En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Marie Madeleine
Centre Aletti de Rome, dirigé par Rupnik, posée en 2018 dans l’église Sqaint Nicola de Flüe à Genève.
Cette mosaïque a été réalisée dans le cadre d’une initiative intitulée « chemin de joie », qui a organisé un parcours de mosaïques posées en extérieur pour accompagner le temps pascal au rythme des apparitions du Christ.
Le centre Aletti de Rome a été fondé en 1993 par Jean Paul II ; il est dirigé par Marko Ivan Rupnik. Il est chargéde valoriser la rencontre entre l’Orient et l’Occident chrétiens. Son atelier d’art spirituel a réalisé des oeuvres dans toute l’Europe, au Moyen Orient et en Amérique du Nord et du Sud. Parmi les œuvres les plus connues, la façade de la basilique Notre Dame du Rosaire à Lourdes en France.
Le Centre Aletti a accepté de participer à ce « chemin de joie » parce qu’il semblait une proposition plus pertinente que jamais à une époque où la culture de la mort et du malheur règne en maître, largement inconsciente du fait que ‘si le grain de blé ne meurt pas, il ne porte pas de fruit’, et que le Fils de Dieu est ressuscité parce qu’il est entré dans la mort en tant que fils, confié entre les mains du Père.
Ce panneau représente l’apparition de Jésus à Marie Madeleine. Ils ont le dos tourné, leurs chemins diffèrent, les sols sur lequel ils marchent sont de couleurs différentes. Le seul lien qui les unit est la cape de Jésus, qui, notons-le, est décorée du même galon que celui de la robe de Madeleine.
Madeleine tente de retenir le Ressuscité par le pan de son manteau. Mais Jésus montre le ciel indiquant sa nouvelle mission de Ressuscité. Madeleine prend le chemin inverse, elle est envoyée auprès des disciples pour témoigner de la Résurrection de Jésus et répandre la Bonne Nouvelle.
Sa rencontre avec le Ressuscité est mystérieuse, un événement qui nous invite à entrer dans une relation nouvelle avec Jésus. Comme la Bien-Aimée du Cantique des Cantiques elle a cherché celui que son cœur aime, elle l’a trouvé, et ne veut plus le lâcher .
Le texte biblique
Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ;
c’était encore les ténèbres.
Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle se tenait près du tombeau,
au-dehors, tout en pleurs.
Et en pleurant,
elle se pencha vers le tombeau.
Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc,
assis l’un à la tête et l’autre aux pieds,
à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus.
Ils lui demandent :
« Femme, pourquoi pleures-tu ? »
Elle leur répond :
« On a enlevé mon Seigneur,
et je ne sais pas où on l’a déposé. »
Ayant dit cela, elle se retourna ;
elle aperçoit Jésus qui se tenait là,
mais elle ne savait pas que c’était Jésus.
Jésus lui dit :
« Femme, pourquoi pleures-tu ?
Qui cherches-tu ? »
Le prenant pour le jardinier, elle lui répond :
« Si c’est toi qui l’as emporté,
dis-moi où tu l’as déposé,
et moi, j’irai le prendre. »
Jésus lui dit alors :
« Marie ! »
S’étant retournée, elle lui dit en hébreu :
« Rabbouni ! »,
c’est-à-dire : Maître.
Jésus reprend :
« Ne me retiens pas,
car je ne suis pas encore monté vers le Père.
Va trouver mes frères pour leur dire
que je monte vers mon Père et votre Père,
vers mon Dieu et votre Dieu. »
Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples :
« J’ai vu le Seigneur ! »,
et elle raconta ce qu’il lui avait dit.
(Jn 20, 1.11-18)
Commentaires
« Arrivée au tombeau et n’y ayant pas trouvé le corps du Seigneur, elle crut qu’on l’avait enlevé, et elle l’annonça aux disciples. Ceux-ci vinrent, constatèrent et crurent qu’il en était bien comme cette femme le leur avait dit. Le texte note alors à leur sujet :
« Les disciples s’en retournèrent donc chez eux. » (Jn 20, 10).
Puis il ajoute :
« Marie, elle, se tenait près du tombeau, au-dehors, et pleurait. » (Jn 20, 11).
Voilà qui doit nous faire mesurer la force de l’amour qui embrasait l’âme de cette femme. Les disciples s’éloignaient, mais elle, elle ne s’éloignait pas du tombeau du Seigneur. Elle cherchait celui qu’elle n’avait pas trouvé; elle pleurait en le cherchant, et enflammée par le feu de son amour, elle brûlait du désir de celui qu’elle croyait enlevé. […]
Marie, « tout en pleurant, se pencha et regarda dans le tombeau. » (Jn 20, 11)
Assurément, elle avait déjà vu que le tombeau était vide; elle avait déjà annoncé l’enlèvement du Seigneur. Pourquoi donc se penche-t-elle encore ? Pourquoi désire-t-elle voir à nouveau ? Mais c’est que pour celui qui aime, regarder une fois ne suffit pas, car la force de l’amour augmente la volonté de chercher. Elle a cherché d’abord sans rien trouver; mais parce qu’elle a persévéré dans sa recherche, elle a fini par trouver. […]
« Elle vit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête, l’autre aux pieds de l’endroit où l’on avait déposé le corps de Jésus. » (Jn 20, 12)
[…] Les deux chérubins qui couvrent [de leurs ailes] le propitiatoire[1] se regardent l’un l’autre, le visage tourné vers lui (cf. Ex 25, 0). Chérubin signifie « plénitude de la connaissance ». Que peuvent donc symboliser les deux chérubins, sinon les deux Testaments ? Quant au propitiatoire, il figure le Seigneur incarné, de qui Jean déclare : « C’est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés. » (1 Jn 2,2). […]
Les anges interrogent Marie : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis. Ayant dit cela, elle se retourna et vit Jésus debout, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. » (Jn 20, 13-14)
[…] Parce qu’elle aimait et doutait en même temps, elle le voyait sans le reconnaître; l’amour le lui montrait, le doute le lui cachait.
« Elle, croyant que c’était le jardinier, lui dit : « Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai. » (Jn 20, 15)
Il se pourrait bien que cette femme, tout en se trompant, puisqu’elle prenait Jésus pour le jardinier, ne se soit pas [vraiment] trompée. N’était-il pas pour elle un jardinier de l’âme ? N’est-ce pas lui qui semait au cœur de Marie la semence de son amour, pour y faire pousser de verdoyantes vertus ?
« Jésus lui dit : Marie ! » (Jn 20, 16)
[…] C’est comme s’il lui disait clairement : « Reconnais donc celui qui te reconnaît. » Il fut déclaré à un homme parfait lui aussi : « Je t’ai connu par ton nom. » (Ex 33,12). Homme est notre nom commun à tous, Moïse est un nom propre, et le Seigneur lui affirme à juste titre qu’il le connaît par son nom […] Et parce qu’elle s’entend ainsi appelée par son nom, Marie reconnaît son Créateur et l’appelle aussitôt « Rabboni », c’est-à-dire : « Maître » : il était à la fois celui qu’elle cherchait au-dehors, et celui qui au-dedans lui apprenait à chercher.
« Va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie Madeleine alla annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur et qu’il lui avait dit ces choses. » (Jn 20, 17-18)
Voici que la faute du genre humain est détruite en la source même d’où elle était sortie. Puisqu’au paradis, c’est une femme qui a versé à l’homme [le poison de] la mort, c’est une femme aussi qui, venant du tombeau, annonce la vie aux hommes. […]
Marie, celle dont nous parlons, peut ici comparaître en témoin de la miséricorde divine […] C’est ainsi que le Dieu tout-puissant nous met partout devant les yeux des modèles à imiter, que partout il nous propose des exemples de sa miséricorde. Prenons donc en horreur les mauvaises actions, même celles que nous avons commises. Le Dieu tout-puissant oublie volontiers que nous avons été coupables; il est prêt à compter notre pénitence pour de l’innocence. Si nous nous sommes souillés après les eaux salutaires [du baptême], renaissons par les larmes. […] Notre Rédempteur consolera vos larmes d’un jour par une joie éternelle, lui qui, étant Dieu, vit et règne avec Dieu le Père dans l’unité du saint Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen. »
[1] Dans l’Ancien Testament, le propitiatoire sur l’Arche d’Alliance était aspergé du sang des sacrifices pour le pardon des péchés.
Saint Grégoire le Grand (540-604), pape, Homélie 25 (prononcée devant le peuple dans la basilique de saint Jean, dite Constantinienne)
On peut lire la méditation du CETAD sur cet évangile selon St Jean
Vous pouvez aussi vous inscrire au cours sur l’évangile de Jean, une lecture accompagnée de ce texte magnifique (deux fois quatre semaines), à partir du 20 septembre 2022 (lien)