En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La prière de Jésus
Jozef Israëls, 1824-1911, La prière du berger (1864) Museum of Art, Toledo, Ohio,USA
Josef Israëls est un peintre réaliste néerlandais du début du 20 ème siècle ;. En activité en France et aux Pays Bas, il illustre la veine du réalisme social et peindra notamment les déshérités du ghetto d’Amsterdam.
Josef Israels a souvent été comparé à Jean François Millet, car tous deux ont vu dans la vie des pauvres et des humbles un moyen d’exprimer leur amour pour l’homme. Mais Millet fut le poète de la vie rurale paisible, alors que Israels ajoute une connotation de malheur, avec émotion et pitié.
La prière du berger nous met en présence de deux pauvres paysans dans un immense paysage avec au loin un troupeau de moutons. Ils se sont arrêtés pour prier.
Mains jointes, recueillement pour s’adresser à Dieu, le Père, notre Père. Les bergers sont calmes et paisibles, ils savent que Dieu les écoutera et les exaucera. Le pain, la boisson sont les éléments nécessaires à la vie, c’est l’objet de leur prière.
Leur attitude est humble, ils s’adressent au Dieu tout puissant, qu’ils appellent et veulent reconnaître. Ils appellent Dieu à venir à leurs côtés, eux qui travaillent en ouvriers du Royaume.
Tout est calme et confiance tant dans l’attitude de l’homme et de la femme que celle du chien et des moutons qui sont au loin dans ce paysage paisible. Rien n’interrompt la prière.
Le texte biblique
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne.
Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour.
Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui nous ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Lc 11, 1-4
Commentaires
Nous lisons le passage bien connu où les disciples qui voient Jésus prier et lui demandent de leur apprendre à prier. Ils voudraient disposer, à côté des prières officielles de la liturgie juive, d’une prière propre au groupe.
La version de l’évangile de Luc est plus brève que celle de Matthieu qui est amplifiée par l’usage liturgique des premiers chrétiens.
Jésus invite de s’adresser au Père, comme lui-même le fait (cf Lc 10,21).
Les deux premières requêtes : « que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne », ont un parallèle dans la prière juive du Qaddish : « fais connaître à tous qui tu es ».
Dans la prière de Jésus, le priant demande à Dieu qu’il « sanctifie son nom » en manifestant sa présence souveraine et compatissante. La venue de son Règne, présent et caché avec le Christ, est souhaitée proche et visible.
Les trois requêtes suivantes concernent la survie, le pardon et la sécurité des priants. Que le pain soit donné comme l’a été la manne dans le désert (Ex 16) et ce chaque jour, car c’est dans l’aujourd’hui que le disciple reçoit et accueille le don de Dieu qui est source de vie.
Luc souligne ainsi l’abandon absolu de celui qui prie à la miséricorde divine, sans souci du lendemain.
Le pardon demeure un don gratuit de Dieu, mais le priant s’engage lui aussi à pardonner.
La tentation reste une épreuve qui conduit à être séparé de Dieu. Le priant supplie que Dieu ne le laisse pas entrer en tentation (cf la nouvelle traduction liturgique du Notre Père).
La grande nouveauté de cette prière est son universalité, alors que le Qaddish centre ses requêtes sur Israël et la Terre Sainte.