En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
saint Luc
Saint Paul et
ses disciples, entre 1180 et
1200, Plaque, Email
champlevé, Cuivre doré, Metropolitan Museum of Art
Saint Paul au
centre, imposant, l’œil sévère, tout entier donné à sa mission de servir l’Evangile. Il a reçu sa puissance,
sa force du Seigneur qui ne l’a jamais abandonné.
La représentation de Paul est conforme à la description que fait de lui
une œuvre apocryphe du 4ème siècle, les Actes de Paul et de
Thècle : le front dégarni, le crâne puissant et les sourcils rapprochés évoquent l’intelligence ; le
regard contemple l’invisible ; bien entendu ces traits veulent surtout
montrer le caractère de Paul.
Il tient dans ses
mains un long ruban sur lequel est
inscrit les titres de quelques unes de ses épîtres, aux Romains, aux
Corinthiens, aux Philippiens. Six autres plaques réparties dans le monde,
appartiennent à la même série. Il soutient les communautés qu’il a
visitées .
Autour de lui ses
disciples sont tournés vers lui. A sa
droite, un disciple tient un livre,
sans doute Luc, l’ami médecin, fidèle à Paul jusqu’à la fin. Nous souhaitons sa fête aujourd’hui. Tous le
désignent du doigt ou attestent la main levée que ce que dit Paul est juste.
Le texte biblique
Fils bien-aimé, viens me rejoindre le plus vite possible,
car Démas m’a abandonné par amour de ce
monde, et il est parti pour Thessalonique ; Crescens est parti chez les
Galates, et Tite en Dalmatie.
Luc est seul avec moi. Amène Marc avec toi,
il m’est très utile pour le ministère.
J’ai envoyé Tychique à Éphèse.
En venant, rapporte-moi le manteau que j’ai
laissé à Troas chez Carpos. Apporte-moi aussi mes livres, surtout les
parchemins.
Alexandre, le forgeron, m’a fait beaucoup de
mal. Il recevra du Seigneur le salaire de ses actes.
Toi aussi, prends garde à lui, car il s’est violemment opposé à nos paroles.
La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous
m’ont abandonné. Que Dieu ne leur en tienne pas rigueur.
Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que je puisse
annoncer jusqu’au bout l’Évangile et le faire entendre à toutes les nations
païennes.
2 Tm 4,9-17
Commentaires
Les lettres à Timothée et à Tite, dites lettres pastorales, ont été écrites par des disciples de Paul quelques dizaines d’années après sa mort. Elles évoquent de façon particulièrement vivante le travail missionnaire de l’apôtre, dans des circonstances toujours difficiles : ainsi Paul, prisonnier, voit l’hiver arriver, et demande à Timothée de lui apporter le manteau qu’il a laissé à Troas (Ac 20.6) lorsqu’il revenait vers Jérusalem, il demande aussi ses livres et ses parchemins (peut-être s’agit-il de l’Ecriture et des lettres de l’apôtre !).
Nul n’est témoin tout seul ; et Paul a su s’entourer de collaborateurs divers qu’il a envoyés dans les communautés déjà fondées pour les encourager, ou encore pour annoncer plus loin l’Evangile. Après la mort de l’apôtre, ce relais des témoins devient vital pour que l’Eglise continue à grandir. Mais la fidélité de ces disciples est durement éprouvée : ici on voit que les tentations du monde et son hostilité aux chrétiens a des effet désastreux sur le groupe de disciples : Démas a abandonné, il est reparti vers l’Ouest, probablement vers la Gaule, Crescens et Tite regagnent aussi l’Occident. Auprès de Paul restent seulement Luc et Tychique son agent de liaison habituel qu’il envoie à Ephèse pour faire venir Timothée et Marc.
Paul s’est toujours présenté comme modèle à imiter (1 Th 1,6) : ses souffrances pour l’Evangile, ses épreuves lors de son séjour en prison (Phl 1,22-23), tout concourt au service de l’Evangile. Déjà dans sa lettre aux Philippiens, Paul avait comparé le don de sa vie à un sacrifice, ce qui est repris quelques versets avant notre passage : « pour moi, voici que je suis déjà offert en libation et le temps de mon départ est arrivé. J’ai combattu le beau combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » (2 Tm 4,6-8). Aussi Paul demande-t-il à ses disciples de toujours avoir pour première préoccupation, de proclamer la Parole.
Les disciples doivent imiter aussi le courage de l’apôtre : certes Paul se sent seul et abandonné et il demande à Timothée de le rejoindre la plus vite possible. Mais il fait preuve de grandeur d’âme, il ne tient rigueur à personne : par exemple cet Alexandre, un parmi d’autres dont « la foi a fait naufrage » et qui tient des propos impies pour un paulinien (voir 1 Tm 1,20).
Mais dans ses malheurs le Seigneur a toujours soutenu l’apôtre qui continuera à mener le combat de l’Evangile. Voilà le message de Paul à ses successeurs : le Seigneur se tient auprès de ses envoyés, leur donnant puissance et force ; en sorte que la proclamation de l’Evangile soit toujours assurée pour toutes les nations, notamment les non juifs, les nations païennes.