En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Une invitation a la confiance
Apocalypse d’Angers , 4e pièce, registre du bas, 14e siècle, musée de la Tapisserie de l’Apocalypse.
La fameuse tapisserie de l’Apocalypse représente l’Apocalypse de Jean réalisée à la fin du 14e siècle sur la commande du duc Louis 1er d’Anjou.
Il s’agit du plus important ensemble de tapisseries médiévales subsistant au monde, composée de six pièces découpées chacune en 14 tableaux. Les cartons sont de Hennequin de Bruges.
La thématique de l’Apocalypse est fréquente à une époque marquée par la peste noire qui fait des ravages épouvantables, et par la guerre de Cent ans qui trouble le Royaume de France.
La tapisserie illustre de manière fidèle le texte de l’Apocalypse.
Dans sa mandorle, le Christ couronné tient dans sa main une faucille et de l’autre un sceptre à fleur de lys l’assimilant au roi de France. Il donne l’ordre à ses anges faire la moisson.
Les couleurs sont incroyablement conservées dans leur fraîcheur et leur vivacité.
Le texte biblique
Alors j’ai vu : et voici une nuée blanche, et sur cette nuée, quelqu’un siégeait, qui semblait un Fils d’homme. Il avait sur la tête une couronne d’or et, à la main, une faucille aiguisée.
Un autre ange sortit du Sanctuaire. Il cria d’une voix forte à celui qui siégeait sur la nuée : « Lance ta faucille et moissonne : elle est venue, l’heure de la moisson, car la moisson de la terre se dessèche. »
Alors, celui qui siégeait sur la nuée jeta la faucille sur la terre, et la terre fut moissonnée.
Puis un autre ange sortit du Sanctuaire qui est dans le ciel ; il avait, lui aussi, une faucille aiguisée.
Un autre ange encore sortit, venant de l’autel ; il avait pouvoir sur le feu. Il interpella d’une voix forte celui qui avait la faucille aiguisée : « Lance ta faucille aiguisée, et vendange les grappes de la vigne sur la terre, car les raisins sont mûrs. »
L’ange, alors, jeta la faucille sur la terre, il vendangea la vigne de la terre et jeta la vendange dans la cuve immense de la fureur de Dieu.
Ap 14,14-19
Commentaires
Jean décrit une nouvelle vision où figure Quelqu’un qui siège semblable à un fils d’homme, accompagné de trois nouveaux anges.
L’action des personnages tourne autour de l’utilisation d’une faucille pour la moisson de la terre, et pour la vendange de la vigne, un seul outil car la mesure du jugement est égale pour tous.
Cette image de la faucille vient du livre de Joël qui décrit le jugement final des nations, une scène à forte connotation eschatologique : « Lancez la faucille : la moisson est mûre ; venez fouler la vendange : le pressoir est rempli et les cuves débordent de tout le mal qu’ils ont fait ! » (Jl 4,13).
Le personnage qui occupe le devant de la scène est le même que celui de la vision inaugurale (Ap 1,13) : le Christ ressuscité présent au cœur de son église. Il est pleinement investi de l’autorité divine , il est accompagné de la nuée, signe de la présence et de le bienveillance divines comme il est dit dans le livre de l’Exode. La couronne d’or signifie sa dignité royale ainsi que la condition glorieuse du peuple de Dieu.
Trois anges apparaissent, l’un sort du sanctuaire, l’autre vient du temple qui est dans le ciel, et le troisième vient de l’autel. Ces trois lieux font référence au lieu où réside la gloire de Dieu et où les croyants se rassemblent pour supplier Dieu et pour célébrer ses hauts faits pour le salut.
Le jugement s’effectue sous l’autorité de Dieu qui donne ses ordres. L’ange confirme que l’heure du jugement est venue. La moisson en représente le côté positif, le rassemblement des justes, rôle attribué au Fils de l’Homme. Il revient à un ange d’exécuter le versant négatif du jugement, la vendange. L’ordre de vendanger vient de l’ange qui détient le feu du châtiment divin. Un autre ange répond aux attentes des martyrs sous l’autel, intercédant pour eux.
En effet, contrairement à l’usage que l’on en fait trop souvent, les visions de l’Apocalypse n’ont pas pour but de nous effrayer, mais au contraire de conforter ceux qui souffrent à cause de leur foi, en leur assurant le triomphe final du Christ sur toutes les forces du mal.