En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Sauvés par grâce, par la foi
Giovani Paolo Panini (1692- 1765) Ruines avec saint Paul prêchant,1735, musée du Prado
Panini est un peintre baroque italien, qui acquiert l’essentiel de sa gloire par ses « vedute » et ces « caprices » c’est à dire des vues imaginaires de ruines antiques. Et par là devint un célèbre décorateur de palais. Il eut une grande influence dans toute l’Europe.
Il assemble arbitrairement sous une apparence réaliste différentes ruines antiques les animant de petits personnages à la grâce toute rococo. Il est spécialement doué dans le domaine de la scénographie et confère à ses représentations un sens grandiose de l’espace.
Sont ici assemblés différents monuments antiques, depuis ces immenses colonnes qui occupent la grande hauteur du tableau,(colonnes Castor et Pollux?) la rotonde en arrière plan (temple de Vesta?) , le lion (si nombreux dans la ville de Rome!) et des bas-reliefs romains.
Paul vêtu d’un élégant vêtement jaune doré, bien que petit, occupe la scène centrale. Il est comme une statue posé sur un socle, et son geste de prêcheur est imposant. Il est d’ailleurs écouté par toute une série de petits personnages venant d’horizons différents : un soldat romain, des bergers, des femmes qui s’éparpillent dans les ruines mais tous ont les yeux tournés vers lui et sont attentifs. Paul s’adresse à tous, quelle que soit leur condition ou leur religion. Le salut est annoncé à tous les hommes.
Le texte biblique
Mais aujourd’hui, indépendamment de la Loi, Dieu a manifesté sa justice qui nous sauve : la Loi et les prophètes en sont déjà témoins.
Et cette justice de Dieu, donnée par la foi en Jésus Christ, elle est pour tous ceux qui croient. En effet, il n’y a pas de différence : tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu,
lui qui leur donne d’être des justes par sa seule grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus.
Car Dieu a exposé le Christ sur la croix afin que, par l’offrande de son sang, il soit le pardon pour ceux qui croient en lui. Ainsi Dieu voulait manifester sa justice : lui qui, au temps de sa patience, effaçait déjà les péchés d’autrefois,
il voulait manifester, au temps présent, ce qu’est sa justice qui sauve. Telle est sa manière d’être juste et de rendre juste celui qui met sa foi en Jésus.
Alors, y a-t-il de quoi s’enorgueillir ? Absolument pas. Au nom de quoi le ferions-nous ? Est-ce au nom d’une loi que nous pratiquerions ? Pas du tout. C’est au nom de la foi.
En effet, nous estimons que l’homme devient juste par la foi, indépendamment des actes prescrits par la loi de Moïse.
Ou alors, Dieu serait-il seulement le Dieu des Juifs ? N’est-il pas aussi le Dieu des païens ?
Bien sûr, il est aussi le Dieu des païens, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu :
ceux qui ont reçu la circoncision, il va les rendre justes par la foi ; et les autres, qui ne l’ont pas reçue, il les justifiera aussi au moyen de la foi.
Romains 3, 21 – 30
Commentaires
Paul commence par affirmer la nouveauté du salut par la foi.
Il souligne le « maintenant » du salut qui s’oppose aux dires des versets précédents où était affirmée l’universalité du péché. Nous sommes aujourd’hui à une nouvelle étape du dessein de Dieu. Il n’y a plus de distinction entre les hommes, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. Tous sont comme Adam créés pour la gloire(Is 43,7), mais ils se sont d’eux-mêmes dépouillés de cette gloire par leur péché.
Maintenant ceux qui croient sont justifiés par Dieu gratuitement par sa grâce en vertu de la délivrance, de la liberté rendue, qui est accomplie par Jésus.
Le geste sauveur du Christ est précisé : Dieu le Père l’a exposé sur la croix, son sacrifice efface les péchés.
Ici sont exprimés tous les éléments de base d’une théologie du salut : le geste entièrement gratuit de Dieu qui seul justifie, la délivrance et l’effacement des péchés par le sang du Christ, et une foi dans le Christ qui ne cherche appui qu’en la parole de salut adressée au croyant. Paul parle de justification plutôt que de pardon : il veut moins souligner un oubli ou un effacement des péchés, que la déclaration positive, réconciliatrice, du salut de Dieu, offert à tous sans autre condition que la foi.
S’il n’y a plus de distinction entre les Juifs et les Nations, alors où est l’orgueil ? Qui peut prétendre à une supériorité ? Le régime de la Loi (basé éminemment sur la « distinction » de l’élection ou la pureté des pratiques religieuses ) doit laisser place à un autre principe de salut situé dans le Christ seulement. L’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la Loi.
Le salut de Dieu n’est jamais un « dû », tel le salaire de quelque œuvre humaine que ce soit (R4,4). Tout est gratuit, cette gratuité venant du geste du Christ. Par la foi et non plus par la Loi, Dieu justifie à la fois le juif et le païen.
Il ne s’agit pas d’abolir la Loi, mais au contraire de l’établir, c’est à dire qu’elle se situe « autrement » par rapport à la foi. Désormais la Loi permet de mesurer la profondeur du péché et d’ouvrir plus largement les coeurs à l’infinie miséricorde de Dieu.