En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Incompréhension des disciples
« La multiplication des pains », mosaïque de l’église de Chora, seconde moitié 13e/ début 14e, Istanbul
Saint Sauveur in Chora est une église d’Istanbul, une des plus belles églises byzantines de cette ville. En 1511 l’église fut convertie en mosquée par les Turcs Ottomans, et est devenue musée en 1948. L’intérieur est couvert de fines mosaïques et de fresques.
Les mosaïques furent réalisées à peu près au temps de Giotto et on peut remarquer le réalisme et la vitalité caractéristiques. Les mouvements gracieux des personnages donnent un caractère léger et élégant. Les coloris sont frais.
La scène est centrée sur les paniers de pains présentés par les disciples. Jésus se penche sur ces paniers, remarquable par sa robe de couleur plus sombre. Il porte une auréole cruciforme. Il est attentionné, il se donne, il se montre par ces pains et le miracle qu’il accomplit. A l’arrière la foule, hommes, femmes et enfants, est rassemblée. Le paysage est symboliquement représenté par une ligne ondulante de fines herbes.
Le texte biblique
Les disciples avaient oublié d’emporter des pains ; ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque.
Or Jésus leur faisait cette recommandation : « Attention ! Prenez garde au levain des pharisiens et au levain d’Hérode ! »
Mais ils discutaient entre eux sur ce manque de pains.
Jésus s’en rend compte et leur dit : « Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pains ?
Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ?
Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas !
Vous ne vous rappelez pas ?
Quand j’ai rompu les cinq pains pour cinq mille personnes, combien avez-vous ramassé de paniers pleins de morceaux ? » Ils lui répondirent : « Douze.
– Et quand j’en ai rompu sept pour quatre mille, combien avez-vous rempli de corbeilles en ramassant les morceaux ? » Ils lui répondirent : « Sept. »
Il leur disait : « Vous ne comprenez pas encore ? »
Marc 8, 14-21
Commentaires
Les disciples repartent vers Betsaïda (Mc 8,22).
Un incident d’allure banale va permettre à Jésus de parfaire la formation de ses disciples.
Il va utiliser à nouveau le symbole du pain. Finement le texte suggère au lecteur qui est véritablement le pain qui nourrit : les disciples voient qu’ils ont oublié d’emporter des pains, ils n’en n’ont qu’un seul avec eux. Puis, Jésus les met en garde contre l’usage du levain. Dans le monde juif, le levain, est symbole de corruption.
Par cette information Jésus met en garde ses disciples contre l’incrédulité, contre une mauvaise compréhension de sa personne et contre l’endurcissement du cœur.
Les préoccupations des disciples sont loin des vues spirituelles que Jésus veut leur inculquer.
Les reproches de Jésus cinglants. Marc remet dans la bouche de Jésus les accusations virulentes que les prophètes faisaient aux Israélites : « avec leurs yeux ils ne voient rien, avec leurs oreilles, ils n’entendent rien » (Jr 5,21). Le rappel de l’Écriture servait aux premiers chrétiens pour dénoncer le manque de foi des Juifs au mystère de Jésus.
Jésus rappelle à ceux qui le suivent dans la foi, l’importance des signes qu’il leur a déjà donnés. Comment ont-ils pu oublier la double multiplication des pains et ne pas en discerner la signification profonde ?
Tout est mis en œuvre pour que la question de l’identité de Jésus soit clairement posée.
Il avait démontré sa capacité à rassembler et à nourrir dans la foi un peuple de Dieu renouvelé par l’accueil des païens.
Le reproche final de Jésus devrait stimuler les disciples à une ouverture nouvelle du cœur, des yeux et des oreilles.