En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
sainte Marie Madeleine
Marc Chagall, 1887-1985, le Cantique des Cantiques 3, 1960, Musée Chagall à Nice
Chagall commence à travailler sur le Message Biblique au début des années cinquante, d’abord pour rendre vie à la Chapelle du Calvaire, à Vence, où il vit entre 1949 et 1966.
Le cycle comprend les douze tableaux illustrant la Genèse et l’Exode, les deux premiers livres de la Bible, et un ensemble de cinq peintures évoquant Le Cantique des Cantiques.
Une des ces peintures est consacrée au 3e chant du Cantique des Cantiques.
La composition est construite sur trois grandes courbes évoquant les formes féminines, elle est aussi coupée en deux par une ligne d’horizon qui délimite deux parties distinctes, partie supérieure et partie inférieure du tableau.
Chagall raconte sa propre histoire dans ce tableau.
Au centre on voit la ville de Jérusalem qui est représentée de façon double comme avec un effet de miroir : en haut la ville ressemble à saint Paul de Vence avec ses remparts, où Chagall a vécu les 40 dernières années de sa vie. A l’envers il s’agit de Vitebsk reconnaissable à l’église orthodoxe au toit vert qui la surmonte, et aux petites maisons : c’est la ville de sa naissance.
Toute la partie inférieure du tableau, à l’envers, évoque la jeunesse de l’artiste : le juif errant, portant son sac sur l’épaule, ainsi Chagall parle de ses exils. Un couple enlacé est présenté le long du bord inférieur, c’est l’image de son mariage avec Bella, désormais couchée sous la terre, elle est morte en 1944.
La partie haute est une hymne à sa nouvelle vie dans le sud de la France. Un couple de mariés est représenté sous le dais portés par deux personnages suivant la coutume hébraïque, et un ange apporte un chandelier allumé. Cela rappelle son deuxième mariage avec Valentina Brodsky en 1952. Chagall lui a dédié ce cycle.
L’acrobate qui marche sur les mains à droite en haut du tableau, évoque le cirque, autre thème majeur de la peinture de Chagall. C’est tout l’univers du peintre qui se trouve reflété dans ce Cantique des cantiques 3.
Le texte biblique
Toute la nuit j’ai cherché celui que mon coeur aime. Étendue sur mon lit,je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé !
Il faut que je me lève, que je parcoure la ville,ses rues et ses carrefours.Je veux chercher celui que mon coeur aime… Je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé !
J’ai rencontré les gardes qui parcourent la ville :« Avez-vous vu celui que mon coeur aime ? »
A peine les avais-je dépassés, ‘ai trouvé celui que mon coeur aime. e l’ai saisi, je ne le lâcherai pas.
Ct 3,1-4
Commentaires
Le poème de ce troisième chant du Cantique des Cantiques, s’ouvre sur la disparition du bien-aimé laissant la bien-aimée seule après la rencontre relatée dans le chant précédent. L’épouse pense à celui qui amène avec lui la lumière du jour, mais elle est privée de la communication intime avec celui que son âme aime.
Elle est malheureuse, affligée. Si le Seigneur nous cache sa face, il veut nous éprouver et ranimer notre amour pour lui. «Avez-vous vu celui qu’aime mon âme ?», c’est le cri de celui qui appartient à Christ.
Tout ce poème est dominé par le thème de « chercher- trouver »
La bien-aimée se lève, quitte sa nonchalance part à la quête de celui qui s’est mystérieusement dérobé. Son vocabulaire est celui de l’amour. Le cadre est maintenant la ville, les rues, les places, remplaçant ainsi le cadre campagnard. La bien-aimée a donc à faire avec les gardes, des personnes qui sont bien éloignées de ses soucis habituels.
Son oisiveté est coupable, mais l’activité qu’elle déploie va aussi dans une mauvaise direction.
Pourtant, son amour est fervent, sincère. Elle cherche son Seigneur et rien au monde ne peut le remplacer. Seul l’amour du Rédempteur peut satisfaire l’amour de l’épouse. Le Seigneur est l’objet de tous les rachetés, comme il l’est des pensées de Dieu. C’est une réelle bénédiction lorsque le Christ est le seul objet de notre esprit et de notre cœur.
Mais ce n’est pas dans ce cadre urbain qu’elle peut trouver son bien-aimé.
Alors tout à fait inopinément la quête se dénoue et les retrouvailles ont lieu. Grande joie pour la bien-aimée. Elle a trouvé celui qui est la source de toute joie, de toute bénédiction. Elle est récompensée de son ardente recherche. Si nous sommes réellement tournés vers le Seigneur nous le retrouverons.
Elle le voit, elle le saisit et ne le lâchera point. La joie du Bien-aimé est aussi grande. Si nous avons perdu celui que nous aimons, notre douleur et notre joie de le retrouver son proportionnées à notre amour pour lui.