En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, jour 7
Ce qui est aujourd’hui ne doit pas obligatoirement le rester
Jean Marc Nattier (1685-1766) La justice châtiant l’injustice, madame Adélaïde sous les traits de la justice, 1737, coll part
Jean Marc Nattier est un peintre français du 18e siècle. Il connut une carrière brillante et fut chargé de la décoration du palais du Temple à Paris.
Il réalisa sept œuvres dont trois peuvent être aujourd’hui, identifiées, représentant trois des quatre vertus cardinales, la force, la prudence et la justice, que nous admirons ici.
Nattier était spécialiste de portraits allégoriques et il empruntait souvent les caractères des personnages féminins aux dames de la cour.
La figure de la justice est considérée comme ayant les traits de Madame Adélaïde, fille de Louis XV.
Le tableau fut exposé au Salon de 1737, le journal Mercure de France en fait le commentaire suivant :
« A M. Nattier, Peintre de l’Académie Royale, sur un tableau de sa main, qu’on voit depuis peu dans le salon du temple, à Paris, représentant la Justice.
De force et de douceur, quel heureux assemblage
Fait briller ton pinceau dans ce nouvel ouvrage.
Thémis en punissant ce monstre aux yeux hagards,
Intéresse mon âme, attache mes regards ;
De la Divinité j’y reconnais l’image ;
Elle frappe mes sens, elle parle à mon cœur ;
Et pour tribut de mon premier hommage
Je sens qu’en ta faveur
Aujourd’huy son pouvoir vainqueur
A l’amitié dérobe mon suffrage. »
Ce tableau est emblématique du talent de Nattier, son sens aigu de la mise en scène, son art de traiter les carnations des chairs et les tissus des vêtements soyeux.
Le texte biblique
Il élève les humbles, les affligés parviennent au salut ;
il déjoue les astuces des fourbes, empêchés de mener à bien leurs intrigues ;
il attrape les sages à leur astuce, il prend de vitesse le conseil des retors.
Ceux-là, en plein jour, se heurtent aux ténèbres, à midi ils tâtonnent comme en pleine nuit.
Le Seigneur sauve le pauvre du glaive, de leur bouche et de leur main puissante.
Alors le faible renaît à l’espoir et l’injustice se trouve muselée.
Jb 5,11-16
Commentaires
Réflexion
Job, qui menait une vie heureuse, perdit de façon inattendue son bétail et ses serviteurs et connut le cruel chagrin de voir mourir tous ses enfants. Il souffrait mentalement, physiquement et spirituellement. Nous souffrons tous, que ce soit dans notre mental, notre corps ou notre esprit.
Nous pouvons nous éloigner de Dieu et des autres. Nous pouvons perdre espoir. Et pourtant, en tant que chrétiens, nous sommes unis dans la conviction que Dieu est avec nous au milieu de nos souffrances.
Le 11 avril 2021, au Minnesota, Daunte Wright, un Afro-Américain de vingt ans non armé, a été abattu par un policier blanc lors d’un banal contrôle routier. Cet incident s’est produit pendant le procès de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd. Il est facile de céder au désespoir lorsqu’on nous rappelle une fois de plus que nous vivons dans une société fracturée qui ne reconnaît, n’honore et ne protège pas pleinement la dignité humaine et la liberté de tous les êtres humains. Selon le Père Bryan Massingale, éminent expert catholique en éthique sociale et spécialiste de la justice raciale, « la vie sociale est le fait des êtres humains. La société dans laquelle nous vivons est le résultat de choix et de décisions humaines. Cela signifie que les êtres humains peuvent changer les choses. Ce que les êtres humains brisent, divisent et séparent, nous pouvons aussi, avec l’aide de Dieu, le guérir, l’unir et le rétablir. Ce qui est aujourd’hui ne doit pas obligatoirement le rester, en cela résident l’espérance et le défi ». Dans la prière, les chrétiens accordent leur cœur avec le cœur de Dieu, pour aimer ce qu’il aime et aimer comme il aime. L’intégrité dans la prière accorde donc les cœurs de tous les chrétiens au-delà de leurs divisions, pour aimer ce que Dieu aime, qui et comme il aime, et pour exprimer cet amour dans nos actes.
Le Magnificat est le chant de louange dans lequel Marie se réjouit pour toutes les choses que Dieu fait : il rétablit l’égalité en élevant les humbles, répare l’injustice en donnant à manger à ceux qui ont faim et se souvient d’Israël, son serviteur. Le Seigneur n’oublie jamais ses promesses et n’abandonne jamais son peuple. Il est facile de négliger ou sous-estimer la foi de ceux qui appartiennent à d’autres communautés chrétiennes, surtout si ce sont des petites communautés. Mais le Seigneur fait de son peuple un tout en élevant les humbles de sorte que la valeur de chacun soit reconnue. Nous sommes appelés à voir comme il voit et à accorder de la valeur à chacun de nos frères et sœurs chrétiens comme il le fait lui-même.
Défi
Comment pouvons-nous nous rassembler en Christ dans l’espérance et la foi que Dieu « musèlera l’infamie » ?
Prière
Dieu de l’espérance, Aide-nous à nous souvenir que tu es près de nous quand nous souffrons.
Aide-nous à incarner l’espérance les uns pour les autres quand le désespoir s’installe à nouveau dans notre cœur. Accorde-nous le don d’être ancrés dans ton Esprit d’amour quand ensemble nous œuvrons pour éradiquer toutes les formes d’oppression et d’injustice.
Donne-nous le courage d’aimer ce que tu aimes, qui tu aimes et comme tu aimes, et d’exprimer cet amour à travers nos actes. Par le Christ notre Seigneur. Amen.