En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Restez en tenue de service
George de la tour (1593-1652), Saint Joseph charpentier, 1643, musée du Louvre, Paris entre 1638 et 1645
George de la Tour sait observer la réalité quotidienne et il est connu pour son goût prononcé pour les jeux d’ombre et de lumière, continuant ainsi l’œuvre de Caravage.
Ce tableau de saint Joseph le charpentier est une de ses œuvres les plus représentatives où sa maîtrise du clair obscur atteint son plus haut degré.
Saint Joseph, le père nourricier de Jésus, charpentier à Nazareth, est représenté en tenue de travail, chemise aux manches retroussées, un tablier qui laisse apparaître le bas de ses jambes et il est chaussé de socques. Il est appliqué dans son travail, il perce avec une tarière une pièce de bois qu’il maintient de son pied gauche. Ses outils sont déposés à ses pieds. Leur disposition évoque une croix et préfigure le sacrifice du Christ.
A ses côtés l ‘enfant Jésus est vêtu d’une tunique et il tient une chandelle qui éclaire la scène et dont la flamme fait apparaître ses doigts en transparence.
Qui est le maître, qui est le serviteur ? La Tour confronte le physique fruste et imposant du vieillard au regard plein d’inquiétude, à celui de l’enfant dont la pureté est mise en valeur.
Ce contraste est encore accentué par la réflexion de la lumière sur le visage de l’enfant qui semble à son tour éclairer la pièce. C’est un procédé fréquent chez La Tour. La présence de la divinité n’est -elle pas suggérée dans cette scène de la vie quotidienne ?
Le travail quotidien se poursuit en présence du Christ venu pour sauver l’humanité.
Le texte biblique
Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour.
S’il revient vers minuit ou plus tard encore et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils !
Lc 12,35-38
Commentaires
Lors de sa montée vers Jérusalem Jésus prend à part ses disciples et leur donne toute une série d’enseignements qui portent sur l’attitude requise pour la venue du royaume. C’est aussi l’attitude que doivent avoir les disciples du Ressuscité qui attendent sa venue dans la gloire.
Ici est abordé le thème de la vigilance et la fidélité.
Les disciples doivent rester en tenue de travail. Ils doivent ne pas cesser de travailler en attendant le moment d’ouvrir la porte à leur Seigneur. Ils sont comparés à des serviteurs dont le maître, parti à une noce, peut revenir à n’importe quel moment de la nuit.
Le serviteur est déclaré bienheureux si le maître le retrouve veillant, il aura part à la table du maître. L’allusion au banquet eschatologique que Dieu a prévu pour son peuple, est présente, comme Jésus précisera plus loin (Lc 22,30). De plus la récompense s’exprime jusque dans le renversement des rôles : c’est le maître qui prend la tenue de service comme il le dira aussi plus loin : « Qui donc est le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? Celui qui est à table, bien sûr ; pourtant je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » ( 22,27)