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Saint Denis, prédication de Paul

Pierre de Cortone, 1596-1669, Ananie redonne la vue à Paul, vers 1631, Posquoson, Virginia.
Pierre de Cortone est un peintre et architecte romain (époque du Bernin et de Borromini) à l’époque baroque.
Il réalise cette peinture peu avant les fresques qui firent sa réputation au palais Barberini : « La gloire des Barberini , ou le triomphe de la divine providence ».
Dans sa peinture Pierre de Cortone privilégie le récit animé par de nombreux personnages et des scènes secondaires.
La scène est située devant un temple antique circulaire appréciée qui a inspiré la nouvelle architecture baroque. L’architecture antique est à moitié cachée par un imposant nuage lumineux bordé d’angelots, qui met en scène l’Esprit Saint. Ce style de représentation de l’Esprit Saint, colombe volant et envoyant ses rayons lumineux vers les hommes sur terre, et associé aux personnages célestes soulignant la gloire de Dieu.
La composition est bien théâtrale. En haut le ciel donne l’éclairage divin, « fond de scène » avec les constructions et des arbres et un ciel d’un bleu soutenu donnant de la profondeur au tableau.
Devant de nombreux personnages, un palefrenier tient le cheval de Paul, un soldat soutient Paul ayant perdu la vue. Le premier plan est occupé par les deux protagonistes : Paul et Ananie
A droite se présente en avant la très belle figure d’un jeune serviteur apportant une collation sur un plateau d’argent, belle nature morte qui étincelle.
Les couleurs sont vives, Paul est encore vêtu de son habit de citoyen romain et sa belle cape rouge vif, il est l’image de l’homme encore imbu de sa gloire, dans la société romaine et pharisienne. Ananie, qui a reçu de Dieu la mission de signifier à Paul sa nouvelle vie d’annonceur de la Bonne Nouvelle qui lui a été révélée, se présente comme un vieil homme vêtu d’une tunique jaune, humble et plein de sagesse. Il se penche vers Paul, lui impose les mains pour qu’il recouvre la vue, qu’il sorte de l’aveuglement qui guidait ses actes jusqu’alors. Ainsi Paul va changer de vie et prêcher la Bonne Nouvelle de Jésus dont il persécutait les adeptes.
Le texte biblique
Vous avez certainement entendu parler de l’activité que j’avais dans le judaïsme : je menais une persécution effrénée contre l’Église de Dieu, et je cherchais à la détruire.
J’allais plus loin dans le judaïsme que la plupart des gens de mon peuple qui avaient mon âge, et, plus que les autres, je défendais avec une ardeur jalouse les traditions de mes pères.
Mais Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma mère, dans sa grâce il m’avait appelé,
et, un jour, il a trouvé bon de mettre en moi la révélation de son Fils, pour que moi, je l’annonce parmi les nations païennes. Aussitôt, sans prendre l’avis de personne,
sans même monter à Jérusalem pour y rencontrer ceux qui étaient Apôtres avant moi, je suis parti pour l’Arabie ;
de là, je suis revenu à Damas.
Puis, au bout de trois ans, je suis monté à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre, et je suis resté quinze jours avec lui.
Je n’ai vu aucun des autres Apôtres sauf Jacques, le frère du Seigneur.
En écrivant cela, je ne mens pas, je vous le déclare devant Dieu.
Ensuite, je me suis rendu dans les régions de Syrie et de Cilicie.
Mais pour les Églises du Christ qui sont en Judée, mon visage restait inconnu ;
elles avaient simplement entendu dire ceci : « L’homme qui nous persécutait naguère annonce aujourd’hui la foi qu’il cherchait alors à détruire .
Et ces Églises rendaient gloire à Dieu à mon sujet.
Galates 1, 13-24
Commentaires
Ce passage est bien délimité, entre l’autrefois où Paul persécutait les chrétiens et le maintenant où il annonce la foi qu’il dévastait. Les Galates ont connu ce comportement de Paul, et sa transformation radicale.
Paul rappelle à ses auditeurs le changement qui s’est opéré en lui, que chacun a pu constater. C’est ce changement qui lui permet de se qualifier apôtre. Avant sa venue à la foi au Christ, Paul voulait détruire l’Église de Dieu, il montrait un zèle très grand pour les traditions des pères, dans le courant des pharisiens, et donc à persécuter l’Église.
Paul veut montrer son indépendance par rapport à ceux qui l’ont précédé dans l’apostolat car toute son activité est liée à la rencontre du Ressuscité. Sa mission dépend de la seule initiative de Dieu.
Il se place dans le prolongement des grands prophètes de l’histoire d’Israël, Isaïe ou Jérémie. Il décrit sa vocation dans des termes empruntés au livre de Jérémie (1, 5) et du prophète serviteur d’Isaïe (49, 1). En dépendance de Jésus Christ Paul accomplit ce que le serviteur d’Isaïe préfigurait, ce serviteur envoyé « pour rassembler le peuple et être lumière des nations (Isaïe 49, 6).
Tout au long de la vie d’Israël, Dieu a mis à part ceux qu’il appelait à une tâche particulière. Paul a été choisi dès le ventre de sa mère ; et pourtant une rupture extraordinaire s’est produite dans sa vie… « quand Dieu a jugé bon de révéler son Fils en moi » ! Paul a brutalement découvert que celui qu’il persécutait était le Fils bien aimé de Dieu ; plus encore cette révélation est aussi la découverte de sa propre mission : c’est en lui, à travers lui, que Dieu veut révéler son Fils aux nations païennes, c’est-à-dire à tous les hommes au delà des limites du peuple juif. Paul est devenu témoin de la grâce de Dieu qui lui confie une tâche, annoncer aux hommes l’Evangile, la Bonne Nouvelle du Fils, leur annoncer de ce fait même qu’ils sont tous appelés à entrer dans cette filiation, à devenir fils à leur tour.
L’insistance de Paul sur l’indépendance de sa mission peut nous surprendre : il ne dépend d’aucune autorité humaine, il a été envoyé par Dieu seul. Elle s’explique par la situation difficile que Paul vit en Galatie. Comme il n’a pas connu Jésus dans les jours de sa vie terrestre, certains missionnaires chrétiens ont cherché à le disqualifier auprès des Galates. Ils prêchent du même coup un retour à des pratiques juives. Paul refuse ! Dieu a envoyé son Fils pour tous les hommes, juifs ou païens sans discrimination, et Paul est l’apôtre des païens. Aussi est-ce avec prudence, qu’il a fini, concède-t-il, par consulter Pierre à Jérusalem et par rencontrer Jacques. Il veut affirmer l’unité de sa prédication avec celle des apôtres de Jérusalem, mais il ne veut pas que la mission aux païens soient considérée comme inférieure à la mission auprès du monde juif.