En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Saint Paul apôtre des païens
Beccafumi (1486- 1551) St Paul. 1515 Museo dell’Opera della Metropolitana, Siena
Paul imposant au centre du tableau, vêtu d’une ample tunique rouge, est concentré sur la lecture de l’Evangile qu’il a reçu pour mission d’annoncer aux paIens. De l’autre main il tient une épée, symbole de la parole de Dieu, « tranchante comme un glaive » ! Sa mission lui vient directement du ciel, de Dieu. Il est protégé par la Vierge Marie qui tient Jésus dans ses bras. Les anges dévoilent cette partie du ciel qui s’ouvre pour lui.
Les personnages du fond du tableau évoquent son passé de persécuteur, soldats romains, épée tirée du fourreau.
Et au premier plan, il apparaît terrassé à terre, tel qu’il l’a été lors de l’événement sur la route de Damas. De l’autre côté Paul apparaît gisant la tête coupée.
On a longtemps considéré Beccafumi comme un maniériste toscan : il introduit des brillantes couleurs, comme le rouge imposant de la tunique de Paul . L’opposition des rouges et bleus tout en nuance des tuniques des deux figurations de Paul à terre montre une véritable science du coloris. Rouge et bleu se répondent, tandis que les autres personnages du tableau sont plus neutres. La vie passée de Paul est toujours là mais ce n’est plus cela qui compte.
Cette représentation de Paul est tout à fait originale, par le dessin et les couleurs. Beccafumi évoque l’ensemble de la vie de Paul dans des raccourcis saisissants. L’important c’est sa mission reçue de Dieu qui l’interpelle sur le chemin de Damas ; apôtre de Jésus-Christ, il doit annoncer de l’évangile jusqu’à donner sa vie par le martyre.
Le texte biblique
Vous avez certainement entendu parler de l’activité que j’avais dans le judaïsme : je menais une persécution effrénée contre l’Église de Dieu, et je cherchais à la détruire. J’allais plus loin dans le judaïsme que la plupart des gens de mon peuple qui avaient mon âge, et, plus que les autres, je défendais avec une ardeur jalouse les traditions de mes pères. Mais Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma mère, dans sa grâce il m’avait appelé, et, un jour, il a trouvé bon de mettre en moi la révélation de son Fils, pour que moi, je l’annonce parmi les nations païennes. Aussitôt, sans prendre l’avis de personne, sans même monter à Jérusalem pour y rencontrer ceux qui étaient Apôtres avant moi, je suis parti pour l’Arabie ; de là, je suis revenu à Damas. Puis, au bout de trois ans, je suis monté à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre, et je suis resté quinze jours avec lui. Je n’ai vu aucun des autres Apôtres sauf Jacques, le frère du Seigneur. En écrivant cela, je ne mens pas, je vous le déclare devant Dieu. Ensuite, je me suis rendu dans les régions de Syrie et de Cilicie. Mais pour les Églises du Christ qui sont en Judée, mon visage restait inconnu ; elles avaient simplement entendu dire ceci : « L’homme qui nous persécutait naguère annonce aujourd’hui la foi qu’il cherchait alors à détruire. » Et ces Églises rendaient gloire à Dieu à mon sujet.
Galates 1,13-24
Commentaires
Au début de la lettre aux Galates, Paul qui veut défendre l’authenticité de sa mission évoque sa rencontre avec le Christ et les débuts de sa prédication de l’Evangile.
Il raconte les changements qui se sont opérés en lui, au vu et au su de tout le monde. Il rappelle son passé de persécuteur des chrétiens, alors que maintenant il annonce la foi. Il en parle plusieurs fois dans ses lettres ( 1 Co 15,9 ; Ph 3,6), 1 Tm 1,13 ), il ne cache rien ; il voulait détruire l’Eglise de Dieu partout, et montrait un grand zèle pour la traditions de ses pères, ce qui situe Paul dans la mouvance de courants pharisiens cherchant à appliquer les exigences de la Loi. Il n’avait pas mauvaise conscience, il agissait par zèle pour Dieu. Pour servir Dieu, les fidèles de l’Ancienne Alliance devaient écarter tout ce qui compromet la sainteté et l’honneur divins.
Paul décrit sa rencontre avec le Christ comme une vocation prophétique ; il reprend les mots de la vocation des grands prophètes d’Israël : le prophète serviteur en Isaïe 49 ou encore Jérémie (Jr 1,5). Ces deux prophètes étaient envoyés par Dieu vers les nations, c’est-à-dire vers les païens. Paul se place donc dans la suite de ces deux prophètes, il prend sa place dans l’histoire du salut. De la même manière il été mis à part pour accomplir une tâche particulière.
Paul a un sens très vif de sa responsabilité devant Dieu seul : sa mission d’annoncer l’évangile, il la ressent comme une nécessité intérieure à laquelle il ne peut résister. Aussi affirme-t-il sa parfaite indépendance par rapport à ceux qui l’ont précédé dans l’apostolat ; en effet toute son activité est liée à sa rencontre avec le Christ ressuscité ; sa mission dépend entièrement de l’initiative de Dieu. Ce lien est évident pour Paul : la mission qu’il mène auprès des païens est naturellement ancrée dans l’événement qu’il a vécu à Damas. C’est Dieu qui l’a mis à part dès le sein de sa mère.
Il ne consulte pas ceux qui avaient été apôtres avant lui : cela ne dépend pas d’eux. Et il souligne cela avec une certaine provocation en évoquant les différentes étapes de son itinéraire, voyage en Arabie, retour à Damas, puis montée à Jérusalem pour y rencontrer Pierre, avant de repartir pour la Syrie et la Cilicie.
Pourquoi Paul monte-t-il à Jérusalem ? Certainement il est poussé par la force intérieure du Christ qui veut l’unité de ses témoins ; la mission de Paul ne saurait être authentique s’il ne se met pas d’accord avec les premiers disciples et notamment Pierre. Il rencontre aussi Jacques, le cousin du Seigneur qui est l’homme fort de la communauté de Jérusalem.
Paul souligne la louange que sa mission provoque dans les « églises de Judée », il est lui-même sujet d’action de grâces, mettant en opposition la persécution et l’évangélisation, la foi et la persécution. En moi, dit-il, les communautés glorifiaient Dieu.
Ce chapitre se termine dans la louange de Dieu, l’acteur décisif de toute l’ histoire de Paul.