En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
le carême avec Ch de Chergé 4 : l’eucharistie
Saint Austremoine d'Issoire, chapiteau de la Cène, 12e (polychromie du 13e, restaurée au 19e)
Cette église appartenait à un monastère bénédictin, les chapiteaux du chœur, reprennent les épisodes de la passion du Christ.
La Cène est le chapiteau le plus connu de cette église (même un timbre poste en a été fait!). Sa principale originalité réside dans le fait que la table épouse la forme circulaire de la corbeille du chapiteau.
La table n'a pas de pied est recouverte d'une nappe. Assis devant elle, figurent les douze apôtres et le Christ qui pose la main sur l'épaule de saint Jean dont le tête est appuyée sur sa poitrine.
La représentation est traitée de façon réaliste.
la palette des couleurs est chaude, faite de rouges sombres, d'ocre et d'or, avec un rappel d'art oriental. Un seul apôtre n'a pas de nimbe, c'est Judas. Chaque face du chapiteau contient trois personnages, mais Judas est placé dans un angle, brisant ainsi l'harmonie de l'ensemble du banquet eucharistique. Sa main tendue tient le morceau de pain qui signifie sa trahison .
Le texte biblique
« Le soir venu, il était à table avec les Douze. Pendant qu'ils mangeaient, il dit : « En vérité, je vous le déclare, l'un de vous va me livrer. « Profondément attristés, ils se mirent chacun à lui dire : « Serait-ce moi, Seigneur ? « En réponse, il dit : « Il a plongé la main avec moi dans le plat, celui qui va me livrer. Le Fils de l'homme s'en va selon ce qui est écrit de lui ; mais malheureux l'homme par qui le Fils de l'homme est livré ! Il aurait mieux valu pour lui qu'il ne fût pas né, cet homme-là ! « Judas, qui le livrait, prit la parole et dit : « Serait-ce moi, rabbi ? « Il lui répond : « Tu l'as dit ! « Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit ; puis, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. « Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés. Je vous le déclare : je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le Royaume de mon Père. « Après avoir chanté les psaumes, ils sortirent pour aller au mont des Oliviers. »
Mt 26,20-30
Commentaires
Je sais aussi des sœurs et des frères qui, s'associant à la démarche de jeûne propre au ramadan, ont découvert l'eucharistie.
Quand ils peuvent , ils célèbrent celle-ci au milieu du jour, lui donnant toute la place du repas de midi, de telle manière qu'elle soit vraiment « le pain de ce jour », nourriture unique et vivifiante du corps comme de l'esprit. Il est clair que, selon la lettre de la tradition rituelle musulmane, ils ne font pas le ramadan puisque la communion suffit à « casser le jeûne », selon l'expression consacrée. Pour autant ils sont proches de ces croyants de l'islam qui s'efforcent de savourer la Parole et la Présence de Dieu tout au long du jour. Et ils s'exposent à l'étonnement de découvrir tout le réalisme de cette nourriture et de cette boisson que nous serions postés à considérer comme purement symboliques. Dans la foi, ils prennent au mot celui qui se livre à nous comme « le vrai pain des forts ». Le ramadan aura été pour eux le canal providentiel de ce surcroît de confiance. Impossible ensuite de ne pas vivre toute eucharistie un peu différemment. Certaines fois on préfèrera jeûner tout le jour et rompre le jeûne, le soir venu, en communiant au « festin du royaume ». Une façon exigeante de remettre en valeur la tradition ancienne du jeûne eucharistique. »
Ch de Chergé, Sept vies pour Dieu et l'Algérie, Bayard édition /Centurion, 1996