En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
L’annonciation
Icone de Annonciation , Couvent du Sinai Ste Catherine, 12e . Marie attentive à la parole de l’ange, le messager de Dieu. Sa représentation est toute élégante, immatérielle, légère, pleine de joie, son geste est exprimé avec une délicatesse extrême, il annonce le salut pour les hommes. Du ciel Dieu envoie son Esprit, symbolisé par une colombe qui vole vers Marie suivant le rayon venu de la main de Dieu. Marie est toute disponible. Elle n’est pas seule, elle est entourée de toue la création, oiseaux, poissons, maison des hommes. La tension dramatique est accentuée par les jeux de reflets, qui animent toute la surface du tableau dont l’équilibre est rompu par la disproportion entre la place occupée par le fond d’or et celle des personnages.
Le texte biblique
Ce texte de l’Annonciation est bien connu et a inspiré de nombreux artistes. Tous ont souligné le visage attentif de Maire. Derrière Marie, Luc rappelle que se profile tout un peuple : des pauvres et des croyants qui attendaient l’intervention de Dieu qui viendrait les relever et leur réouvrir un avenir. La parole de l’ange à Marie : « sois sans crainte », « n’aie pas peur » était déjà la parole de l’envoyé de Dieu, l’ange du Seigneur, dans l’Ancien Testament. A plusieurs reprises, lorsque le peuple était en difficulté, en danger de disparaître, Dieu était intervenu et avait envoyé son ange auprès d’un homme ou d’une femme pour annoncer la naissance d’un enfant, ou pour susciter un sauveur.
En cela Marie représente bien tout le peuple d’Israël ; elle est dite « comblée de grâce », comme cela avait été dit à Jérusalem dans le livre de Sophonie : « Réjouis-toi, fille de Sion, pousse des clameurs d’allégresse ! Ce jour là on dira à Jérusalem : sois sans crainte, Sion, le Seigneur ton Dieu est avec toi » (Sophonie 3,14). Et voilà qu’en cette jeune fille, représentant tout son peuple, Dieu vient habiter au milieu de son peuple !
D’ailleurs les titres que l’ange donne à l’enfant montrent bien qu’il doit réaliser toutes les attentes d’Israël : « le Seigneur lui donnera le trône de David son père, il règnera pour toujours sur la maison de Jacob ». Plus encore, l’enfant reçoit le titre de « fils de Dieu », titre que les Psaumes réservent au roi Messie, et le nom qu’il portera ouvre une perspective d’espérance inouïe, Jésus signifie : « Dieu sauve ».
En effet, celui qui va naître en Marie est aussi le premier-né d’un monde entièrement nouveau ; « l’Esprit saint, dit l’ange, viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » ; les images employées évoquent le récit de la création au début du livre de la Genèse, alors que l’Esprit de Dieu planait sur les eaux, et la nuée évoque la présence de Dieu qui avait caché et sauvé le peuple d’Israël lors de la sortie d’Egypte, pour le faire passer de l’esclavage à la liberté, de la mort à une vie nouvelle.
La virginité de Marie nous dit cette nouveauté absolue, et la totale disponibilité de Marie : Marie est celle qui a laissé advenir en elle la création nouvelle, et qui l’a accueillie pour la donner ou la mettre monde. Dans l’évangile de Luc, Marie apparaît ainsi comme la première des disciples : elle suivra Jésus sur les routes de Galilée et jusqu’à la croix à Jérusalem, car, après la joie et l’émerveillement de la naissance, elle acceptera aussi la douleur et le déchirement de la mort de son fils. On la retrouvera aussi, au début des Actes des Apôtres, présente avec les Onze à Jérusalem, attendant la venue de l’Esprit.
Ainsi Marie est-elle à la jointure de deux peuples : c’est en elle, une fille d’Israël, que les chrétiens reconnaissent le modèle du disciple du Christ ; c’est en elle que les chrétiens reconnaissent la figure de l’Eglise, la communauté de ceux qui croient qu’en son fils, Jésus, Dieu lui-même s’est approché des hommes pour leur ouvrir le chemin d’une vie nouvelle.
Ne peut-elle nous aider à croire qu’un jour la réconciliation des juifs et des chrétiens pourrait être le modèle et le premier pas d’une réconciliation de tous les hommes ? Alors seulement nous formerons « l’homme nouveau », recréé par Dieu à l’image du Christ ressuscité, celui dont saint Paul nous dit qu’il sera « à la taille du Christ dans sa plénitude » (Ephésiens 4,13).
Commentaires
Au lieu d’adopter la vigoureuse simplicité des figures calmes et dignes de cette époque, la composition de cette icône privilégie la complexité d’un mouvement tourbillonnant, d’un raffinement extrême. D’une rare élégance, les figures esquissent des gestes délicats et maniérés (le salut de l’Archange Gabriel). La tension dramatique est accentuée par les jeux de reflets, qui animent toute la surface du tableau dont l’équilibre est rompu par la disproportion entre la place occupée par le fond d’or et celle des personnages.
Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait : ‘la femme stérile’. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. »
Alors l’ange la quitta.
Luc 1,26-38