En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
3. La Transfiguration : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez le »
Giovanni Bellini (1425/33-1516), La Transfiguration du Christ, 1478-1479, Musée de Capodimonte de Naples.
Giovanni Bellini
Cette œuvre maîtresse de Giovanni Bellini a été identifiée comme étant le retable de chapelle familiale de Albert Fioccardo dans la cathédrale de Vicence.
Le trait est vif et anguleux.
La composition est originale, savamment équilibrée, dans laquelle trouvent place des édifices monumentaux le mausolée Théodoric et la basilique saint Apollinaire in Classe de Ravenne, mais aussi des épisodes de la vie rurale. Des fleurs variées et recherchées sortent des rochers du premier plan.
Le Christ transfiguré
La figure monumentale du Christ prend la pose byzantine de l’homme en prière. Il drapé de blanc, et semble irradier une chaude lumière dorée sur les deux prophètes près de lui.
De la peinture émane une atmosphère spirituelle solennelle.
Les trois apôtres
Les trois apôtres aux pieds de Jésus ont des attitudes différenciées.
André regarde tout en s’éloignant,
Pierre au centre lève les yeux vers Jésus et couvre ses mains de son manteau, sans doute signe de respect,
et Jean jeune et bouclé, se couvre aussi les mains semble vouloir se lever.
Le texte biblique
Lecture de l’évangile selon Marc (Mc 9, 2-10)
En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean,
et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.
Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants,
d’une blancheur telle
que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse,
et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole
et dit à Jésus :
« Rabbi, il est bon que nous soyons ici !
Dressons donc trois tentes :
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire,
tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre,
et de la nuée une voix se fit entendre :
« Celui-ci
est mon Fils bien-aimé :
écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour,
ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne,
et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu,
avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,
tout en se demandant entre eux ce que voulait dire :
« ressusciter d’entre les morts ».
(Mc 9, 2-10)
Commentaire
Saint Bernard de Clairvaux :
Je vous le demande, en effet, mes frères, quel est celui d’entre vous qui, à la pensée intime de la vie future, je veux dire de la joie, du bonheur, de la félicité et de la gloire réservée aux enfants de Dieu, pour peu qu’il arrête son esprit à la considérer dans le silence de son âme, ne s’écriera point aussitôt en exhalant, pour ainsi dire, un soupir de bonheur : ” Seigneur, nous sommes bien ici? “
Sans doute ce n’est point dans ce triste pèlerinage où le corps sent le poids de la chaîne, mais c’est dans cette douce et salutaire pensée où le cœur nage en liberté qu’il peut redire ces paroles de Saint Pierre : ” Qui me donnera des ailes comme à la colombe, afin que je puisse m’envoler et me reposer (Ps 54, 7), disait le Prophète ?
Mais vous, enfants des hommes, enfants de celui qui descendit de Jérusalem à Jéricho, oui, ô vous, enfants des hommes, jusques à quand aurez vous le cœur appesanti. Remontez au plus haut de votre cœur, et Dieu sera exalté. Votre cœur, voilà le mont où le Christ se transfigure; montez-y, et vous verrez que le Seigneur a rempli son sanctuaire de gloire (Ps 24, 3).
St Bernard (1090-1153), Sermon sur la Transfiguration