En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Saint Irénée, la compréhension du dessein de Dieu
Jan Provost, (vers 1465-1529), Abraham, Sarah et l’ange, (1520), musée du Louvre
Jan Provost est un peintre néerlandais, très réputé à Anvers et à Bruges, dans la lignée de Gérard David, de Memling ou Rogier Ban Weyden. Peu de tableaux sont documentés et souvent attribués à ces autres artistes. Sa grande œuvre est un jugement dernier aujourd’hui conservé au musée de Bruges.
Ce panneau du Louvre est considéré comme étant de lui. On ignore quelle était sa destination et s’il appartenait à un retable.
L’exécution a un aspect très graphique avec la précision du dessin, l’architecture et les arbres sont représentés avec précision, ce sont les caractéristique des peintres primitifs flamands. Les personnages sont quant à eux mis en mouvements et sont bien insérés dans l’espace, marques tangibles de l’art italien de ce début de Renaissance.
Vieillard respectable, Abraham au centre dans sa belle robe rouge et son turban bleu a une expression dubitative à l’annonce que lui fait l’ange. Le jeu de ses mains, il se montre lui-même et indique Sarah, et le jeu des mains de l’ange font la narration de ce tableau, l’annonce de la naissance d’Isaac, malgré le grand age d’Abraham et de Sarah. L’ange, dans son vêtement blanc est calme, il transmet son message venant de Dieu l’index monté vers le ciel, et l’autre main montrant Sarah .
Cette dernière est cachée derrière la porte, esquisse un sourire incrédule.
Le texte biblique
Lorsque Abram eut atteint quatre-vingt-dix-neuf ans, le Seigneur lui apparut et lui dit : « Je suis le Dieu tout-puissant ; marche en ma présence et sois parfait.
J’établis mon Alliance entre moi et toi, et je multiplierai ta descendance à l’infini. »
Abram tomba la face contre terre et Dieu lui parla ainsi :
« Voici l’Alliance que je fais avec toi : tu deviendras le père d’un grand nombre de peuples.
Au lieu d’être appelé Abram, comme jusqu’ici, ton nom sera désormais Abraham, car je fais de toi le père d’un grand nombre de peuples.
Je te ferai porter des fruits à l’infini, de toi je ferai des peuples, et des rois sortiront de toi.
J’instituerai mon Alliance entre moi et toi, et après toi avec ta descendance, de génération en génération ; ce sera une Alliance perpétuelle par laquelle je serai ton Dieu, et celui de ta descendance après toi.
A toi et à ta descendance après toi je donnerai tout le pays de Canaan – ce pays où tu es venu en immigré – pour que tu en aies la possession perpétuelle, et je serai votre Dieu. »
Dieu lui dit aussi : « Tu observeras mon Alliance, toi et ta descendance après toi, de génération en génération.»
Et voici le pacte d’Alliance qui sera observé entre moi et vous, c’est-à-dire toi et ta descendance : tous vos enfants mâles seront circoncis. »
Dieu dit encore à Abraham : « Désormais, tu n’appelleras plus ta femme Saraï, mais Sara (c’est-à-dire : Princesse).
Je la bénirai en te donnant un fils par elle aussi ; oui, je la bénirai, elle donnera naissance à des nations, et elle aura des rois dans sa descendance. »
Abraham se prosterna. Il se mit à rire car il se disait : «Un homme de cent ans va-t-il avoir un fils, et Sara va-t-elle enfanter à quatre-vingt-dix ans ? »
Et il dit à Dieu : « Accorde-moi seulement qu’Ismaël vive sous ton regard ! »
Mais Dieu reprit : « Oui, vraiment, ta femme Sara te donnera un fils, tu l’appelleras Isaac. J’établirai mon Alliance avec lui, comme une Alliance perpétuelle avec sa descendance.
Quant à Ismaël, j’ai bien entendu ta prière : Je le bénis, je le ferai fructifier et se multiplier beaucoup ; il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation.
Quant à mon Alliance, c’est avec Isaac que je l’établirai, avec l’enfant que Sara va te donner l’an prochain à pareille époque. »
Lorsque Dieu eut fini de parler avec Abraham, il disparut à ses yeux.
Gn 17,1-…22)
Commentaires
Ce texte est écrit lors de l’exil, un temps où Israël sent son histoire lui échapper, il est donc essentiel de lui apporter quelques révélations fondatrices.
Notre récit s’ouvre sur une apparition de Dieu à Abram.
Dieu se présente comme le « Dieu tout puissant », en fait la traduction littérale dit le « Dieu de la steppe », c’est un nom archaïque qui désigne un Dieu mystérieux, qui remplit d’effroi et aussi qui se fait protecteur.
Dieu vient établir une alliance, Dieu vient faire une promesse inconditionnelle et efficace de Dieu. Cela est bien consolateur pour un juif exilé qui se sent impuissant. Dieu s’est engagé envers l’ancêtre Abram et ses descendants.
Mais devant cet engagement l’homme ne reste pas passif : Abram est invité à accueillir dans l’obéissance ce contrat avec son Dieu.
L’alliance se traduira par un accroissement de la communauté, et elle sera valable « de génération en génération » et « perpétuelle ». L’observance de l’alliance concerne Abram mais aussi tous ses descendants.. et la circoncision sera le signe visible de la réponse collective du peuple.
Abram, nom utilisé en Mésopotamie, voulait dire « père aimé ». Mais Abram, par cette alliance va changer de nom et devenir Abraham, qui veut dire « père d’une multitude ». Désormais par ce nom Abraham est placé sous la protection de Dieu qui en lui donnant le fait en quelque sorte de renaître et de pouvoir devenir ce que son nom exprime.
Le rite de la circoncision est imposé aux garçons. Et un châtiment extrême est demandé contre ceux qui le refusent. Après l’exil et la dispersion parmi les païens, c’est le signe d’appartenance au peuple de Dieu.
L’annonce d’un fils est primordiale. Le nom d’Isaac, veut dire « que Dieu sourie », que Dieu soit favorable. Abraham ne croit pas à cette promesse, vu son impossibilité humaine, et rie. Sarah aussi rira plus loin lors de la visite de Yaveh à Abraham au chêne de Mambre (Gn 18). Il y a là en fait un jeu énigmatique autour de ce thème du rire, rire d’incrédulité, mais qui peut se transformer, devant la merveille divine, en rire de stupéfaction heureuse.
Il est bien difficile de croire que Dieu peut surmonter l’impossible.