En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La toussaint 2015, progresser avec les béatitudes
Chagall, 1887-1985, Le songe de Jacob, 1960-1966, musée Chagall, Nice
Jacob, se rendant chez son oncle, se coucha dans un lieu désert nommé depuis lors Béthel. Il vit dans son sommeil un échelle dont le pied s’appuyait sur la terre et dont le haut touchait le ciel. Des anges montaient et descendaient le long de cette échelle. L’extrémité de l’échelle c’est l’idéal, auquel on arrive après avoir gravi les échelons inférieur, la progression vers la sainteté.
Chagall présente deux scènes distinctes reliées par l’arrondi de la colline où s’est endormi Jacob.
A gauche dans une nuit au ton violet, Jacob voit en songe des anges monter et descendre une échelle, en dansant comme des acrobates.
A droite l’ange transparent souligné de blanc, porte un chandelier allumé qui éclaire la nuit bleue et rend manifeste l’éblouissement plein d’espoir du le message divin, de la révélation de Dieu aux hommes.
Le texte biblique
En ce temps-là,
voyant les foules, Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Commentaires
Gregore de Nysse, (331/341- après 394) propose un commentaire des Béatitudes de Matthieu en huit homélies, les présentant comme une progression pour monter de degré en degré sur l’échelle qui doit nous faire atteindre la joie parfaite.
1ère béatitude : « Bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux »
« Commençons par contempler, commençons par expliquer les premières paroles : « Heureux les pauvres en esprit : le royaume des cieux est à eux ». Si un homme cupide découvre un document qui lui indique la cachette d’un trésor, mais que l’endroit en question exige de ceux qui le convoitent sueur et effort, va-t-il renoncer à cause des difficultés, faire fi de l’aubaine, juger plus commode de ne s’imposer ni peine ni fatigue plutôt que de s’enrichir ? Ce n’est pas ainsi que se passent les choses, vous le savez bien. Mais il commence par convoquer ses amis. Il réunit de toutes parts tous les moyens qu’il peut, mobilise tous les ouvriers possibles pour conquérir le trésor caché.
Voilà le trésor, mes frères, dont parle l’Ecriture, mais la richesse se cache dans l’obscurité. Si nous aspirons à posséder l’or incorruptible, joignons les mains dans la prière, pour que le trésor se dévoile à nous : nous nous partagerons la découverte et chacun le possédera tout entier… »
5e béatitude : « Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde. »
« … La progression des béatitudes, les unes par rapport aux autres, nous prépare à nous approcher de Dieu, le bienheureux par excellence, fondement de toute béatitude.
Comme nous approchons de la sagesse par ce qui est sage, de la pureté par ce qui est pur, nous nous unissons au Bienheureux par la voie des béatitudes.
Or la béatitude appartient véritablement en propre à Dieu. Voilà pourquoi Jacob a dit que Dieu se dresse en quelque sorte au sommet de l’échelle. La participation aux béatitudes n’est donc rien d’autre que la communion avec la divinité, à laquelle le Seigneur nous conduit par ses paroles.
[…] La béatitude appelle l’homme à l’affection réciproque et à la compassion, à cause de l’inégalité et les différences des hommes, qui n’ont ni la même condition, ni la même constitution physique, ni les mêmes dispositions dans les divers domaines. La plupart du temps la vie nous offre des situations opposées : la puissance et l’esclavage, la richesse et la pauvreté, la mauvaise et la bonne santé, et toutes les autres différences.
Pour permettre à ceux qui sont dans le besoin d’arriver à égalité avec ceux qui ont d’abondantes ressources pour établir l’équilibre entre le trop et le trop peu, la compassion à l’endroit des plus pauvres est indispensable. Il n’est pas possible d’entreprendre de soulager la misère du prochain, si la pitié n’a pas attendri l’âme, de manière à lui en inspirer le désir. Car la compassion est l’opposé de la dureté. L’homme dur et brutal est inaccessible à son entourage, l’homme compatissant et miséricordieux partage avec ceux qui souffre, il s’unit à eux dans l’objet de leurs aspirations…