En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
La joie de La Toussaint
Vassily Kandinsky, 1866-1944, Jour de la Toussaint II, 1911, galerie Galerie Im Lenbachhaus , Munich
Vassily Kandinsky
Vassily Kandinsky est connu pour son art purement abstrait, pour ses théories sur la couleur, la forme et la ligne. Ce qui est moins connu, c’est l’appel profondément personnel et biblique sur lequel sa vie et son art ont été construits.
Vers l’art abstrait
Cette œuvre de Kandinsky vibrante et dynamique est un des premiers pas de l’auteur dans l’art abstrait à travers la couleur et la dynamique des lignes et des formes qui coulent et s’entrechoquent. Des figures à la fois humaines et fantastiques dansent et s’entrelacent.
Les couleurs sont vives et contractées avec des bleus profonds juxtaposés à des jaunes, des rouges et des verts éclatants.
Un tourbillon de couleurs et de formes.
La Toussaint II, avec son tourbillon de couleurs et de formes, semble représenter une célébration joyeuse, évoquant peut-être l’esprit festif de la Toussaint.
La composition du tableau est complexe, on y retrouve du bruit, de la joie, de la victoire, de la lutte, souvent à travers de thèmes bibliques.
La figure de saint Jean, auteur de l’Apocalypse, se tient sur le côté droit.
A ses pieds, se trouve une grande forme bleue qui a été interprétée comme une Bible ouverte où sont représentés des personnages bibliques : Jean-Baptiste tenant sa tête décapitée, trois personnages debout interprétés comme Marie-Madeleine Pierre, et Jean qui ont visité le tombeau vide le matin de Pâques, Devant eux se tient un agneau.
L’identification est plus difficile pour les autres personnages.
Au-delà la la ligne bleue, sont représentées des saints de l’histoire de l’Eglise identifiables ou non .
Au centre on distingue un groupe de personnages qui ressemblent à des bougies au-dessus desquels se tient Marie protectrice.
Dans le centre supérieur du tableau, on voit la cité de l’Homme sur le point de s’effondrer, évoquant le fait que la marche de la foi ne se déroule pas sans souffrance et doit affronter les effets du mal.
En haut à gauche, l’ange souffle dans la trompette un chant triomphal. La trompette vient vers le Roi de bleu vêtu qui élève victorieusement la croix peinte sur un fond jaune éclatant.
Bien d’autres détails mériteraient d’être identifiés ! Comme par exemple Elie sur son char de feu. (au-dessus de la croix)
Lecture de l’évangile selon Matthieu (Mt 5, 1-12a)
En ce temps-là,
voyant les foules, Jésus gravit la montagne.Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Mt 5, 1-12a
Homélie de saint Augustin sur la Toussaint
Dans le ciel il y aura un sabbat éternel ; celui que les juifs célèbrent dans le temps, comprenons-le de celui qui dure toujours. Il y aura un repos ineffable qui ne peut guère être expliqué. Je ne puis en parler, et bien que je ne puisse dire ce qu’il sera, car je ne peux encore le voir, je puis pourtant dire sans crainte ce que nous ferons, car l’Écriture en parle.
Toute notre occupation sera : Amen et Alléluia. Qu’en dites-vous, frères ? Je vois que vous m’avez entendu et que vous êtes dans la joie ! (…)
Je vais donc m’expliquer, si je le puis, et autant que je le pourrai. Ce n’est pas avec des sons qui passent que nous dirons : Amen, Alléluia, mais avec les sentiments de l’âme.
Que veut dire Amen ? Que veut dire Alléluia ? Amen veut dire : « C’est vrai ! », Alléluia veut dire : « Louez Dieu ». Dieu est vérité immuable, sans déclin ni progrès, sans diminution ni augmentation, il ne penche pas vers l’erreur, mais demeure vérité éternelle, constante et toujours incorruptible. Tout ce que nous faisons dans ce monde créé et dans cette vie, c’est comme des figures de cette vérité, accomplies par les mouvements des corps ; nous y marchons par la foi. Lorsque nous verrons face à face ce que nous voyons maintenant en miroir et en énigme, alors ce sera dans des dispositions bien différentes et avec un sentiment d’amour ineffable que nous dirons : « C’est la vérité ! » Et quand nous dirons cela, nous dirons assurément : « Amen », mais avec un rassasiement insatiable, car rien ne nous manquera, nous serons rassasiés ; et comme celui qui ne nous manquera pas nous réjouira toujours plus, nous jouirons, si l’on peut dire, d’un rassasiement insatiable.
Tu seras donc tellement rassasié insatiablement par la Vérité, que tu diras de cette Vérité insatiable : « Amen ! »
À présent, qui pourrait dire « ce que l’œil n’a pas vu, ni l’oreille entendu, ni ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme » ? Lors donc que nous verrons la Vérité sans aucun dégoût, avec une délectation continuelle, et que nous la contemplerons avec l’évidence la plus certaine, embrasés de l’amour de cette vérité, et adhérant à elle par un doux et chaste embrassement, nous la louerons aussi par un tel cri, et nous dirons : « Alléluia ! »
Bondissant en effet dans une louange égale, brûlant d’amour les uns pour les autres et pour Dieu, tous les habitants de cette cité diront : « Alléluia ! » , parce qu’ils diront : « Amen ! ».
Saint Augustin – Sermon 362, 27 28