En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Suivre Jésus
Frères Limbourg, vers 1380/1416, mois de mars, Les très riches heures du duc de Berry, 1402/1416, musée Condé , Chantilly
Les très riches heures du duc de Berry est un livre d’heures commandé par le duc Jean 1er de Berry vers 1410 aux frères Limbourg. Le manuscrit fut sans doute complété par la suite jusque vers 1440.
Le calendrier est sans doute l’ensemble de miniatures le plus célèbre du livre.
Nous regardons ici un détail de la page illustrant le mois de mars, mois des labours.
Un paysan laboure un champ à l’aide d’une charrue tirée par deux bœufs, l’homme se dirigeant à l’aide d’une longue gaule. Des vignerons taillent la vigne dans un enclos à gauche et labourent le sol à l’aide d’une houe pour aérer le sol. Sur la droite un homme se penche sur un sac pour y prendre les graines qu’il va semer. Travaux indispensables pour l’agriculture à l’approche du printemps.
Le soc de la charrue se situant devant, il fallait regarder bien devant soi pour voir si les sillons qu’on traçait étaient bien droits. Celui qui regardait en arrière ne pouvait pas porter attention au travail qu’il faisait.
Le texte biblique
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. »
Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. »
Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »
Lc 9,57-62
Commentaires
Combien il est difficile de suivre Jésus ! Jésus le rappelle à plusieurs reprises.
Dans le judaïsme rabbinique, l’homme choisit le maître auprès duquel il veut travailler, il quitte sa famille pour un temps et s’installe chez son maître.
Jésus explique au candidat que sa vie n’est pas facile, il n’a pas de maison et erre de lieu en lieu car il est rejeté par les différentes communautés ou villages. D’ailleurs sa mission est de porter toujours plus loin son message dans les villages de Galilée et au-delà ; il doit sans cesse aller ailleurs. Celui qui veut le suivre doit accepter ce style de vie, ignorant où il trouvera un toit pour le soir.
L’image des abris des renards et des oiseaux, si précaires soient ils, contraste avec le dénuement du Fils de l’Homme.
Les différents candidats ont l’air d’acquiescer, mais ils manifestent leur désir d’accomplir avant de partir ce qui leur semble une priorité : l’un désire ensevelir son père, objection de taille dans le monde oriental. Or, Jésus lui réplique durement : « laisse les morts enterrer leurs morts », ce qui conduit à lâcher ses propres racines. C’est que l’urgence est de proclamer le Règne de Dieu. Le service de cette Bonne Nouvelle est premier et passe avant les liens familiaux pourtant bénis par Dieu.
Un autre exemple rappelle l’appel d’Élisée comme disciple du prophète Élie. Alors qu’il était en train de labourer avec une paire de bœufs (1 R 19,19-21), il avait demandé à Élie l’autorisation d’aller embrasser son père et sa mère avant de suivre Élie. Mais Jésus est encore plus exigeant : quand on commence à labourer le champ où Dieu fait éclore son règne, on ne peut regarder en arrière. Il ne s’agit pas de renier ou d’abandonner sa famille, mais elle fait partie de ce qu’on doit laisser derrière soi.