En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Elie champion du Seigneur en face de Baal
Eugène Boudin (1824-1898), Ciel d’orage sur l’estuaire du Havre (vers 1892-1896),
musée d’Art moderne André Malraux, Le Havre,
Courbet s’exclame, peignant aux côtés de Boudin : « En vérité, mon cher vous êtes un séraphin, il n’y a que vous qui connaissiez le ciel. »
Boudin étudie sans cesse les cieux, les nuages, au crayon, au pastel, à l’aquarelle, à l ‘huile.
A la fin de sa vie, il tendra à la limite de l’abstraction.
Parfois il consigne des données objectives de type météorologique ou des remarques poétiques.
Baudelaire commente : « à la fin tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et roses, suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l’éloquence de l’opium » (salon de 1859).
Le texte biblique
Le prophète Élie dit au roi Acab : « Monte, tu peux maintenant manger et boire, car j’entends le grondement de la pluie. »
Acab monta pour aller manger et boire. Élie, de son côté, monta sur le sommet du Carmel, il se courba vers la terre et mit son visage entre ses genoux.
Il dit à son serviteur : « Monte, et regarde du côté de la mer. » Le serviteur monta, regarda et dit : « Il n’y a rien. » Sept fois de suite, Élie lui dit : « Retourne. »
La septième fois, le serviteur annonça : « Voilà un nuage qui monte de la mer, gros comme le poing. » Alors Élie dit au serviteur : « Va dire au roi Acab : “Attelle ton char et descends de la montagne, avant d’être arrêté par la pluie.” »
Peu à peu, le ciel s’obscurcit de nuages, poussés par le vent, et il tomba une grosse pluie. Acab monta sur son char et partit pour la ville de Yizréel.
La main du Seigneur s’empara du prophète ; Élie retroussa son vêtement et courut en avant d’Acab jusqu’à l’entrée de la ville de Yizréel.
1 R 18,41-46
Commentaires
Nous lisons un passage du premier livre des rois communément appelé le cycle d’Élie.
Nous sommes sous le règne d’Achab qui fut roi d’Israel entre 874 et 853 av JC
La sécheresse est annoncée au début du chapitre précédent :
« Le prophète Élie, de Tishbé en Galaad, dit au roi Acab : « Par le Seigneur qui est vivant, par le Dieu d’Israël dont je suis le serviteur, pendant plusieurs années il n’y aura pas de rosée ni de pluie, à moins que j’en donne l’ordre. »
Et la pluie ne reviendra qu’à la fin de notre chapitre 18.
Pourquoi une telle calamité ? On ne le saura qu’à la fin de la grande confrontation avec les prophètes de Baal évoquée peu avant notre passage.
Le récit du duel Elie/Baal a pour but de démontrer que le Seigneur est Dieu parce qu’il envoie la foudre et amène la pluie. C’est justement sur ce point que Baal est son concurrent !
Dans la religion cananéenne, Baal est présenté comme le dieu de l’orage, donc de la pluie et de la fertilité.
La sécheresse imposée par Elie pouvait aussi bien être expliquée par la volonté de Baal (v .27) ou même sa mort saisonnière, que par la volonté du Seigneur. C’est donc seulement quand l’impuissance de Baal aura été démontrée que le peuple aura proclamé : « c’est la Seigneur qui est Dieu », qu’Élie pourra demander et obtenir le retour de la pluie.
Elie apparaît ainsi comme le champion du Seigneur. Il veut obliger le peuple à un choix radical : suivre le Seigneur.
La pluie s’approche, mais seul Élie l’entend. Habitué à reconnaître la présence de Dieu, travaillé par la Parole de Dieu, Élie, homme de foi, entend le bruit de la pluie qui va venir.
Ainsi il peut donner ses ordres au monarque Achab.
Quant à lui, il monte au sommet du mont Carmel. Sa patience sort victorieuse de l’épreuve.
La pluie de bénédiction arrive, après que le jugement de Dieu soit tombé sur l’holocauste, et seulement après qu’Israël ait reconnu le Seignenr et tourné son cœur vers lui. Et voilà comment l’œuvre de Dieu s’accomplit.
La main du Seigneur est sur Elie qui, les reins ceints, court au devant d’Achab.