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Centre d'enseignement de théologie à distance

Vendredi saint

 

Pietro Lorenzetti, frère d’Ambrogio, actif à Sienne de 1306 à 1344, Christ de pitié 1340-1345. musée d’Altenbourg (Thuringe)

Pietro et Ambrogio Lorenzetti dominent avec Duccio et Simone Martini, l’école siennoise dans la première moitié du 14e siècle. Pietro fut chargé de peindre les scènes de la Passion du Christ du transept gauche de la basilique inférieur d’Assise  et reçut de nombreuses commandes pour des églises de Florence.

Le thème iconographique du Christ de pitié est un terme conventionnel pour représenter de le Christ dénudé, descendu de croix, mais debout, les yeux clos et les avant-bras croisés devant la poitrine, parfois seul à mi-corps dans la cuve funéraire, parfois soutenu par un ou des anges, ou par Marie et saint Jean. Le thème est d’origine byzantine et n’est pas antérieur au 13e siècle.

Sur ce panneau de triptyque, l’encadrement en pointe est décoré d’un faux marbre taché de veinures rouges, vertes et blanc ivoire et en bas on peut lire la signature du peintre «écrite en larges lettres gothiques dorées.

L’image de Jésus se détache sur le fond noir qui symbolise le sépulcre. Le Christ est représenté à mi-corps, marqué des blessures de la passion. Le Christ semble souffrir encore et pourtant il a déjà traversé la mort : ses pieds et ses mains sont percés et son coté ouvert. Les plaies sont bien visibles, la tête est penchée sur l’épaule droite, les mains croisées. Les yeux et les lèvres sont entrouverts. Son auréole couvre la partie supérieure du cadre.

L’attention portée à l’anatomie dans la figure du Christ, à la matière elle-même et aux jeux illusionnistes du sépulcre de marbre sont propices à la méditation sur la souffrance glorieuse du Christ, annoncée par celle du serviteur d’Isaïe.

Le texte biblique

 

Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ;
il montera, il s’élèvera, il sera exalté !La multitude avait été consternée en le voyant,
car il était si défiguré
qu’il ne ressemblait plus à un homme ;
il n’avait plus l’aspect d’un fils d’Adam.
Et voici qu’il consacrera une multitude de nations ;
devant lui les rois resteront bouche bée,
car ils verront ce qu’on ne leur avait jamais dit,
ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler

Qui aurait cru ce que nous avons entendu ?
A qui la puissance du Seigneur a-t-elle été ainsi révélée ?
Devant Dieu, le serviteur a poussé comme une plante chétive,
enracinée dans une terre aride.
Il n’était ni beau ni brillant pour attirer nos regards,
son extérieur n’avait rien pour nous plaire.
Il était méprisé, abandonné de tous,
homme de douleurs, familier de la souffrance,
semblable au lépreux dont on se détourne ;
et nous l’avons méprisé, compté pour rien.
Pourtant, c’étaient nos souffrances qu’il portait,
nos douleurs dont il était chargé.
Et nous, nous pensions qu’il était châtié,
frappé par Dieu, humilié.
Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé,
c’est par nos péchés qu’il a été broyé.
Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui,
et c’est par ses blessures que nous sommes guéris.
Nous étions tous errants comme des brebis,
chacun suivait son propre chemin.
Mais le Seigneur a fait retomber sur lui
nos fautes à nous tous.
Maltraité, il s’humilie,
il n’ouvre pas la bouche :
comme un agneau conduit à l’abattoir,
comme une brebis muette devant les tondeurs,
il n’ouvre pas la bouche.
Arrêté, puis jugé, il a été supprimé.
Qui donc s’est soucié de son destin ?
Il a été retranché de la terre des vivants,
frappé à cause des péchés de son peuple.
On l’a enterré avec les mécréants,
son tombeau est avec ceux des enrichis ;
et pourtant il n’a jamais commis l’injustice,
ni proféré le mensonge.
Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur.
Mais, s’il fait de sa vie un sacrifice d’expiation,
il verra sa descendance, il prolongera ses jours :
par lui s’accomplira la volonté du Seigneur.

A cause de ses souffrances,
il verra la lumière, il sera comblé.
Parce qu’il a connu la souffrance,
le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes,
il se chargera de leurs péchés.
C’est pourquoi je lui donnerai la multitude en partage,
les puissants seront la part qu’il recevra,
car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort,
il a été compté avec les pécheurs,
alors qu’il portait le péché des multitudes
et qu’il intercédait pour les pécheurs.

Is 52,13-53,12

Commentaires

 

La liturgie nous offre de lire un des quatre textes du livre d’Isaïe, souvent appelés « poèmes du serviteur ».

La seconde partie du livre d’Isaïe, appelé le « livre de la consolation », (Is 49-55) met en scène un mystérieux personnage sous la figure d’un prophète que Dieu nomme son serviteur ; il représente parfois Israël tout entier, parfois la minorité consciente et convertie, parfois un prophète qui porte seul le poids de la rédemption. Sa patience et son humilité le rendent capable d’offrir sa vie et d’accomplir par sa souffrance le dessein du Seigneur : rendre justes les pécheurs de toutes les nations,

Dans ce quatrième chant, c’est le Seigneur lui-même qui parle, il parle de « son serviteur », dont on apprendra plus loin qu’il est mort. Le Seigneur annonce que son serviteur sera haut placé, élevé, exalté. Cela est surprenant car ces adjectifs avaient été utilisés pour dénoncer l’orgueil des chefs qui se glorifient eux-mêmes (2,12-15), et pour affirmer que Dieu seul est Roi, lui qui s’est manifesté au prophète dans le Temple de Jérusalem assis sur un trône haut et élevé (6,1). Ainsi les foules qui avaient été horrifiées devant un homme humilié, seront-elles émerveillées  devant la grandeur donnée au serviteur, puisque c’est lui qui consacrera une multitude de nations. Cela rappelle le récit de l’onction de David par le prophète Samuel (2 S 16,7).

Dans la seconde partie du texte, des personnages prennent la parole en disant « nous ». Qui est ce « nous » : les rois et les nations dont il était question précédemment et qui restaient bouche bée ? Ou bien ce nous représente-t-il le groupe des juifs exilés, ou bien encore tous les peuples ? Le texte aurait alors une portée universelle.

La déchéance du serviteur et le mépris dont il a été l’objet sont clairement décrits. Mais tout à coup cette détresse change de sens pour ceux qui le contemplent : ils comprennent soudain que serviteur n’est pas puni par Dieu, le serviteur n’était pas coupable. Au contraire ils découvrent leurs propres fautes ; ce sont eux les coupables, et cependant Dieu ne les accuse pas. C’est le serviteur qui porte leurs souffrances, pour leur guérison et leur « paix », pour qu’ils soient pardonnés et rendus justes. Ceux qui étaient comme un troupeau dispersé et perdu peuvent espérer grâce à lui une autre destinée.

Alors l’auteur médite sur la destinée du serviteur lui-même. Le serviteur, abattu comme un agneau innocent, est mort, il a été enterré comme un maudit (parmi les riches) malgré son innocence. Mais le Seigneur a aimé ce souffrant, il a accueilli sa mort comme un de ces sacrifices qu’on offrait pour le salut du peuple. Sa mort sera à la fois le salut des autres et l’ouverture pour lui du bonheur parfait ; présenté sous l’image traditionnelle de la longue vie avec une grande descendance.

Puis l’auteur redonne la parole au Seigneur. La multitude sera « justifiée », elle était pleine de péchés, et elle devient juste aux yeux de Dieu grâce au sacrifice total du serviteur qui s’est chargé de tous les péchés.

Le serviteur lui-même recevra lui aussi un héritage, une multitude lui sera donnée : la multitude des hommes désormais lui appartient.


 


 

POUR PROLONGER PRIONS


 


 


 

Seigneur nous contemplons ta souffrance, ta misère, c’est pour nous que tu t’es fait obéissant jusqu’à la mort, une mort infâme sur la croix. Donne nous de découvrir ton immensité d’amour pour nous, de croire en ce passage obligé que tu nous as enseigné, de voir ta résurrection et le salut que tu promets.


 

Seigneur Dieu, ton amour est sans mesure, soutiens nous dans les épreuves comme tu as soutenu Jésus dans sa marche libre vers la Croix.Viens à notre secours malgré notre pauvreté, nos difficultés à suivre Jésus, donne nous de connaître cette condition d’homme nouveau à laquelle nous aspirons.


 


 

Ce bois de la croix, élevé haut sur la colline du Golgotha, vu de tous, vu comme une infamie. Donne nous de croire que ce bois deviendra arbre de vie. Donne nous de comprendre cette immensité du mystère de la croix. Mort où est ta victoire ?


 


 


 


 


 

Il reçut des soufflets sans nombre de la part de ses insulteurs.

Lui qui chaque jour arrache de la main du vieil ennemi les âmes captives.

Il ne détourna point son visage des crachats de la perfidie,

Lui qui lave les âmes dans l’eau salutaire.

Il accepta sans mot dire la flagellation,

Lui qui par son intercession nous délivre des supplices sans fin.

Il endura les mauvais traitements,

Lui qui veut bien nous faire participer parmi

les chœurs des anges, à la gloire éternelle.

Il ne se refusa point au couronnement d’épines,

Lui qui nous sauve des blessures du péché.

Il accepta dans sa soif l’amertume du fiel,

Lui qui se prépare à nous enivrer d’éternelles délices.

Il a gardé le silence sous l’outrage de l’adoration dérisoire des bourreaux,

Lui qui a pour nous supplié son Père, bien qu’il fût son égal par la divinité.

Il en est venu à subir la mort, Lui qui était la Vie,

Et qui était venu l’apporter aux morts.



 

Saint Grégoire le Grand


 


 

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