En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Que l’Egise ne se replie pas sur elle-même.
La guérison d’un possédé devant la synagogue de Capharnaüm, fresque de l’abbaye de Lambach, Autriche, 1090
Saint Adalbéron, dernier descendant des comtes de Wels-Lambach, devenu évêque de Würzbourg,transforme en 1056, le château de sa famille en une abbaye bénédictine.
Dans cette abbaye se trouvent les plus vieilles fresques romanes des pays germanophones du sud.
Elles ont été dégagées et mises en valeur en 1967. C’est un ensemble unique en Autriche par leur style et leurs thèmes d’inspiration beaucoup plus byzantine qu’occidentale.
Jésus est représenté devant la synagogue, au centre séparant deux groupes d’hommes. Et au premier plan un possédé guéri de la présence du démon en lui.
Un groupe comprend 12 hommes habillés de la même manière, un chiton blanc et un pallium de couleurs variées. Jésus est habillé de même. Ce sont vraisemblablement les disciples. De l’autre côté les hommes regardent la scène. Les vêtements sont moins uniformes. Ils ne font pas partie du même groupe. Tous se rapprochent de Jésus le montrant de la main.
Le texte biblique
Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
celui qui n’est pas contre nous est pour nous.
Mc 9, 38-40
Commentaires
Les disciples viennent de débattre sur la prééminence entre eux. Jean lance, sur la base d’une réaction sectaire, un nouveau sujet de discussion. Il s’indigne de voir quelqu’un pratiquer un exorcisme au nom de Jésus sans faire partie du groupe des disciples. Ils veulent donc l’en empêcher ; cela révèle une certaine intolérance du groupe qui cherchait à exclure les personnes qui se tenaient en marge, sans se réclamer d’elle entièrement.
Mais leur intransigeance ne convient pas à Jésus pour qui le vrai critère est autre. Il s’agit de ne pas dire du mal de lui, de ne pas le rejeter.
Il rappelle au souci d’ouverture envers le frère qui est proche. La consigne est à l’accueil le plus large possible de ceux qui ne sont pas notoirement des adversaires.
Les deux attitudes sont opposées : soit réduire l’exorciste étranger à l’inaction parce qu’il ne suit pas le groupe, soit intégrer l’exorciste à la propagation de la Bonne Nouvelle.
Il ne faut donc pas empêcher l’exorciste d’agir pour le bien car « celui qui n’est pas contre nous est pour nous ».
Ces mots sont très importants pour l’Église comme celle de Marc, que la persécution pousse au repli sur soi.
Les disciples sont donc invités à plus d’ouverture en vue d’un plus grand bien, en vue de possibilités plus larges de coopération dans la lutte contre les forces du mal. Que l’Egise ne se replie pas sur elle-même. Jésus n’approuve pas l’esprit de clocher pour son Église, elle doit s’ouvrir à tous et reconnaître tout ce qui, chez les autres, concourt autrement à la manifestation de la vérité.