jésus de le faire en lui prêtant ma chair… On ne devient capables du salut qu’en offrant sa propre chair. Le mal qui est dans le monde doit être porté et la souffrance doit être partagée, en l’absorbant dans notre propre chair jusqu’au bout, comme l’a fait Jésus » (A. Polselli, Don Andrea Santoro, les héritages, Città Nuova, Rome 2008, p. 31). Que cet exemple d’un homme de notre époque, et tant d’autres, nous soutiennent dans l’offrande de notre vie comme un don d’amour pour nos frères, à l’imitation de Jésus. Et aujourd’hui aussi, il y a tant d’hommes et de femmes, de vrais martyrs, qui offrent leur vie avec Jésus pour confesser leur foi, uniquement pour cette raison. C’est un service, le service du témoignage chrétien jusqu’au sang, le service que Jésus nous a rendu : il nous a rachetés jusqu’au bout. Et c’est cela, la signification de la parole : « Tout est accompli ! ». Comme ce sera beau lorsqu’à la fin de notre vie, avec nos erreurs, nos péchés, et aussi avec nos bonnes œuvres, avec notre amour du prochain, nous pourrons dire à notre Père, comme Jésus : « Tout est accompli ! » ; non avec la perfection avec laquelle lui-même a pu le dire, mais de dire : « Seigneur, j’ai fait tout ce que j’ai pu. Tout est accompli. » En adorant la Croix, en regardant Jésus, pensons à l’amour, au service, à notre vie, aux martyrs chrétiens, et cela nous fera du bien de penser à la fin de notre vie. Personne d’entre nous ne sait quand cela arrivera, mais nous pouvons demander la grâce de pouvoir dire : « Père, j’ai fait tout ce que j’ai pu. Tout est accompli. »
Pape François, Homélie, 1er avril 2015
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Prière de saint Bonaventure
O bon Jésus ! bonté suprême qui êtes notre justice ; ô vrai Jésus ! Vérité souveraine qui êtes notre science; ô doux Jésus! charité ineffable et notre rédemption; ô saint Jésus ! sainteté sans tache et notre sanctification ; consommez en nous la grâce, consommez la justice, consommez notre conscience, consommez notre joie.