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Centre d'enseignement de théologie à distance

Saint François d’Assise, les plaintes de Job

William Blake (1757-1827) , Job réprimandé par ses amis, illustration du livre de Job (1826) aquarelle, 182, Pierpont Morgan Library, New York, USA

 

William Blake est considéré comme une figure éminente tant de la poésie et des arts visuels de l’époque romantique en Angleterre.

Formé dès son jeune âge à la gravure, Blake a pu donner à son dessin la précision de l’exécution et la finesse du trait, en opposition avec le style pictural alors en faveur à la Royal Academy qu’il a rejetée dès 1780. Contrairement à ses contemporains Blake ne  dessina jamais d’après nature, peignit rarement des portraits, des paysages ou des scènes de genre. Ses thèmes de prédilection furent toute sa vie des figures allégoriques inspirées notamment de la Bible.

Il écrivit nombre de poèmes dans un style obscur et désespéré, considérant la création du monde comme un mal, mais plus tard Blake découvrit une force, source de vie dans le Christ rédempteur. Il accueillait tout ce qui touchait à l’infini, imagination, inspiration, génie poétique, foi.

A la fin de sa vie Blake, il a alors 65 ans, peignit une série d’aquarelles (21 illustrations) pour le livre de Job (gravées de 1823 à 1825) ,utilisant le texte comme illustration de sa propre philosophie tournée de plus en plus vers la notion de pardon. Blake regardait ses dessins comme des « visions d’éternité ». Loin d’être vague et imprécise, cette notion de vision pour lui s’harmonisait à la clarté et à la minutie d’exécution. En effet, bien plus tard, Ruskin appréciera ces illustrations du livre de Job où les gravures sont les plus finies, et ira même jusqu’à comparer Blake à Rembrandt.

Notre aquarelle montre Job réprimandé par ses amis, qui le pointent du doigt agressivement, tandis que lui, à genoux, les mains en prière, regarde au loin vers un Dieu pour qui il « s’époumonne » (Jb 12,4), à qui il demande une réponse à ses souffrances.

Sous les terribles doigts accusateurs qui se superposent traversant la moitié de l’espace, Job à genoux est à la fois décharné et relevé, il dresse son torse et sa tête vers le ciel, défendant sa cause et aspirant à une « résurrection ».

Le texte biblique

« Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi,vous du moins, mes amis,car la main de Dieu m’a frappé.

 Pourquoi vous acharner contre moi, comme Dieu lui-même ?Ne serez-vous jamais rassasiés de me mordre ?

 Je voudrais qu’on écrive ce que je vais dire,que mes paroles soient gravées sur le bronze

 avec le ciseau de fer et le poinçon,qu’elles soient sculptées dans le roc pour toujours :

 Je sais, moi, que mon libérateur est vivant,et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts ;

avec mon corps, je me tiendrai debout,et de mes yeux de chair, je verrai Dieu.

 Moi-même, je le verrai,et quand mes yeux le regarderont,il ne se détournera pas. »

Job 19,21-27a

Commentaires

Le livre de Job, poème didactique en prose, est un livre difficile, c’est une méditation sur la souffrance, l’énigme de la souffrance injuste. Le livre propose aussi une réflexion sur les voies de Dieu, une tentative de l’homme en désarroi pour se situer par rapport au Dieu saint et tout puissant. Les problèmes majeurs du croyant sont évoqués, le mystère du mal et de la souffrance, la rencontre de Dieu jusque dans l’échec apparent de toute réussite humaine, les difficultés du dialogue avec l’homme qui souffre, et enfin le sens de la vie elle-même qui doit intégrer la perspective de la mort.

Notre passage est intéressant, comprenant tant une plainte de Job vis à vis de Dieu, dont il parle à la 3e personne («il »), qu’ un message d’espérance.

Juste avant le verset qui commence notre texte, Dieu a « violé » le droit de Job et l’a rejeté. Job est enfermé « dans le filet de Dieu », le silence et les ténèbres autour de Job s’épaississent. Dieu a arraché toute espérance. Job ne voit que l’injustifiable inimitié de Dieu et il ne reste plus qu’à mendier sans conviction auprès de ses amis la pitié que Dieu lui refuse.

Mais si ses amis ne se sentent pas partie prenante de son drame, Job, lui, se veut solidaire de la souffrance de tous les innocents à venir et réclame que ses paroles soient sculptées pour toujours sur le roc. Il envisage un instant de s’en remettre au jugement de la postérité. Mais il abandonne aussitôt cette solution illusoire, parce que sa foi lui ouvre une meilleure voie.

Il sait que son libérateur est vivant … Qui est ce libérateur, ce « racheteur » (littéralement, celui qui rachète), ce rédempteur, attendu par Job, quand va-t-il intervenir ?

Un ange protecteur ? Ou bien est-ce Dieu lui-même : « je verrai Dieu » dit Job lui-même. Ce libérateur est debout, il se dresse sur la poussière des morts, il est vivant, des caractéristiques qui sont le plus souvent appliquées à Dieu.

Job espère voir l’intervention de Dieu, c’est là tout son espoir, voir Dieu.

Job ne sait ce qui se passera après sa mort, mais il sait que Dieu est vivant, puissance de vie et de salut et que dès maintenant Dieu veut se conduire en rédempteur, en ami éternel.

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