En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
le pardon donné au paralytique
Saint Apollinaire le neuf, mosaïque de la guérison du paralytique, 6e siècle, Ravenne
Construite par le roi goth, Theodoric le Grand, au début du 6e siècle, la basilique Saint Apollinaire le Neuf fut décorée d’un immense cycle de mosaïques sur les murs de la nef, les parties supérieures représentant la vie du Christ.
Ce panneau qui reflète l’art de la mosaïque au temps de Theodoric, dans le souci du détail et la frontalité des personnages.
Le paralytique portant son grabat semble s’envoler, tout léger, guéri de sa maladie et aussi de son péché, il est libéré.
Jésus au centre plein d’autorité montre de la main qu’il ne veut pas seulement guérir le paralytique, et son regard bienveillant ouvre à la miséricorde : la « famille humaine » symbolisée par le disciple derrière Jésus, peut être libérée des « liens » du péché qui la garde prisonnière et grandir dans la paix et la justice.
Le paralytique peut désormais bouger librement, marcher sur le chemin du bien, donner le meilleur de lui. Il n’est plus paralysé, physiquement et à l’intérieur de lui, grâce à la miséricorde donnée par Jésus. Une fois guéri dans son cœur toute son existence peut refleurir : l’artiste le montre se dirigeant vers un bosquet ! Alors que le fond de la mosaïque est neutre.
Le texte biblique
Jésus monta en barque, traversa le lac et alla dans sa ville de Capharnaüm.
Et voilà qu’on lui apportait un paralysé, couché sur une civière. Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Confiance, mon fils, tes péchés sont pardonnés. »
Or, quelques scribes se disaient : « Cet homme blasphème. »
Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises ?
Qu’est-ce qui est le plus facile ? de dire : ‘Tes péchés sont pardonnés’, ou bien de dire : ‘Lève-toi et marche’ ?
Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés…» alors, il dit au paralysé : « Lève-toi, prends ta civière, et rentre chez toi. »
L’homme se leva et rentra chez lui.
En voyant cela, la foule fut saisie de crainte, et elle rendit gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes.
Mt 9,1-8
Commentaires
Capharnaüm est une ville chère à Jésus, c’est de là qu’il part pour faire lever la lumière sur ceux qui sont dans la nuit (Mt 4,12-16). Au-delà de l’histoire anecdotique de la guérison du paralytique, Jésus insiste sur la foi de l’entourage du paralytique et il remet ses péchés. Les scribes s’insurgent intérieurement : Jésus blasphème, il usurpe un pourvoir qui n’appartient qu’à Dieu.
Jésus répond pour que son auditoire comprenne : s’il guérit un paralytique, fait déjà incroyable, ne peut-on lui attribuer des pouvoirs encore plus grands ? Dans la tradition juive le terme de « Fils de l’Homme », titre fort intrigant qui chez Matthieu, correspond au fait que Jésus est mandaté par son Père pour juger l’univers au terme de l’histoire et qu’il exerce déjà son autorité sur la vie présente des hommes. Ainsi ce Fils de l’Homme tient de Dieu le pouvoir de remettre les péchés totalement dès aujourd’hui.
Le paralytique est guéri, pardonné, réintégré. Le pardon est un retour « chez lui » .
La foule est saisie d’une crainte religieuse et sa louange va « à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes sur terre ». Plus loin (chapitre 18) Matthieu soulignera que le pardon divin, transmis par Jésus, est aussi exercé par la communauté chrétienne.
Ainsi le cœur de ce texte réside sur le pouvoir de remettre les péchés et le pardon qui remet en route et renoue les relations.