En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Le commandement d’amour
Marc Chagall, 1887-1985, Moise guidant le peuple d’Israël dans le Sinaï après avoir reçu les Tables de la Loi, tapisserie, 1965-1968, Knesset, Jérusalem
L’œuvre tissée de Chagall est moins connue. Après la Seconde Guerre mondiale, installé dans le sud de la France, Chagall s’initie à d’autres techniques que la peinture ou la gravure. L’artiste cherche à étendre ses expérimentations plastiques : la céramique, le vitrail, la sculpture, la mosaïque et la tapisserie mobilisent son énergie.
De son vivant, Chagall voit ainsi « tomber du métier à tisser » 20 tapisseries destinées au décor de bâtiments publics ou à des collectionneurs privés.
Réalisées d’après des œuvres de Chagall, ces tapisseries ont été exécutées en étroite collaboration avec les lissiers de la Manufacture nationale des Gobelins et avec une grande spécialiste de la tapisserie, Yvette Cauquil-Prince, qui a su traduire les compositions de Chagall en respectant la palette originale.
Les premières tapisseries sont tissées à la Manufacture nationale des Gobelins de Paris entre 1965 et 1968. Il s’agit d’un ensemble de trois tapisseries monumentales destinées au hall de la Knesset à Jérusalem.
La tapisserie centrale que nous regardons aujourd’hui, est la plus grande. Elle exprime le lien entre le peuple d’Israël et Dieu, et le rassemblement du peuple d’Israël malgré les épreuves : l’exil, la diaspora, l’holocauste.
Sur la droite, on voit Moïse recevant de Dieu les dix commandements sur le mont Sinaï, l’amour de Dieu étant le premier commandement.
A côté de Dieu en bleu, on voit un village en flamme qui représente l’holocauste.
Puis, sous le nuage on voit à nouveau Moïse en bleu, guidant son peuple vers la terre promise et vers David qui joue de sa harpe (en rouge), peuple qui est appelé à vivre en union d’amour les uns envers les autres.
Le texte biblique
Les pharisiens, apprenant qu’il avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent,
et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve :
« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
Mt 22 34-40
Commentaires
Matthieu relate le climat d’hostilité qui s’installe entre l’Eglise naissante et les pharisiens rescapés de la chute de Jérusalem.
La question posée concerne le plus grand commandement dans la Loi, sujet de préoccupation pour les maîtres juifs d’alors.
Jésus répond en citant le commandement d’amour de Dieu qui engage toute la personne, son cœur, son énergie et ses pensées. C’est le credo fondamental d’Israël, la foi en un Dieu unique
Ce commandement est récité tous les matins et tous les soirs dans la prière du « Shema Israel » :
« Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique.Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6, 4-5)
Jésus rappelle aussi l’amour du prochain mentionné dans le livre du Levitique : « Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ( Lv 19,18), et Jésus considère ce commandement comme semblable au premier.
Ainsi Jésus rappelle qu’il n’y a pas de Dieu sans l’être humain. Sans une rencontre avec l’autre il n’y a pas d’approche possible de Dieu
Le fondement de la loi reste l’amour de Dieu, qui engage tout l’homme, il réalise une relation nouvelle au prochain, reconnu par Dieu.
Toute la Loi est ré-interprétée à travers le double commandement de l’amour, ce qui confirme la liberté prise par Jésus dans son rapport à la lettre de la Loi.