En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Bienheureux Jean-Paul II : le riche insensé
Simon Vouet ( 1590-1649), La richesse, vers 1640, Musée du Louvre
Cette allégorie de la richesse fut peinte par Simon Vouet pour l’un des châteaux royaux, peut-être le Château-neuf de Saint Germain en Laye, après son rappel à Paris depuis Rome où il a passé 15 ans, par le Roi Louis XIII en 1627.
Vouet dominera alors la scène artistique jusqu’à sa mort en 1649. Il va être submergé par les commandes notamment royales. Son talent est mis à profit tant pour la peinture religieuse que profane en y insufflant les nouvelles formules acquises en Italie dans la forme et dans le fond, et créant un style au coloris clair et joyeux. Son œuvre est dominée par l’élaboration d’un système décoratif qui faisait alors défaut en France et l’introduction de la mythologie et des figures allégoriques dans les décors des hôtels particulier ou dans les châteaux. Cette allégorie de la richesse est un de ces brillants fragments qui témoignent de ces ensembles dont la plupart a disparu aujourd’hui. Ce tableau devait faire pendant avec deux autres représentant la Vertu et la Charité (au musée du Louvre).
Le thème du tableau est en rapport avec la tentation et le refus des biens terrestres, le titre traditionnel de l’œuvre est devenu la « Richesse ».
Les formes généreuses des figures, l’arabesque subtile des draperies et son coloris éclatant prouvent l’aboutissement de l’art lyrique et décoratif de Vouet.
On voit donc une femme serpentine, drapée, assise devant un puissant fond d’architecture. Elle porte un enfant dans ses bras auxquels elle ne porte aucune attention, elle préfère contempler l’autre enfant qui lui présente des bijoux. Elle porte une couronne de laurier, symbole de la victoire, et est entourée d’un grand châle d’un beau jaune riche dont les couleurs rappellent l’aspect rutilant de l’or et des pierres précieuses. Son profil gracile, le nez en pointe, les joues rouges, les longs doigts souples sont caractéristiques de l’art de Vouet.
Le jeu des lumières attire l’attention sur les bijoux que tend l’angelot ainsi que sur les grands vases d’or et d’argent placés à ses pieds, dont l’un est orné de l’histoire d’Apollon et Daphné.
Par opposition un livre est placé dans l’ombre en bas à droite, la femme n’y prête pas non plus attention. Elle n’a d’yeux que pour la richesse qui l’environne.
L’enfant qui est sur ses genoux, désigne le ciel et ses richesses spirituelles, supérieures aux biens terrestres, et même au savoir représenté par le livre.
Le texte biblique
Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. »
Jésus lui répondit : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? »
Puis, s’adressant à la foule : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. »
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté.
Il se demandait : ‘Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.’
Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède.
Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’
Mais Dieu lui dit : ‘Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ?’
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »
Luc 12,13-21
Commentaires
Un homme demande à Jésus d’intervenir dans un problème d’héritage. Mais Jésus refuse d’intervenir. Sa tâche n’est pas celle d’un rabbi comme les autres, mais celle d’annoncer la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu et d’appeler à la conversion; il lui faut donc aller plus loin et analyser le fond du différend entre les eux frères.
Jésus s’adresse à la foule : au-delà d’un rappel de la Loi, Jésus met en garde contre le désir insatiable d’avoir davantage ou de posséder plus que le nécessaire.
Jésus poursuit au moyen d’une parabole : un homme riche propriétaire terrien, décide de procéder à des agrandissements pour engranger une récolte très abondante et faire des réserves pour lui-même, ainsi il pourra se reposer de nombreuses années. Il va aussi détruire des greniers jugés trop petits, mais qui seraient bien utiles à d’autres. Il ne pense qu’à lui, qu’au temps présent, sans prendre en compte la mort, de sa propre mort qui peut arriver aujourd’hui même. Cet homme se révèle insensé, il a manqué d’intelligence sans s’assurer un bonheur solide.
Le dernier verset conclut : il faut s’enrichir en vue de Dieu !
Cette parabole illustre la sagesse de Jésus : la vie d’une personne n’est pas assurée par ses richesses matérielles. Celles -ci font oublier que c’est Dieu qui donne la vie à chaque instant, et que tout ce que nous possédons ne vaut rien en comparaison de son amour ; car l’amour seul est vainqueur de la mort.