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Centre d'enseignement de théologie à distance

L’apparition à Marie Madeleine

 Benozzo Gozzoli (1420/1424-1497), couvent saint Marc, Florence.

 

 

 

La cellule n° 1 du couvent saint Marc de Florence, sans doute celle du maître des frères lais, est ornée d'un "Noli me tangere", probablement exécuté par Benozzo Gozzoli, le principal assistant de Fra Angelico.

Les fresques du couvent saint Marc ont été exécutées pour soutenir la prière du moine qui occupe la cellule.

Madeleine et Jésus sont représentés dans un magnifique jardin florentin comme les artistes de cette première renaissance les représentaient. Les silhouettes des arbres se détachent sur un ciel uni. Le jeu des différents plans est très marqué, souligné par l’arcade, la haie au milieu du jardin. Le sol est jonché de fleurs minutieusement peintes. Parmi elles le peintre a figuré quelques touches rouges, veulent-elles évoquer les blessures de stigmates de la Passion du Christ, laissées sur la terre ?

Le Christ est en effet représenté avec un corps glorieux, léger, blanc. Ses pieds sont encore marqués par les clous et reposent à peine sur le sol. Il porte l’outil du jardinier avec un grand manche en bois qui paraît bien léger, si l’on pense au lourd fardeau qu’était la croix.

Madeleine au contraire a une présence bien réelle, toujours délicate, mais bien corporelle. Elle est agenouillée devant Jésus-jardinier qu’elle veut approcher. Elle sort de la grotte où elle n’a pas trouvé le corps de Jésus mort.

Les fresques de Fra Angelico et de ses disciples, comme la plupart des peintures sacrées du XVème s., respectent les catégories émotionnelles des prédicateurs de l’époque. 

Le texte biblique

  Marie Madeleine restait là dehors, à pleurer devant le tombeau. Elle se penche vers l'intérieur, tout en larmes,

  et, à l'endroit où le corps de Jésus avait été déposé, elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l'un à la tête et l'autre aux pieds.
  Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé le Seigneur mon Maître, et je ne sais pas où on l'a mis. »
 Tout en disant cela, elle se retourne et aperçoit Jésus qui était là, mais elle ne savait pas que c'était Jésus.
  Jésus lui demande : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le gardien, elle lui répond : « Si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et moi, j'irai le reprendre. »

 Jésus lui dit alors : « Marie ! » Elle se tourne vers lui et lui dit : « Rabbouni ! » ce qui veut dire : « Maître » dans la langue des Juifs.
 Jésus reprend : « Cesse de me tenir, je ne suis pas encore monté vers le Père. Va plutôt trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »
18  Marie Madeleine s'en va donc annoncer aux disciples : « J'ai vu le Seigneur, et voilà ce qu'il m'a dit. »

Jn 20, 11-18

Commentaires

 Marie Madeleine est à la recherche du corps de Jésus, elle appelle Jésus « mon Maître ou mon Seigneur » tant elle l’aime. Mais déjà nous pouvons entendre là le titre du Ressuscité dans sa divinité ; « Seigneur » en langue grecque est le nom de Dieu.

Elle ne voit pas les êtres qu’elle rencontre, elle est toute à son amour et à sa douleur. Elle passe en vain d’intermédiaire en intermédiaire : les deux disciples qu’elle est allée questionner ne lui ont pas été d’un grand secours. La vue des anges la laisse indifférente. Elle n’y voit pas l’irruption de Dieu dans le monde des hommes. La vue de Jésus  lui-même ne suffit pas à lui ouvrir les yeux, elle voit en lui le jardinier. Cette recherche passionnée de Madeleine rappelle la quête de la bien-aimée du cantique des Cantiques qui cherche celui qu’elle aime sans le trouver (Ct3,1).

Tout le récit souligne la transformation  que la Résurrection a entraîné en Jésus et la nécessité d’une nouvelle façon de s’attacher à lui. Une nouvelle relation qui basée sur l’écoute de la Parole

C’est l’appel de Marie par son nom qui provoque la reconnaissance ; en effet l’évangéliste nous a appris que  « les brebis écoutent la voix du pasteur, car il les appelle chacune par son nom » (10,3). Alors Marie reconnaît le Maître : « Rabbouni », « mon maître », dans la langue des juifs. Puis l’ordre lui est donné d’annoncer cette rencontre qui n’aura plus rien de physique. « Ne me retiens pas », lui dit Jésus, « cesse de me tenir. Jésus homme n’est plus accessible. Après la Résurrection, des yeux d’homme ne peuvent le voir ni le reconnaître. Marie doit devenir la croyante : elle est appelée à croire et à se mettre à l’écoute du Maître qui appelle chacun par son nom pour que nous le suivions.

Jésus envoie Marie  en mission vers ses frères pour leur annoncer qu’il monte vers son Père, vers notre Père. Cette distinction entre mon père et votre père souligne la différence de nature entre celui qui est le Fils unique et les fils adoptifs que nous sommes. Il est le premier-né d’une multitude de frères, le premier dans une montée promise à tous les frères. La promesse du prologue est vraiment réalisée : « il leur a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » (1,12).

Le contenu du message de Pâques n’est pas seulement « Jésus est ressuscité », mais « nous sommes enfants de Dieu ». L’apparition à Marie Madeleine l’envoie en mission proclamer cette Bonne Nouvelle.

 

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