En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La lampe allumée
Georges de La Tour (1593-1652), St. Matthieu.. 1615-1620. Musée Toulouse-Lautrec, Albi, France
Comme peintre de « nuits », c’est-à-dire de nocturnes éclairés par une source lumineuse artificielle visible dans le tableau, La Tour s’inscrit dans un courant fort ancien de la peinture occidentale.
Cette peinture représentant saint Matthieu, fêté hier, montre l’évangéliste dans l’ombre, avec trois éléments particulièrement éclairés : sa tête, c’est le siège de l’intelligence, Matthieu a reçu le don de connaître les mystères du Royaume, et transmettra, comme les autres évangélistes les paraboles de Jésus pour que les hommes voient sans voir et comprennent sans comprendre ( Lc 8, 10).
La main de Matthieu reçoit aussi un éclairage particulier. Elle est vigoureuse, énergique : c’est elle qui travaille, qui tient la plume. C’est la manière d’agir de saint Matthieu.
Enfin les Ecrits de l’évangéliste sont éclairés. Le livre est très grand, important. Son Evangile est destiné à être lu par tous, divulgué de la manière de plus étendue possible, c’est ce qui importe.
Le reste du tableau est dans l’ombre, Matthieu porte un vêtement marron, les cheveux absents du haut du crâne, tout est fait pour accentuer encore plus les effets lumineux.Le texte biblique
Personne, après avoir allumé une lampe, ne la cache sous un couvercle ou ne la met en dessous du lit ; on la met sur le lampadaire pour que ceux qui entrent voient la lumière. Car rien n’est caché qui ne doive paraître au grand jour ; rien n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour. Faites attention à la manière dont vous écoutez. Car celui qui a recevra encore, et celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il paraît avoir. »
Lc 8, 16-18Commentaires
Chez Luc, les courtes paraboles ressemblent à des proverbes : elles frappent par leur composition binaire où les deux parties de la phrase se répondent. Elles veulent ainsi susciter l’écoute, l’attention et la réflexion.
Celui qui accueille la parole de Jésus comme un secret précieux doit la faire sienne et ainsi il pourra la transmettre à d’autres et être la lumière du monde. Ainsi il lui sera donné une compréhension plus profonde des choses de Dieu.
Jésus rappelle que nous devons faire attention à la manière dont nous écoutons. L’écoute est plus que la simple audition : elle recueille la parole et la fait entrer dans l’esprit et dans la vie ; elle devient ainsi l’occasion d’une nouvelle façon de vivre, d’une nouvelle naissance.
L’image de la lampe suggère ce que doit être la conduite des chrétiens : les actes qu’ils posent doivent être manifestes et éclairer les autres, pour qu’eux aussi puissent entrer dans la vie nouvelle. Car si Dieu a donné aux disciples de connaître les mystères de son royaume (comme il est dit un peu avant notre passage, v. 10), cela ne doit pas rester secret ! La parole de Dieu doit être divulguée par la vie entière de ceux qui l’ont reçue.
Un proverbe populaire disait que ce sont les riches qui s’enrichissent et les pauvres qui s’appauvrissent ! Jésus se sert de ce dicton pour donner son enseignement : plus on accomplit fidèlement ce qu’on a entendu, plus on avance dans la maturité chrétienne. Et moins on le fait, moins la Parole de Dieu est un ferment dans la vie ; la connaissance des mystères du Royaume devient abstraite et sans conséquence sur la vie quotidienne.
Ecouter, méditer, mettre en pratique, témoigner, telle est la forme de toute vie croyante.